Bénéfice record, activité en baisse, comment les actionnaires d’Ecobank se serrent la ceinture

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Alors qu’il vient d’annoncer un résultat record pour la deuxième année consécutive, Ecobank Transnational Incorporated (ETI) ne versera pas de dividendes au titre de l’exercice 2019 ; un événement devenu presque ordinaire pour ses actionnaires. L’annulation de l’Assemblée générale du 2 avril 2020 pour des raisons sanitaires a sans doute détendu l’atmosphère, mais la tension et la pression demeurent palpables à l’aune des résultats satisfaisants ou presque du groupe.

Nouveau résultat record, politique de distribution figée

Pour la quatrième année consécutive, les actionnaires du groupe basé à Lomé ne percevront pas de dividendes. Le signal envoyé par le top management d’Ecobank sonne comme un appel à la patience, alors qu’ETI pour justifier le statu quo continue d’évoquer des « facteurs tels que les nouvelles exigences de fonds propres réglementaires auxquelles le groupe est soumis, et la nécessité de constituer un coussin de liquidité pour la holding ». Sevrés de cash, les investisseurs continuent de s’appauvrir, en particulier ceux ayant des visées à court terme. Le résultat net par action a encore régressé cette fois-ci de 5 points, fin décembre 2019.

Bien qu’en 2019, Ecobank ait enregistré un résultat avant impôt atteignant les 405 millions $, un nouveau record, la Banque est encore loin de son objectif de 1 milliard de bénéfice à l’horizon 2021. Certes, les fonds propres se sont dopés passant de 1,7 milliard à environ 1,9 milliard $, soit au total une augmentation de 9%, et le rendement de 16,5% est « tangible », mais ETI qui renonce à retourner l’ascenseur à ses actionnaires dit vouloir jouer la carte de la prudence avec sa trésorerie qui pourtant, s’est à nouveau améliorée de 19 points de pourcentage à 2,5 milliards $.

Recul constant de l’activité

La pondération de la Banque vis-à-vis de ses actionnaires pourrait aussi être motivée par la baisse constante de l’activité. Alors que son résultat a semblé prendre la trajectoire haussière, les comptes du groupe panafricain montrent une contraction de l’activité bancaire pour la deuxième année d’affilée, malgré une stabilisation apparente des crédits accordés à l’économie et des dépôts en progression.

En 2019, les filiales d’Ecobank ont prêté environ 9,3 milliards $ à la clientèle, soit plus de 200 millions $ de plus que l’année précédente.  Les dépôts ont connu une trajectoire haussière passant de 15,9 milliards à 16,2 milliards.

Paradoxalement, le produit net bancaire (PNB) a baissé de 11% à 1,6 milliard $, son plus bas niveau depuis sept ans. Cette situation morose est consécutive aux mauvaises performances des activités d’intermédiaire et des commissions.

Les activités d’intermédiaire ont connu un coup de rhume passant de plus de 929 millions $ à 749 millions, soit une baisse d’un peu plus de 19%. Du côté des commissions, Ecobank ne s’en sort pas si bien. Par rapport à 2018 où le groupe a semblé remonter la pente, les revenus de commissions ont légèrement baissé ; ceux de trading qui avaient performé un an plus tôt, étant restés presque stables.

Une gestion prudente limite la casse

La Banque a réussi à contenir ses coûts fixes et diminuer son exposition aux créances en souffrance. Une précision qu’Ade Ayeyemi, le CEO d’Ecobank n’hésite d’ailleurs pas à vanter. « La mise en œuvre d’une stratégie de redressement agressive sur les prêts non performants donne également des résultats positifs avec des recouvrements nettement plus élevés en 2019 », a déclaré cet ancien directeur de Citibank, le groupe bancaire qui a offert le plus de DG à Ecobank.

Concrètement, le résultat d’exploitation d’ETI en hausse de 15% fin 2019 est surtout porté par des provisions sur créances douteuses qui ont baissé près de trois fois. Presque la même tendance est observée dans les provisions sur les actifs financiers ; une situation exceptionnelle. Ecobank pourrait renouer avec ses vieux démons en 2020, en grande partie à cause de la crise sanitaire liée au covid-19. « Nous avions fait des prévisions pour 2020. Cependant, l’année est devenue extraordinaire et inhabituelle. La pandémie de coronavirus a actuellement un impact social, économique et financier important sur toutes les entreprises et personnes dans le monde », tempère Ade Ayeyemi.

Fiacre E. Kakpo

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