(CROISSANCE AFRIQUE)-L’année 2023 marque un tournant pour la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), affichant des résultats financiers sans précédent. Selon l’Agence Ecofin, sur la base de 35 sociétés, hors le groupe Ecobank, qui ont rendu publics leurs résultats financiers, un bénéfice net global impressionnant de 1007,2 milliards de francs CFA a été enregistré.
Cette performance remarquable est attribuable à 31 sociétés affichant une marge nette globale positive, bien que légèrement tempérée par les pertes de 4 entreprises.
Ainsi, le bénéfice net global actuel représente une augmentation monumentale de 48% par rapport aux résultats des quatre dernières années. Ce pic historique témoigne de la robustesse économique que connaît le marché de la BRVM, porté notamment par les géants de la communication et du secteur bancaire.
Orange, ainsi qu’Oragroup, ont particulièrement dominé les débats financiers, révélant un pan intéressant de la dynamique économique en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo. Bien que les chiffres soient globalement positifs, un ralentissement de la croissance du bénéfice net est observé, passant de 30% en 2021 à seulement 3% en 2023.
Ce tassement de la croissance souligne une certaine prudence ou un ajustement dans les stratégies d’investissement et de gestion des sociétés cotées, qui pourrait être la conséquence de divers facteurs économiques et géopolitiques actuels.
Cette année, malgré l’accroissement des bénéfices net, la progression des dividendes distribués s’établit à 1,2%, un rythme bien plus faible comparé aux années précédentes. Cela reflète une certaine réserve dans la répartition des bénéfices, probablement dans un effort de consolidation des fonds propres ou d’investissement pour de futures expansions.
Aussi, les actionnaires voient donc un rendement de dividende de 7,8% en 2023, légèrement inférieur à celui de l’année précédente, ajustant les attentes en termes de rendements sur investissement. La BRVM se trouve à un carrefour stratégique, avec la nécessité de s’adapter à un environnement économique fluctuant.
La compétition avec des placements alternatifs, exacerbée par la hausse du coût de vie et l’élargissement de l’offre en produits financiers par d’autres institutions, met la BRVM devant le défi de rester attractive pour les investisseurs. La réponse à ce défi réside dans sa capacité à innover et à diversifier ses offres, ainsi que dans l’amélioration de sa communication financière.
Notons que la revitalisation de la BRVM pourrait passer par plusieurs axes : l’attraction de nouvelles entreprises sur sa cote, la capture d’investissements étrangers plus importants, et l’amélioration de la visibilité et de l’accessibilité de l’information financière. Travailler sur ces points pourrait non seulement assurer une croissance soutenue de la BRVM, mais également renforcer son rôle en tant que levier de financement crucial pour l’économie de la région UEMOA.
Zangouna KONE