Covid-19: avec son remède, Andry Rajoelina replace la biodiversité africaine au centre des enjeux

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C’est de l’Afrique, détentrice de 40% de la biodiversité mondiale, qu’un médicament issu d’une plante séculaire menace l’industrie pharmaceutique mondiale dans la course à la prévention et à la guérison du nouveau coronavirus (Covid-19). En effet, 19 avril, le président Andry Rajoelina annonçait qu’un traitement efficace contre le coronavirus a été mis au point par l’Institut malgache de recherches appliquées (IMRA). Dans le monde, le sarcasme dogmatique des premières heures fut remplacé par la stupeur, l’incompréhension. Les médias main stream parlent de ce “prétendu remède” et usent de guillemets.

Il en fallait plus pour décourager Andry Rajoelina, convaincu qu’à travers ce remède, son pays avait un rôle à jouer à l’échelle mondiale pour endiguer le virus. Après avoir évoqué sans le nommer un remède miracle à base de plantes traditionnelles le 8 avril dernier, le président malgache est donc passé à la vitesse supérieure, prenant des risques importants. L’annonce intervenait au terme d’une étude de plus d’un mois mené par une équipe de chercheurs de l’IMRA, avec l’appui du gouvernement malgache et de chercheurs aux Etats-Unis et en Chine qui ont collaboré avec la Grande Ile dans le processus de fabrication de ce traitement.

Après des premiers tests cliniques encourageants, le 20 avril marque ainsi le début de l’administration à l’échelle nationale du « CVO ou Covid-Organics », remède traditionnel amélioré composé d’Artemisia et de plantes médicinales malgaches. L’Artemisia annua est une plante largement utilisée et connue pour son efficacité dans la lutte contre le paludisme, que le Pr Albert Rakoto Ratsimamanga, fondateur de l’IMRA, a été le premier à étudier à Madagascar. Les chercheurs de l’IMRA se sont basés sur les travaux qu’ils mènent depuis des années contre le paludisme pour élaborer le Covid-Organics, alors que les essais cliniques basés sur la chloroquine, autre traitement antipaludique, constituent une autre piste prometteuse à l’échelle internationale.

Très tôt, Madagascar a démarré un protocole de bithérapie basée sur la chloroquine et l’azythromycine en associant avec un traitement préventif et curatif basé sur des plantes médicinales, la population malgache étant adepte de la médecine traditionnelle, ce qui a permis de révéler les vertus de certaines plantes médicinales dans le traitement du coronavirus.

La validation à l’international ?

Pour asseoir la crédibilité de ce remède à l’international, Andry Rajoelina a annoncé le démarrage prochain d’essais thérapeutiques dans des laboratoires étrangers et des négociations sont actuellement en cours en ce sens. Dans l’attente de précisions, ce traitement constitue incontestablement une piste intéressante tant en préventif qu’en curatif. Introduit à Madagascar dans les années 60, l’Artemisia a d’ores et déjà fait ses preuves en Chine et en Afrique contre le paludisme et la Chine l’a utilisée contre le Covid-19. Si les résultats de l’étude malgache sont entérinés à l’échelle internationale, le CVO aurait le double avantage de ne pas nécessiter de chaîne de production lourde et de pouvoir être produit à grande échelle, le pays disposant du plus gros stock d’Artemisia au monde. Cette avancée, à même de chambouler le consensus médical, pourrait bien propulser Madagascar sur le devant de la scène sanitaire internationale et constituer une manne pour le pays.

En attendant, il faut le dire, le laboratoire américain Gilead qui vient d’être conforté par le soutient de l’administration américaine à son remède (Remdesivir) alors que la Chine lui oppose une moue, à la fois scientifique et tactique, basée par des études peu concluantes, n’imaginait pas sans doute que la concurrence viendrait d’un continent qui, ajouté à l’Asie et l’Amérique Latine, possède environ 80% de la biodiversité mondiale. Cette richesse était longtemps spoliée jusqu’au protocole de Nagoya signé le 5 juin 1992 et qui a établi le principe du partage équitable des bénéfices issus de la biodiversité.

En d’autres termes, le paysan de Madagascar doit pouvoir toucher les bénéfices issus des dérivés de sa production. Il en est de même du paysan Burkinabé qui cultive le karité et son homologue du Kivu qui cultive le thé. En effet, le paysan malgache qui cultive de la vanille devrait toucher un pourcentage des fruits de la vente des dérivés (déodorants, désodorisants, glaces etc.) de sa production. L’Occident acculé durant le round des négociations a cédé en son temps parce que son industrie pharmaceutique, agro-alimentaire et cosmétique était menacée d’écroulement.

Le protocole de Nagoya n’a jamais était suivi à cause de la faiblesse des systèmes douaniers et de traçabilité des produits. C’est assurément un agenda que l’Union Africaine doit reprendre en main comme l’ont fait en leur temps, les président Omar Bongo, Houphouët Boigny, Pascal Lissouba ou encore le médecin malgache Albert Zafy sur les conseils avisés de feu Madame Wangari Muta Maathai.

Bref, ce qui se joue actuellement à Madagascar, en RDC et au Cameroun, dans le contexte du covid, n’est rien d’autre qu’une lutte aux immenses ramifications et aux enjeux chiffrés en milliards de dollars. Qui acceptera que la lumière vienne de Madagascar? Le circuit d’homologation des produits pharmaceutiques est contrôlé par ceux la même qui n’ont pas intérêt à ce que l’Afrique s’affirme en superpuissance de la biodiversité.

Pourtant, dans les villages les plus reculés du continent, grâce au savoir traditionnel, les vertus médicinales de chacune des plantes sont connues. Reste à en organiser la conservation du savoir et l’encadrement des traitements, chemin vers la monétisation de cette riche biodiversité. C’est là le sens du leadership du Président Malgache Andry Rajoelina, qu’il ne faut pas réduire au seul médicament Covid-Organics mais placer dans une sorte de prise de conscience africaine de son potentiel et de sa biodiversité. Certes, le chemin est encore long.

Le scepticisme conservateur de l’industrie pharmaceutique mondiale, des académies de médecine du Nord ne doit pas cependant, dans la défense des intérêts souvent mercantiles, trouver des alliés auprès de quelques uns des médecins africains, formés et formatés en Occident et peu au fait d’ailleurs de la médecine traditionnelle africaine.

Faut-il le rappeler, Madagascar a déjà une expertise et une longue tradition de commercialisation des produits de sa biodiversité sur le continent et dans le monde à travers le groupe Homeopharma ou Vaniala, et il n’y a jamais eu de débats sur l’homologation. A l’instar, du Président Tsishekedi de la RDC, de Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud ,de Paul Kagame du Rwanda de Obiang Nguema de la Guinée Équatoriale , de Umballo Cissoco de la Guinée Bissau et du premier ministre Éthiopien Abiy Ahmed, les leaders africains et l’Union africaine devraient se mobiliser derrière le Chef de l’état Malgache sur le principe tout en laissant, nous en convenons, le soin aux études cliniques engagées de donner leurs résultats. Mais de grâce, ne rejetons pas le remède malgache à cause de sa seule africanité.

L’expertise scientifique africaine, notamment celle de l’Academie africaine des sciences (AAS), devrait se mobiliser rapidement pour valider ce médicament selon les règles et les protocoles prévus tout en sachant, comme le professeur Didier Raoult, qu’en temps de guerre, le taux de guérison est certainement la plus éclatante des preuves.

L’enjeu est de taille, le jeune chef d’Etat malgache a compris qu’à travers cette crise, le continent africain joue son positionnement et détient, à travers sa biodiversité, la réponse la moins coûteuse à la pandémie qui secoue l’humanité tout entière.

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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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