Éditorial : une COP chasse l’autre

Date:


Ce mois de décembre, le grand barnum de la Conférence des Parties (COP) a fait escale à Madrid. Initialement prévue à Santiago de Chili, la COP 25 a été in-extremis organisée dans la capitale espagnole.

Ce rendez-vous est crucial pour la planète car cette session sera l’étape ultime pour définir les objectifs-clés de la mise en uvre des directives fixées lors de la COP 21 de 2015. En effet l’Accord de Paris sur le changement climatique, signé et ratifié par plus de 50% des pays participants, se voulait d’abord ambitieuse en matière de réduction de l’émission de Gaz à Effet de Serre (GES), de la limitation du réchauffement climatique à 2°C et des financements pour la lutte et l’adaptation au changement climatique pour les pays en voie de développement. Et surtout, chaque pays signataire s’est engagé à respecter ledit accord qui entrera en vigueur en 2020 ! Or, force est de constater que la COP 25 s’est achevée avec certain un goût d’inachevé. Et plus, les experts du GIEC préconise une limitation de l’augmentation du réchauffement climatique à 1,5°C alors que la trajectoire actuelle nous conduit vers une température de 3,2°C à la fin du siècle.
Peut-on parler encore une fois d’échec de la COP 25 ? Les négociateurs n’ont pas pu obtenir un consensus général sur tous les sujets évoqués. Manque de volonté politique, actions concomitantes des lobbies, absence de leadership. Le contexte politique au Chili a obligé les organisateurs à trouver un autre pays pour accueillir ce Sommet. L’Espagne et le Chili – qui présidait quand même la COP 25 – ont-ils effectués le travail diplomatique préalable à la réussite de ce genre de colloque ?
Finalement, le principal écueil récurrent et consubstantiel de cet exercice – les conférences internationales sur le climat – ne se résume-t-il pas par un paradoxe entre la nécessité et la difficulté d’agir ? Les engagements sont la plupart du temps différés faute de contraintes juridiques ; un vide dans lequel plusieurs États et même de grands acteurs de la mondialisation s’engouffrent au risque de compromettre l’avenir tout entier de la planète. Et pourtant, les fréquences de plus en plus régulières des catastrophes naturelles (inondations, sécheresse, tempêtes…) ainsi que leurs intensités font prendre à tout un chacun de l’épée de Damoclès face à l’urgence qui nous menace. l’action de nouveaux acteurs apportent toutefois une certaine dose d’optimisme. D’abord, les grandes métropoles étasuniennes qui acceptent de maintenir leurs engagements stipulés dans l’Accord de Paris alors que le président Donald Trump n’a eu de cesse de le vilipender et a décidé de désengager les États-Unis en 2017 pour un retrait définitif en 2020. Ensuite, ce brin de fraîcheur apporté par la mobilisation de la jeunesse – sans pousser l’engagement à la façon de la pasionaria suédoise – qui ne cesse d’interpeller les politiques sur l’héritage qui laisseront pour la postérité.
Et l’Afrique me diriez-vous ? 17% de la population mondiale et seulement 4% des émissions de GES. Nous subissons déjà toutes les conséquences économiques et humanitaires de ce changement climatique. Les réfugiés climatiques existent bel et bien. Les intempéries provoquent systématiquement son cortège de drames. Plus de récolte, une habitation détruite et cela veut dire une disette ou pire une exode de la population. Le continent africain attend toujours la concrétisation du Fond Vert pour le Climat [100 milliards USD] depuis la COP 15 de Copenhague en 2009; lequel Fond devrait être alloué dans les projets de développement en direction des pays les plus vulnérables dans les pays du Sud et de leur assurer ainsi une transition vers un modèle de croissance durable. Les délégations africaines ont également fondées leurs espoirs sur l’Article 6 de l’Accord de Paris relatif au marché du carbone. Rappelons qu’il s’agit d’un mécanisme d’échange de droits d’émission de CO², selon le principe du « pollueur-payeur ». En gros, il devait avoir un prix du marché mondial de la tonne de carbone censé générer un financement additionnel pour les projets en direction des pays en développement. Faute de consensus, le sujet sera de nouveau reporté à la COP 26 de Glasgow alors le marché « carbone » doit être effectif début 2020.

Alex ZAKA

croissanceafrik
croissanceafrikhttps://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager:

Populaires

Lire aussi
RELATIFS

SONU-AGRO: une révolution dans l’industrie avicole du Burkina Faso

(CROISSANCE AFRIQUE)-Le Burkina Faso, un pays dont l'économie repose...

Gestion prudente de la dette au Cameroun: Un aperçu de janvier à mars 2024-(Dette)

(CROISSANCE AFRIQUE)-Entre janvier et mars 2024, l'administration centrale camerounaise...

Le marché du blé en Égypte: Perspectives et dynamiques

(CROISSANCE AFRIQUE)-L'Égypte, en tant que principal producteur et consommateur...

Un trimestre prometteur malgré des défis : TotalEnergies en 2024

(CROISSANCE AFRIQUE)- La major pétrolière française a clos le...