Depuis son indépendance en 1960, le Mali a connu des rebellions armées, des coups d´Etat et des crises politiques qui ont occasionné des violations graves de droits humains. C´est dans cette optique que la Commission Vérité, Justice, et Réconciliation (CVJR) a été créée avec le mandat de `contribuer à l´instauration d´une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation et la consolidation de l´unité nationale et des valeurs démocratiques´´. Dans cet esprit, la CVJR a inscrit six (6) audiences publiques portant sur différents thèmes selon la classification des violations commises. La première audience a eu lieu le 08 décembre au Centre International de Conférence de Bamako (CICB). Cette première audience publique avait comme thème
`les atteintes au droit à la liberté´´. En plus du président de la CVJR, M. Ousmane Oumarou Sidibé et du ministre de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale, représentant le président de la république, M. Lassine Bouaré, on notait également la présence des anciens premiers ministres, des chefs d´institution et l´ancien président, Pr Dioncounda Traoré.
A la date du 08 décembre, la CVJR a enregistré plus de 15 000 personnes pour faires le récit de violations de droits de l´homme qu´elles ont subies. Ces personnes ont aussi accepté de partager leur vérité avec la société, dans l´espoir que les pouvoirs publics, les acteurs du processus de paix, et l´ensemble des forces vives de la nation redoubleront leur engagement en faveur de la paix et du respect de la dignité humaine.
Selon le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé, les audiences publiques se tiennent à un moment où le Mali vit une situation sécuritaire des plus difficiles, affectant lourdement la vie des soldats maliens et des civils. Il estime qu´en de telles circonstances, il n´est pas inutile de rappeler que les témoignages des victimes ne visent ni à accuser de tel ou tel régime, ni certains corps de l´Etat spécifiquement, ni des groupes armés en particulier. Mais il s´agit plutôt dans le cadre d´une véritable thérapie collective de susciter une prise de conscience collective, de porter un regard introspectif sur les maliens eux-mêmes, en tant que nation décidée à tirer définitivement les leçons du passé pour aller de l´avant. Pour ce faire, il faut sortir d´une certaine culture du déni de la réalité dans laquelle notre société s’est progressivement installée.
Cette première audience publique a enregistré les témoignages de treize (13) victimes qui ne sont qu´un échantillon des 15 500 dépositions reçues par la CVJR dans les antennes régionales. Ici il s´agit de treize (13) personnes qui ont souffert dans leur chair des atteintes au droit à la liberté qui sont entre autres : des arrestations arbitraires, des détentions arbitraires, des enlèvements et séquestrations ainsi que d´autres formes de violence qui affectent le droit fondamental de l´être humain à être libre.
Un panel composé de sept (7) commissaires, dirigé par le président de la CVJR, M. Ousmane Oumarou Sidibé, est installé en face de la victime. Cette dernière est assise dans une chaise, assistée d´un psychologue, comme prévu par la CVJR pour une audience de qualité et permettre à la victime d’être à l´aise au moment de son intervention.
Monsieur T.S, agent de service public à Kidal, dans son récit nous a indiqué qu´il a été enlevé et séquestré par des combattants du mouvement indépendantiste, le MNLA lors de la visite du premier ministre Moussa Mara en mai 2014 à Kidal. T.S affirme avoir été torturé pendant plusieurs jours avant d’être remis à la MINUSMA. Pire encore, excepté, sa femme le reste de sa famille le considère comme un fou. Pour prouver qu’il ne l´est pas, TS a une fois pris son véhicule et l´a conduit jusqu’à son village. Malgré, il n´a pas pu convaincre sa famille.
Quant à S.A.M, il a été victime d´une arrestation et détention arbitraire à Tombouctou en 2013 par les forces de défense du Mali, comme motif, un véhicule du MUJAO et des tenues militaires seraient retrouvées chez lui. Il affirme d´avoir passé plus d´une année en détention arbitraire dans les mains des forces de défense du Mali.
C’étaient vraiment des récits très émouvants de la part des 13 victimes que le public a eues l´honneur d’écouter lors de cette première expériences en matière de justice transitionnelle au Mali. Malgré toutes ces souffrances vécues par ces victimes, elles ont toutes prôné la paix et la cohésion sociale au Mali comme leurs attentes pour le Mali.
A la fin de l´audience, des attestations de reconnaissance ont été remises aux victimes pour avoir eu le courage de venir témoigner publiquement.
IB KONE
Justice transitionnelle au Mali: 13 victimes ont été entendues lors de la première audience publique.
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