(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, l’accès approprié aux services de santé sexuelle et reproductive est un défi pour toutes les femmes, mais il l’est particulièrement pour les femmes albinos qui subissent des discriminations et stéréotypes dans les structures sanitaires.
Les femmes albinos sont souvent confrontées à des préjugés en raison de leur apparence physique. Certaines albinos rapportent des commentaires dégradants ou des recommandations basées sur des mythes plutôt que sur des faits avérés qui découragent et affectent l’accès aux soins nécessaires.
Yagaré Coulibaly, femme malienne albinos, affirme que la curiosité maladive de certains agents de santé a rendu ses consultations prénatales inconfortables et humiliantes. « Être au centre de l’attention non désirée lors de ses consultations médicales a aggravé ma détresse émotionnelle et à m’amener à éviter certains établissements de santé », dit-elle.
L’absence d’une approche spécifique pour la santé sexuelle et reproductive des femmes albinos explique le comportement de certains agents de santé. Mariam Diallo déplore être victime d’un commentaire désobligeant d’une sage-femme : « évitez de faire beaucoup d’enfants quand vous avez un corps fragile ».
Elle appelle à une sensibilisation des agents de santé afin d’éviter que les femmes albinos ne soient des victimes de faux préjugés amplifiant la désinformation qui les empêchent d’accéder dans des conditions acceptables à leurs droits fondamentaux.
Besoins spécifiques non reconnuset prise en charge discriminatoire
Dr Siaka Doumbia, Gynécologue au CSREF de Koutiala au compte de l’organisation « Médecin Sans Frontières », indique qu’il n’y a pas de prise en charge spécifique pour les femmes albinos. « Cela dénote d’un manque de reconnaissance des besoins spécifiques de cette communauté. Si des services de santé prenaient en compte leurs spécificités, cela améliorerait leur accès et leurs expériences des soins. Un accès limité à des soins appropriés peut avoir des conséquences dramatiques telles qu’un risque accru de complications durant la grossesse ou des défis en matière de santé mentale », souligne -t-il.
De son côté, Sitan Camara témoigne : « lors de ma première consultation prénatale, j’ai attendu des heures sans être consultée tandis que d’autres patientes étaient prises en charge. J’ai entendu une stagiaire murmurer des choses sur moi. Il est urgent d’améliorer la sensibilisation et la formation du personnel de santé afin d’assurer une prise en charge équitable pour tous les patients, sans préjugés ni stigmatisation ».
Tacko Diarra dit qu’il est possible de mettre en place un système d’accès égalitaire et respectueux aux soins. La loi hospitalière, loi n° 02-050 du 22 juillet 2002 modifiée par la loi N°2018- 50 du 11 juillet, dans son article 7, indique que le service public hospitalier garantit l’accès de toutes les personnes présentes sur le territoire national à des soins d’urgences ou à des soins de qualité.
Pour construire une société plus inclusive et prospère, il est crucial de veiller à ce que chaque individu, peu importe son origine ou ses caractéristiques personnelles, puisse bénéficier des soins de santé nécessaires. Cela implique non seulement l’application stricte des lois existantes, mais également un travail constant pour sensibiliser les professionnels de santé et le grand public sur l’importance de l’égalité des droits et de la dignité pour tous.
Kadidia Doumbia
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH) au Mali