Si l’information faisant état de l’exfiltration du président malgache par un avion militaire français s’avérait exacte, la France aurait commis, à mon sens, une double erreur majeure.
Une erreur diplomatique, d’abord, car un tel acte ne ferait qu’alimenter davantage le sentiment d’hostilité déjà grandissant envers elle en Afrique. Le peuple malgache, notamment sa jeunesse, était déjà exaspéré par un système politique corrompu, déconnecté de ses aspirations et incapable d’offrir des perspectives d’avenir. En intervenant ainsi, Paris risquerait d’apparaître non pas comme un partenaire impartial, mais comme le protecteur d’un régime rejeté.
Une erreur politique et institutionnelle, ensuite, car en facilitant la fuite du président, la France a court-circuité le processus constitutionnel malgache, empêchant les institutions nationales de jouer leur rôle régulateur au moment le plus crucial. Les Malgaches cherchaient à tourner la page d’un pouvoir contesté. Alors que l’Assemblée nationale devait se réunir pour envisager une solution légale et apaiser la crise, le président en fuite a choisi de dissoudre le Parlement. Dans un tel contexte, la France n’aurait jamais dû faciliter une telle manœuvre. Elle aurait dû, au contraire, se ranger du côté du peuple malgache, de la légitimité institutionnelle et de l’avenir démocratique du pays.
Il faut savoir lire les événements, les anticiper et prendre la bonne décision. En diplomatie comme en politique, soutenir la justice et la volonté populaire est toujours un investissement à long terme, bien plus sûr que la protection d’intérêts éphémères.
Magaye GAYE
Économiste international
Ancien cadre de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD)