La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a procédé le vendredi 20 mai 2022 à l’hôtel Maeva de Bamako au lancement de l’étude sur les besoins et attentes des victimes de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes. C’était sous la présidence de Cheick Tidiane Traoré, chargé de mission au ministère de la justice et des droits de l’homme, garde des sceaux, en présence du représentant du partenaire Avocat sans frontières (ASF), Aboudoulaye Doucouré, du président de la Commission nationale des droits de l’homme, Aguibou Bouaré.
De façon spécifique, l’étude vise à présenter la cartographie du nombre de victimes, décrivant le type de violences dont elles font l’objet, réparti par sexe, âge et localité; à présenter l’état des lieux en matière d’accès à la justice pour les victimes d’esclavage en insistant sur les freins à leur participation aux processus judiciaires. Il s’agit également de présenter la documentation de l’état des besoins, attentes et perspectives des victimes de l’esclavage dans la région de Kayes ; et de présenter les violences et besoins spécifiques des femmes et des enfants victimes de la pratique, ainsi que des autres personnes en situation de vulnérabilité.
La présente étude a été réalisée dans un contexte particulier marqué par des abus et violations graves des droits de l’homme avec leur lot de victimes dans la région de Kayes, l’épicentre du fléau, selon le président de la CNDH. En effet, des traitements inhumains, cruels ou dégradants sont perpétrés à l’encontre d’une catégorie de personnes considérées par d’autres comme « esclaves», déplore t-il. Face à ces atteintes à la dignité humaine, Aguibou Bouaré affirme que la CNDH a très vite estimé que les réponses apportées par l’Etat du Mali restaient insuffisantes, car laissant les victimes dans une situation de vulnérabilité infra minimale.
«Nous devons agir de concert afin de faire cesser de telles pratiques dignes d’une autre époque qui n’honore pas notre pays qui, faut-il le rappeler, dès 1222 interdisait l’esclavage avec la charte des Chasseurs du Mandé, bien avant la Charte de KURUKAN FUGA de 1236 », rappelle M. Bouaré. Il ajoute que malgré les efforts consentis par le gouvernement, à travers les ministères de la justice ; de la réconciliation nationale, le phénomène de l’esclavage persiste sur fond d’abus graves des droits humains.
Il a saisi cette occasion pour appeler donc à une synergie d’actions avec les acteurs des organisations de la société civile, les autorités politiques, traditionnelles et religieuses et la CNDH pour protéger les victimes de violations et abus des droits de l’Homme, en respect des instruments juridiques nationaux et des engagements internationaux du pays.
IB KONE