(CROISSANCE AFRIQUE)-Face à un contexte économique global instable, le Nigéria a récemment pris la décision audacieuse d’imposer une taxe de 50% sur les profits des banques générés en 2023, suite à la dévaluation du naira.
Cette mesure, adoptée par le Sénat nigérian le 18 juillet 2024, marque une étape décisive dans la stratégie fiscale du pays. Cette décision s’inscrit dans une série d’efforts visant à renflouer les caisses de l’État tout en soutenant le financement des infrastructures essentielles et des initiatives sociales.
Le Sénat nigérian a marqué son accord pour l’introduction d’une taxe visant spécifiquement les profits exceptionnels réalisés par les banques en 2023, attribuables à la dévaluation du naira.
Cette approbation fait suite à la présentation d’une série d’amendements fiscaux par le gouvernement, illustrant la volonté de l’État de s’adapter aux défis financiers actuels. Cette taxe a pour but de capitaliser sur les performances inhabituelles du secteur bancaire pour financer des projets de développement national.
Cette initiative législative vise plusieurs objectifs. Selon le président Bola Tinubu, elle permettra de soutenir des domaines cruciaux tels que le développement des infrastructures, l’éducation, les soins de santé, et les programmes de protection sociale. Cette mesure témoigne d’une stratégie réfléchie pour redistribuer les fruits de la dévaluation monétaire vers des projets bénéficiant à l’ensemble de la société nigériane.
La dévaluation du naira a eu un impact profond sur l’économie du Nigéria, affectant de manière variable les différents secteurs d’activité. Tandis que de nombreuses entreprises ont subi des pertes significatives, le secteur bancaire a su, lui, tirer parti de cette situation.
Les banques ont en effet réalisé d’importants bénéfices grâce à la gestion adroite de leurs actifs en devises étrangères, soulignant ainsi les disparités engendrées par les mouvements monétaires.
La rentabilité des banques nigérianes a connu une hausse spectaculaire en 2023, en grande partie grâce à la dévaluation du naira. Cette situation a été amplifiée par d’autres facteurs, tels que l’augmentation des taux d’intérêt, contribuant à des marges bénéficiaires considérablement élargies pour les principales institutions financières du pays.
Par exemple, les bénéfices de Guaranty Trust Bank et d’Access Holdings Plc ont connu des augmentations significatives, démontrant les gains importants générés par cette conjoncture économique.
Bien que les réactions officielles des banques soient mesurées, la nouvelle taxe soulève des questions sur l’avenir de la stratégie financière des grandes institutions bancaires nigérianes. Quatre mois avant l’annonce de cette taxe, la Banque centrale nigériane (CBN) avait déjà pris des mesures pour encadrer l’utilisation des profits issus de la réévaluation du naira, limitant les options d’utilisation de ces bénéfices excédentaires.
Le Nigéria n’est pas le seul à avoir introduit des taxes sur les profits bancaires. Plusieurs pays européens, confrontés à des défis similaires liés à l’inflation rapide et à la hausité des taux d’intérêt, ont également instauré des mesures fiscales rigoureuses à l’encontre des banques.
Cette tendance souligne un mouvement global vers une fiscalité plus aggressive sur les secteurs très rentables, dans le but de financer les besoins croissants en dépenses publiques.
Notons que l’instauration de cette taxe exceptionnelle sur les profits des banques nigérianes marque une étape significative dans la politique fiscale du pays. Cette mesure, destinée à soutenir des projets d’investissement dans des domaines essentiels, souligne la nécessité pour le Nigéria de trouver de nouvelles sources de revenus en cette période de défis économiques.
Toutefois, à travers cette stratégie, le gouvernement espère jeter les bases d’un développement plus équilibré et durable.
Zangouna KONE