(CROISSANCE AFRIQUE)-Alors que le Mali traverse une phase critique de son histoire, marquée par des conflits persistants, des tensions communautaires et des défis sécuritaires, la quête de paix et de cohésion sociale reste plus que jamais d’actualité. Dans ce contexte, un acteur discret mais influent émerge sur la scène publique : les femmes web-activistes. À travers leurs claviers et leurs voix numériques, elles contribuent à transformer le paysage du militantisme pour la paix.
Sanata Diarra, web activiste et référent digitale a participé à des campagnes de sensibilisation et à des ateliers visant à éduquer les communautés contre la désinformation. Par le biais de transcriptions d’audio et de vidéos, elle aspire à établir un programme futur de détection des discours haineux. En collaboration avec des organisations réputées au Mali, elle se vante d’avoir atteint un large public, impactant ainsi leur pensée critique et modifiant leur perception des réseaux sociaux, souvent sources de désinformation.
Sanata poursuit cet engagement avec des efforts continus autour de la paix, notamment à travers des vidéos diffusées sur des plateformes comme Facebook et Twitter. Elle collabore également avec d’autres web activistes pour identifier des traductions erronées de vidéos incitant à la haine, tirant parti de son expertise en traduction.
Quant à Fatouma Haber, elle partage son engagement dans ce domaine : « J’ai entrepris de nombreuses actions, notamment une veille citoyenne sur les réseaux sociaux pour intervenir dès que je détecte des discours de haine ou de désinformation. » Elle a dirigé le forum africain de lutte contre la désinformation qui a réuni plusieurs organisations de Web Activistes à Bamako, en novembre 2023. Ensemble, ils ont lancé une campagne d’une semaine dédiée à la lutte contre les discours haineux en ligne, diffusant des messages dans plusieurs langues, incluant le français, le Bambara, le Peulh, et le Songhoï. L’évaluation de leur projet a révélé un impact exceptionnel, atteignant plus de 2 millions de personnes grâce à des relais influents et à une couverture médiatique nationale et internationale.
« J’ai eu l’opportunité de lutter contre la désinformation et les discours haineux à travers des projets de communication sociale et mon adhésion au réseau des blogueurs du Mali, Komunitas », explique Aminata Samassekou, web activiste. Elle a œuvré à concevoir et diffuser du contenu de sensibilisation sur les réseaux sociaux pour contrer les fausses informations, notamment pendant des périodes électorales. En organisant des ateliers en personne, elle a su toucher un public moins connecté tout en formant des multiplicateurs de paix par la narration positive et les récits inspirants. Sa lutte inclut l’éducation aux médias pour assurer un avenir où les jeunes deviennent des acteurs critiques et tolérants dans la société.
Fatoumata Z Traoré souligne l’importance de promouvoir la paix dans l’espace numérique, ayant créé une rubrique « MoussoKunda Check » pour partager des messages de paix. Actuellement, elle travaille sur le projet « Mythbuster », orienté vers la lutte contre la désinformation. Ses actions incluent aussi des échanges avec des médias et des organisations féminines, et contribuent à sensibiliser sa communauté sur les dangers de la désinformation dans une région comme Ségou, marquée par des conflits. Grâce à ses efforts, de plus en plus de jeunes s’engagent dans la vérification des faits et la promotion de messages de paix.
Fatoumata, en tant que blogueuse, s’investit également dans le renforcement de la cohésion sociale par l’écriture. Elle a participé à un ouvrage collectif sur la paix et la cohésion sociale et mène également des activités pour sensibiliser les jeunes et partager des messages de paix sur ses plateformes. « Je mets en place des stratégies variées pour encourager la tolérance, que ce soit à travers des billets de blog, des podcasts ou d’autres contenus créatifs, » conclut-elle.
Enfin, Fatouma Haber informe de l’existence d’un collectif de femmes féministes Web Activistes qui mène des campagnes contre la désinformation et promeut les droits des femmes en ligne, illustrant ainsi l’importance de l’engagement collectif dans ce combat pour la paix et la cohésion sociale.
Kadidia Doumbia
Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains (JDH ) au Mali