Face à la pénurie d’oignons au Bangladesh, un pont aérien, un prix subventionné et des mesures antitrafic

Date:

En Asie du Sud, on ne plaisante pas avec l’oignon. Après une mousson tardive qui a endommagé les récoltes en août dans les régions productrices d’Inde, New Delhi a décidé, le 29 septembre, d’interdire l’exportation d’oignons. Au Bangladesh voisin, où la production locale d’oignons satisfait environ deux tiers de la demande, cette décision a provoqué des pénuries, une flambée des prix et la colère d’une population qui utilise largement cette herbacée dans la cuisine.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Après des pluies diluviennes, l’Inde pleure ses oignons

Spéculation et répression

Le kilogramme de ce légume de base a flambé, passant de 30 takas (32 centimes d’euros) à près de 260 takas (2,78 euros), dans un pays parmi les plus pauvres au monde (où le PIB par habitant était de 1 603 dollars par an). Début octobre, après un début de révolte, les autorités ont pris des mesures en s’approvisionnant auprès de la Birmanie, de la Turquie, de la Chine, de l’Egypte, des Emirats arabes unis ou de l’Afghanistan. Un journal anglophone du Bangladesh, The Independent, rapportait le 17 novembre que, depuis le début du mois, 11 732 tonnes d’oignons en provenance de Birmanie avaient été importées par le port de Teknaf (au sud du pays). Mais ces importations sont insuffisantes. Un pont aérien a été organisé et les premiers oignons en provenance d’Egypte sont attendus mardi 19 novembre, à Dacca.

A Dacca, seuls quelques milliers de personnes ont pu profiter d’un prix réduit

De son côté, la Trading Corporation of Bangladesh (TCB), un organisme qui relève du ministère du commerce, a mis en vente des oignons au prix subventionné de 45 takas le kilo (0,48 centime d’euro), pour aider les personnes à faibles revenus. A Dacca, la capitale qui compte 18 millions d’habitants, seuls quelques milliers de personnes ont pu profiter de ce prix réduit.

Croissanceafrique.com

Mais ces ventes peuvent parfois tourner à l’affrontement : lundi, deux personnes ont été blessées par balle par les forces de l’ordre qui intervenaient pour mettre fin à une bataille rangée lors d’une vente d’oignons organisée par la TCB, dans le district de Sylhet (à l’est), rapporte le Daily Sun.

Le ministre de l’information, Hasan Mahmud, a déclaré, dimanche, que le gouvernement était déterminé à s’en prendre aux trafiquants qui stockent les oignons pour faire monter les prix, quitte à s’en débarrasser. Le secrétaire au commerce, M. Zafar Uddin, a assuré lundi que le marché de l’oignon sera bientôt stabilisé, grâce aux mesures prises par le gouvernement. Dans un communiqué, ses services ont assuré que des poursuites judiciaires ont été engagées contre 2 500 personnes pour avoir manipulé le marché de l’oignonThe Independent rapporte que des commerçants qui spéculaient ont été condamnés à payer des amendes allant jusqu’à 35 000 takas (374 euros) dans divers districts du pays.

Alternative culinaire à l’oignon

De son côté, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP, parti d’opposition) met en cause le gouvernement et appelle à des manifestations lundi pour protester contre l’envolée des prix de cette denrée de base. A travers le pays, nombre de restaurants ont retiré l’oignon de leurs cartes et, lundi, un porte-parole de la première ministre, Sheikh Hasina, a même déclaré que celle-ci « avait renoncé à l’oignon à sa table » ; aucun des plats dans la résidence de la première ministre à Dacca ne contenait d’oignons samedi, a-t-il ajouté.

Les Bangladais en sont réduits à chercher des alternatives à l’oignon, ajoute The Observer. Selon des ingénieurs agronomes, la ciboule chinoise (Allium tuberosum) pourrait être la solution. Cette plante aromatique est facile à cultiver et a un rendement élevé. « La saveur de la ciboulette est proche de celle de l’oignon », explique le docteur Nur Alam Chowdhury, responsable scientifique du centre de recherche sur les épices de l’Institut de recherche agricole du Bangladesh.

croissanceafrik
croissanceafrikhttp://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager:

Populaires

Lire aussi
RELATIFS

Le Burkina Faso va investir 6 milliards de FCFA dans la construction d’un barrage à Bamako

(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Burkina Faso, l'Etat annonce un investissement de...

Nigéria : Meta, société mère de Facebook va payer 220 millions d’amende à l’Etat

(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Nigéria , les autorités annoncent la confirmation...

Cemac: Washington menace actuellement le projet d’encadrement des fonds pétroliers 

(CROISSANCE AFRIQUE)-Le projet d'encadrement des fonds pétroliers est actuellement...

Côte d’Ivoire : 10,73 milliards de FCFA obtenus de la BAD pour soutenir le secteur agricole 

(CROISSANCE AFRIQUE)- En Côte d'Ivoire, la Banque africaine de...