(CROISSANCE AFRIQUE)-Nos radios diffusent en longueur de journée du rap, cette musique urbaine venue des États-Unis dans les années quatre vingt et dix. Ses précurseurs célèbres au Mali furent les groupes Pap and pap du regretté Tidio, Zion B de Bamako-coura, Tata pound de Badalabougou. (crédit photo Benbère)
Ensuite Ahmadou Diarra, Bradox, à travers sa célèbre émission sur la télévision nationale, a donné une sérieuse visibilité et une envergure exceptionnelle à ce genre musical dans notre pays. Ce qui a permis à la génération des Master Soumi, Mylmo et autres de s’affirmer avec leur rap moralisateur baigné dans la sauce des mélodies de notre terroir. Ils ont été suivis, même talonnés par de jeunes pressés, clasheurs, de véritables anarchistes, qui pourtant ont bien relevé le niveau du Malirap. Ils l’ont rendu populaire, l’ont fait rentrer dans les boîtes de nuit, l’ont labellisé, ils ont surtout créé un modèle économique.
Aujourd’hui le rap au Mali, en plus de valoriser notre répertoire musical traditionnel, est en train de devenir une réelle industrie pourvoyeuse d’emplois et de devises. Nos jeunes rappeurs sont devenus de véritables opérateurs culturels. Avec le développement de la technologie, ils arrivent à contrôler de bout en bout leur secteur. Ils écrivent leurs chansons, produisent leurs musiques, réalisent leurs clips, s’occupent des stratégies de communication et organisent de façon extraordinaire leurs concerts. Et tout cela dans un circuit purement national.
Ces derniers temps, ils sont en train même d’entamer une phase internationale. La Mauritanie, la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry et la France commencent à s’ouvrir, et des collaborations sont à leur balbutiement. Aussi, des médias internationaux regardent de nos jours ces jeunes artistes maliens avec beaucoup de respect et de considération.
Il faut signaler que ce domaine qui ne doitbplusvetre ignoré par l’État, englobe énormément de choses en dehors des artistes. Il utilise des techniciens de son, des beatmakers, des agences de promotion, des stylistes, des spécialistes d’audiovisuel, des maquilleurs, des agences dédiés à l’événementiel, des animateurs, des journalistes etc… Dans un pays à fort pourcentage de jeunes, ces activités doivent être prises avec tout le sérieux qu’il faut. Des politiques culturelles efficaces doivent être pensées, des lieux de prestations et de rencontres doivent être construits, des programmes de formation doivent être planifiés.
Ce secteur doit bénéficier d’un véritable plan Marshall national parce qu’il peut, non seulement rendre le Mali attractif, mais il va également créer des activités professionnelles pour une jeunesse qui en a fortement besoin. Enfin, il peut faire que certains de nos jeunes soient de véritables icônes à travers le monde, ce qui serait bien pour notre politique diplomatique. Cependant, pour que cela soit, il faut que nos jeunes artistes se forment sérieusement, qu’ils maîtrisent les langues internationales et qu’ils se cultivent pour mieux se vendre et mieux vendre le Maliba.
Il faut, pour terminer, reconnaître quand même, que grâce à cette génération la musique malienne, non seulement continue à s’exporter, mais elle est surtout devenue populaire au Mali, ce qui n’était pas le cas il y’a quelques années.
Que vive un Malirap soutenu et patriotique!
Moussa Sey Diallo/(crédit photo Benbère)