(CROISSANCE AFRIQUE)-La Côte d’Ivoire concentre plus de la moitié des grandes banques de l’UEMOA. Cette domination ne fait que souligner le poids économique significatif du pays au sein de la région, tout en mettant en lumière l’ascension progressive des acteurs locaux face aux succursales des grands groupes internationaux.
Il est notable que le pays abrite 11 établissements qui dépassent le seuil des 1 000 milliards FCFA (environ 1,8 milliards de dollars) en total bilan, un chiffre qui n’est pas seulement un indicateur de l’importance économique des banques, mais aussi de leur stabilité et de leur impact sur l’économie régionale. En effet, le total bilan représente la valeur financière ou le poids financier d’une banque.
Sur le marché bancaire de l’UEMOA, nous observons désormais la présence de 21 établissements bancaires de grande envergure, chacun affichant un total bilan supérieur à 1 000 milliards FCFA. D’après les données fournies par la BCEAO, la répartition de ces acteurs prédominants est en parfaite adéquation avec la hiérarchie économique parmi les États membres : la Côte d’Ivoire à elle seule regroupe 11 de ces poids lourds, soit 52 % du total, ce qui est révélateur de sa position dominante, puisque ces institutions représentent 40 % des 28 banques actives au sein du pays.
Le Sénégal, en tant que deuxième économie de l’Union, se positionne différemment, avec seulement quatre établissements de cette envergure, ce qui indique sans conteste un environnement bancaire moins concentré que celui de son voisin ivoirien, mais tout aussi prometteur en termes de développement économique, avec des perspectives de croissance et de diversification bancaires.
Le Burkina Faso se distingue avec la présence de trois grandes banques parmi les seize principales du pays, parmi lesquelles on retrouve la banque locale Coris Bank International. Cette dernière marque sa suprématie en affichant un total bilan impressionnant de plus de 2 500 milliards de francs CFA, se situant ainsi largement en tête et devançant de loin ses concurrents, notamment Ecobank et la Banque of Africa (BOA).
Pendant ce temps, au Mali, le panorama bancaire présente deux institutions financières qui franchissent le seuil des banques les plus prospères, toutes deux appartenant à des capitaux nationaux, à savoir la Banque Malienne de Solidarité (BMS), la Banque de Développement du Mali (BDM) et la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA). En parallèle, le Bénin voit figurer un seul établissement notable, la Banque Internationale pour l’Industrie et le Commerce (BIIC), qui a récemment fait son entrée sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM).
Bien que les filiales des groupes bancaires internationaux dominent souvent ce classement, on observe une montée en puissance notable de certaines banques à capitaux locaux, illustrant une dynamique régionale intéressante. En Côte d’Ivoire par exemple, Société Générale, avec un total bilan de 3 615 milliards de francs CFA, reste une référence incontournable au niveau régional. Cependant, cette position est de plus en plus challengée par des acteurs locaux tels que NSIA Banque, la Banque Nationale d’Investissement (BNI), la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de la Côte d’Ivoire (BICICI), ainsi que Bridge Bank Group.
Cette progression significative des banques nationales, conjuguée à la présence historique marquée des grands groupes internationaux et locaux, reflète un marché bancaire ivoirien à la fois dynamique, concurrentiel et structurant pour l’ensemble de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).
Cette situation met en lumière non seulement le développement rapide des institutions financières nationales mais aussi la capacité du pays à attirer et maintenir de grands acteurs bancaires internationaux, témoignant de la confiance en la stabilité économique de la Côte d’Ivoire.
Ce poids considérable de l’économie ivoirienne dans le paysage bancaire régional souligne non seulement la vitalité et la résilience de son économie en expansion, mais aussi son rôle pivot et central dans la finance ouest-africaine.
Notons que ce rôle de leader économique et financier africain, solidement ancré, est un positionnement qui devrait continuer à se consolider et à se renforcer progressivement dans les prochaines années, malgré les défis régionaux éventuels, grâce à ses politiques économiques innovantes, sa population dynamique et sa capacité à s’adapter aux évolutions économiques mondiales.
Moussa KONÉ