PAR CRoissanceafrique |
Rédaction |
COVID-19 teste la résilience sociale, économique et politique de l’Afrique. S’il est vrai que nos pays prennent des mesures audacieuses pour ralentir et contenir la propagation du virus, il est également indéniable qu’une récession se profile sur notre continent. La sous-région de l’Afrique centrale est l’une des zones les plus exposées à la récession économique. Nous sommes confrontés à un double danger. D’une part, nous luttons contre le COVID19 avec un manque de ressources financières et des systèmes de santé fragiles. D’autre part, nous essayons d’atténuer les effets économiques négatifs de cette pandémie et de protéger nos économies, en particulier celles qui dépendent fortement des revenus tirés des ressources naturelles. Ce n’est un secret pour personne que les pays les plus touchés en Afrique centrale sont Sao Tomé et la Guinée équatoriale. En ce qui concerne l’impact sur l’économie, nous avons été touchés par COVID-19 comme aucun autre pays. COVID-19 est un défi sans précédent. Mais les moments de crise présentent aussi des opportunités. Je crois franchement que le COVID-19 pourrait au sens inverse déclencher un meilleur avenir pour l’Afrique. Pour cela, nous avons besoin que la principale institution de développement de l’Afrique, la Banque africaine de développement, soit plus forte que jamais, car c’est son premier devoir d’aider l’Afrique en ce moment critique. Nous applaudissons donc la réponse audacieuse de la BAD et son engagement à aider nos pays en créant un mécanisme de réponse COVID-19 de 10 milliards de dollars pour aider à amortir l’impact économique et social de la pandémie sur les pays membres de la région. Nous sommes certainement satisfaits des performances de la Banque et du leadership visionnaire de son président, le Dr Akinwumi Adesina. Je tiens à saluer le travail crédible et complet du comité d’éthique de la Banque, présidé par l’Honorable Takuji Yano. Le rapport du Comité, qui fait référence à seize allégations des plaignants contre le Dr Adesina et d’autres cadres de la Banque, déclare sans équivoque que ces allégations ne sont pas valables et doivent être rejetées. En ce qui concerne le rejet par le plaignant des conclusions du comité d’éthique, nous exprimons notre profonde inquiétude quant à la manière dont cela non seulement sape et affecte la crédibilité du Dr Adesina, mais contribue également à l’érosion de la crédibilité de la banque, en particulier la force de ses institutions internes. Nous pensons que c’est exactement le contraire de ce dont l’humanité a besoin en cette période où nous sommes confrontés à une crise sans précédent. Nous nous faisons donc écho de l’appel du Président du Conseil des gouverneurs, l’honorable Niale Kaba, à « rétablir la paix et la sérénité au sein de la Banque ». En conclusion, et en témoignage de mon soutien au Dr Adesina et à tous les cadres de la Banque qui ont été personnellement et négativement affectés par cette situation et par les allégations infondées, quelques vers écrits par John Donne (et popularisés par Hemingway) me viennent à l’esprit. « Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi; tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble; Si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un promotoire, le manoir de tes amis ou le tien; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas: c’est pour toi qu’il sonne”. Aujourd’hui, à la Banque africaine de développement, les cloches sonnent non pas pour le Dr Adesina mais pour l’Afrique… pour l’humanité. Par Cesar A. MBA ABOGO, Ministre des Finances, Economie et de la Planification, Guinée Equatoriale |
(Tribune-Affaire Akinwumi ADESSINA): « Bruits de Cloches pour l’humanité à la Banque Africaine de Développement » Cesar MBA ABOGO
Commémoration de la Journée de l’Afrique: Selon António Guterres, les nations unies comptent « adopter des mesures en faveur des personnes employées dans le secteur informels »

Par Croissanceafrique
L’Organisation des Nations Unies vient de publier une note de synthèse décrivant les conséquences de la pandémie pour l’Afrique. Nous demandons un allègement de la dette et que des mesures soient prises pour maintenir l’offre des produits alimentaires, protéger les emplois et prémunir le continent contre les pertes de revenus et de recettes d’exportation.
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Lisez le MESSAGE PUBLIÉ À L’OCCASION DE LA JOURNÉE DE L’AFRIQUE
Le 25 mai 2020
Cette année, le monde célèbre la Journée de l’Afrique dans des circonstances extrêmement difficiles, alors que nous sommes confrontés à la pandémie du COVID-19, qui menace de compromettre les progrès accomplis par les pays africains dans la réalisation des Objectifs de développement durable et des buts fixés dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Grâce à des mesures rapides et coordonnées, les pays africains ont fait preuve d’un grand leadership. L’Union africaine a créé un groupe de travail chargé d’élaborer une stratégie à l’échelle du continent et nommé des envoyés spéciaux pour mobiliser le soutien de la communauté internationale. Le Conseil de paix et de sécurité de l’organisation a également pris des mesures pour contrer les répercussions négatives du COVID-19 sur la mise en œuvre d’accords de paix et de mesures de réconciliation de très grande importance. Les Centres africains de prévention et de contrôle des maladies ont créé un fonds destiné à la riposte, tandis que les États Membres africains ont pris des mesures fermes pour contenir la propagation du virus et en atténuer les conséquences socio-économiques.
Je me réjouis du soutien que l’Union africaine a apporté à mon appel en faveur d’un cessez-le-feu mondial pour lutter contre la pandémie du COVID-19, une requête qui fait pendant à son thème pour 2020 : « Faire taire les armes : créer les conditions propices au développement de l’Afrique ». Des groupes armés au Cameroun, au Soudan et au Soudan du Sud ont répondu à l’appel et déclaré des cessez-le-feu unilatéraux. J’implore les autres mouvements armés et les gouvernements concernés en Afrique de faire de même. Je me réjouis également du soutien que les pays africains ont apporté à mon appel en faveur de la paix dans les foyers et de la fin de toutes les formes de violence, y compris à l’égard des femmes et des filles.
Une vingtaine de pays africains devaient organiser des élections cette année, dont certaines seront reportées en raison de la pandémie, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la stabilité et la paix. J’exhorte les décideurs africains à établir un dialogue politique inclusif et soutenu afin d’apaiser les tensions suscitées à cet égard et de respecter les pratiques démocratiques.
L’Organisation des Nations Unies vient de publier une note de synthèse décrivant les conséquences de la pandémie pour l’Afrique. Nous demandons un allègement de la dette et que des mesures soient prises pour maintenir l’offre des produits alimentaires, protéger les emplois et prémunir le continent contre les pertes de revenus et de recettes d’exportation.
Comme le reste du monde, les pays africains devraient avoir un accès rapide, équitable, et à un prix abordable, à tout vaccin ou traitement éventuel. Les gouvernements africains, comme tous les autres gouvernements à travers le monde, peuvent également profiter de ce moment pour élaborer de nouvelles politiques qui renforcent les systèmes de santé, améliorent la protection sociale et poursuivent des voies respectueuses du climat. Adopter des mesures en faveur des personnes employées dans le secteur informel, dont la grande majorité sont des femmes, sera une étape importante de la reconstruction, tout comme tirer parti de la pleine participation et de l’esprit d’initiative des femmes. L’inclusion et le rôle mobilisateur des jeunes seront également essentiels à chaque étape.
En cette Journée de l’Afrique, je réaffirme mon entière solidarité avec les populations et les gouvernements d’Afrique dans la lutte contre la pandémie du COVID-19 et en vue de la reprise, pour un avenir meilleur pour tous.
Covid-19: Lancement de la note de synthèse sur l’impact de la pandémie sur l’Afrique
Par Croissanceafrique
La réponse du continent africain à la pandémie du COVID-19 a offert de précieuses leçons pour le reste du monde pour relever ce défi. La plupart des pays africains ont agi rapidement pour approfondir la coordination régionale, déployer le personnel de santé et imposer des quarantaines, des confinements et des fermetures des frontières. Les gouvernements et autorités de la santé ont puisé également dans l’expérience acquise dans la lutte le SIDA et l’Ebola pour réfuter les rumeurs et surmonter la méfiance à l’égard des responsables, des forces de sécurité et du personnel sanitaire.
Toutefois, la vigilance continue et la préparation restent essentielles car le virus est toujours une menace à la vie, aux moyens de subsistance et à la santé à travers le continent.
Plusieurs pays à travers le continent ont bénéficié d’une forte croissance économique ces dernières années. Les niveaux de vie ont augmenté ; la révolution numérique s’est installée et une zone de libre-échange est en train de devenir une réalité.
Ceci est maintenant menacé car la pandémie aggrave les inégalités existantes et accentue la faim, la malnutrition et la vulnérabilité face à la maladie. Des millions pourraient basculer dans la pauvreté extrême. Le tourisme, les transferts de fonds et la demande sur les produits africains sont déjà en déclin et l’ouverture de la zone de libre-échange a été reportée.
Nous sommes solidaires avec les peuples et les gouvernements africains, et avec l’Union Africaine pour faire face au COVID-19. Les organismes des Nations Unies, les équipes pays de l’ONU, les opérations de maintien de la paix et les acteurs humanitaires sont en train d’apporter des formations, de l’expertise et autres formes de soutien. Les vols de solidarité de l’ONU ont permis d’acheminer des millions de kits de dépistage, des respirateurs et autres équipements.
La note de synthèse que les Nations Unies viennent de diffuser (lien) appelle pour une action internationale urgente afin de renforcer les systèmes de santé en Afrique, maintenir les chaînes d’approvisionnement alimentaire, soutenir l’éducation, protéger les emplois, maintenir les ménages et les entreprises à flot et protéger le continent contre les pertes de revenus et de recettes d’exportation.
Dès le début de la pandémie, j’ai demandé une réponse mondiale d’au moins 10 % du produit intérieur brut mondial. Pour l’Afrique, cela signifie plus de 200 milliards de dollars de soutien additionnel de la part de la communauté internationale.
Je continue également de plaider pour un cadre global de la dette, à commencer par un gel généralisé de la dette des pays qui ne peuvent pas en assurer le service, suivi d’un allègement ciblé de la dette et d’une approche globale des questions structurelles de l’architecture internationale de la dette, afin de prévenir les défauts de paiement.
Il sera également essentiel pour les pays africains de maintenir leurs efforts pour faire taire les armes et faire face à l’extrémisme violent, et je me félicite du soutien africain pour mon appel à un cessez-le-feu mondial. Les processus politiques et les élections offrent dans les mois prochains des jalons potentiels pour la stabilité et la paix.
Les pays d’Afrique doivent bénéficier du même accès rapide, équitable et abordable à tout vaccin et traitement à venir pour le COVID-19. Ceux-là doivent être considérés comme des biens publics mondiaux.
Les femmes seront indispensables à tous les niveaux de notre réponse. Les plans de relance doivent en priorité mettre de l’argent à disposition des femmes, renforcer la protection sociale et les cibler par des subventions et des prêts. La création d’emplois, la formation et les opportunités d’éducation pour les jeunes africains doit être un autre objectif central.
Au fur et à mesure que la pandémie progresse, plusieurs décisions difficiles devront être prises ; et il sera essentiel pour les gouvernements et les autorités sanitaires d’instaurer et de conserver la confiance et la participation de leurs citoyens. La réponse à cette pandémie doit être basée sur le respect des droits de l’Homme, l’Etat de droit et la dignité et l’égalité de tous.
La pandémie en Afrique n’en est qu’à ses débuts, et les perturbations pourraient rapidement s’intensifier et se propager de façon incontrôlable. La solidarité mondiale avec l’Afrique est un impératif – aujourd’hui et pour mieux se redresser.
Covid-19 : Chine et Etats-Unis frôlent un incident diplomatique « une nouvelle guerre froide en gestation »

par Croissanceafrique
Selon notre confrère de l’agence ecofin « Certains politiciens américains « essaient de stigmatiser la Chine » et « poussent nos deux pays au bord d’une nouvelle guerre froide ». Dimanche, devant la presse, le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, a mis en garde contre les risques liés à l’inflation des tensions sino-américaines qui se sont exacerbées avec la pandémie de covid-19″, pense-t-il .
« Un virus politique saisit toutes les occasions pour attaquer et diffamer la Chine », a déploré le chef de la diplomatie chinoise. Une allusion à peine voilée aux déclarations, ces dernières semaines, du président Trump et de son équipe qui essaient de faire porter l’entière responsabilité de la crise à la Chine.
Par exemple la semaine dernière sur la chaîne américaine ABC, Peter Navarro, le conseiller commercial de la Maison-Blanche a notamment accusé la Chine d’avoir envoyé « des centaines de milliers de Chinois dans des avions à Milan, à New York et dans le monde entier pour semer » le virus de la Covid-19.
Pour l’Agneceecofin « La sortie de Wang Yi s’inscrit dans l’offensive diplomatique mise en branle par l’empire du Milieu pour contrer la volonté occidentale, portée par les Etats-Unis, de lui demander des comptes sur sa gestion de l’épidémie de coronavirus ».précise l’agence pananfricaine
Mais au-delà de cette surenchère, Pékin essaie de construire son image de « nouvel ami » à travers le monde et n’entend pas laisser les Etats-Unis saper sa « diplomatie du coronavirus ».
L’aide médicale chinoise a déjà été accueillie avec reconnaissance autant en Afrique, qu’en Asie et en Europe. Sur le Vieux continent, notamment, la Chine doit à tout prix étendre son influence ; une conquête d’autant plus stratégique qu’elle est engagée dans une guerre commerciale féroce avec l’Amérique de Trump depuis deux ans. Donc nous assistons désormais » la gestation d’une nouvelle guerre froide entre le pays de XI JING PING et celui de l’américain DONALD TRUMP, même nous constatons que personne ne sortira gagnant dans ce nouveau conflit diplomatico-pendemique.
Daouda Bakary KONE
Journée de l’Afrique: Rappel du 06 octobre 1963 à News York (USA): « un des principes fondamentaux sur lequel nous nous sommes mis d’accord au Sommet d’Addis-Abeba est notre désir fondamental de vivre en harmonie et en coopération avec tous les états ».Sa Majesté Haïlé Sélassié Ier, empereur d’Éthiopie
Daouda Bakary KONE/CROISSANCEAFRIQUE
Première Etape
Lisez l’Appel à l’Organisation des Nations Unies
prononcé par l’Empereur d’Ethiopie Hailé Sélassié Ier
à l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies
New York City, le 6 octobre 1963.
Mr le Président, chers délégués,
Il y a 27 ans, en
tant qu’empereur d’éthiopie, je suis monté à la tribune de Genève en
Suisse pour m’adresser à la Société des Nations et lui demander de
mettre fin à la destruction qu’infligeait à
ma nation sans défense l’envahisseur fasciste. C’était à l’époque tout autant un appel à la conscience mondiale qu’un plaidoyer en sa faveur. A l’époque mes paroles n’ont pas été entendues, mais l’histoire est là pour témoigner combien était justifié l’avertissement que je lançais en 1936.

Aujourd’hui, je me retrouve devant l’Organisation mondiale des Nations Unies qui a su se débarrasser des oripeaux dont s’affublait la précédente organisation discréditée. Sous sa forme nouvelle se trouve inscrit le principe de sécurité collective que j’invoquais vainement à Genêve. Ici, dans cette assemblée, réside le meilleur espoir – peut-être le dernier – en une survivance pacifique de l’humanité.
Je déclarais en 1936 que ce n’était pas le Pacte de la Société des Nations qui était en cause, mais bien la moralité internationale. Les engagements, disais-je alors, ne valent pas grand chose quand manque la volonté de les tenir. La Charte de l’Organisation des Nations Unies exprime les plus nobles aspirations de l’homme : la renonciation à la force pour régler les dissensions entre états ; le respect pour tous des droits et des libertés fondamentaux de l’homme, sans distinction de race, de sexe, de langue ni de religion ; la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales.

Mais tout cela, comme l’étaient les termes du Pacte, ne sont que des mots : leur valeur dépend entièrement de notre volonté de les observer, les respecter et de leur donner contenu et sens. Préserver la paix et garantir les droits et les libertés fondamentaux de l’homme demande du courage et une vigilance permanente : avoir le courage de parler et d’agir – et si nécessaire, de souffrir et mourir – pour la vérité et la justice ; une vigilance permanente pour que ne reste pas inaperçue et sans remêde la moindre atteinte à la moralité internationale. Ces leçons doivent être réapprises à nouveau par chaque génération successive, et bienheureuse la génération qui peut apprendre des autres plutôt que d’une expérience personnelle amêre. Cette Organisation et chacun de ses membres portent une responsabilité écrasante et terrifiante : celle d’assimiler la sagesse qu’enseigne l’histoire et de l’appliquer aux problêmes du présent, afin que les générations futures puissent naître, vivre et mourir en paix.
Le bilan de ce que l’ONU a réalisé dans les courtes années de son existence offre une base solide, encourageante et pleine d’espoir pour le futur. L’ONU a osé agir là où la Société des Nations n’avait pas osé le faire en Palestine, en Corée, à Suez, au Congo. Il n’est personne aujourd’hui parmi nous qui ne compte sur les réactions de cette institution lorsque les motifs et les actes sont en question. L’avis de cette Organisation exerce aujourd’hui une influence certaine sur les décisions de ses membres. Le coup de projecteur en direction de l’opinion mondiale braqué par l’ONU sur les transgressions commises par les renégats de la société humaine a constitué jusqu’à présent une sauvegarde effective contre l’agression non réprimée et la violation sans freins des droits de l’homme.

L’ONU continue d’être ce forum auprès duquel les nations dont les intérêts divergent peuvent exposer leur cas devant l’opinion mondiale. Elle constitue toujours la valve de sécurité essentielle, sans laquelle la lente accumulation des pressions aurait depuis longtemps explosé de façon catastrophique. Ses actes et ses décisions ont hâté la libération de nombreux peuples dans les continents d’Afrique et d’Asie. Ses efforts ont contribué à améliorer le niveau de vie des peuples aux quatre coins du monde.
De cela, tous les hommes doivent être reconnaissants. Vus d’aujourd’hui, comme les souvenirs de 1936 semblent vagues et lointains ! Comme les attitudes des hommes ont changé ! Nous vivions alors dans une atmosphère de pessimisme oppressant. Aujourd’hui, l’esprit qui prévaut est un optimisme prudent mais ferme. Pourtant, chacun de nous ici sait que ce qui a été accompli ne suffit pas.
Les jugements rendus par l’ONU sont et continuent d’être décevants dans la mesure où certains états membres n’ont pas tenu compte de ses injonctions et de ses recommandations. Les ressorts de l’ONU ont été affaiblis dans la mesure où certains des états membres ont failli à leurs obligations envers elle. L’autorité de l’ONU a été bafouée dans la mesure où certains états membres ont continué à poursuivre leurs propres objectifs en violation de ses injonctions. Les problèmes qui continuent à nous tourmenter contaminent tous les états membres de l’Organisation, mais l’ONU elle-même reste incapable d’imposer des solutions acceptables. En tant que source et rempart du droit international, ce que l’ONU a accompli reste encore éloigné de notre but, constituer une communauté internationale de nations.
Cela ne veut pas dire que l’ONU a échoué. J’ai vécu trop longtemps pour nourrir beaucoup d’illusions quant à la grandeur d’âme des hommes une fois confrontés à la question du contrôle de leur sécurité, et de leurs intérêts propres. Même encore maintenant, où tout est si fragile, beaucoup de nations répugnent à remettre leur destinée en d’autres mains.
Pourtant, tel est l’ultimatum qui se présente à nous : renforcer la sécurité des conditions par lesquelles les hommes remettront leur sécurité entre les mains d’une entité plus large, ou risquer l’anéantissement ; convaincre les hommes que leur seul salut réside en la subordination de leurs intérêts nationaux et locaux aux intérêts de l’humanité, ou bien mettre en péril le futur de l’homme. Tels sont les objectifs, hier inaccessibles, aujourd’hui essentiels, auxquels il nous faut travailler.
Tant que cela ne sera pas réalisé, le futur de l’humanité restera hasardeux et la paix durable pure spéculation. Il n’existe aucune formule magique particuliêre, aucune étape simple à franchir, ni aucuns mots – qu’ils soient inscrits dans la Charte de l’ONU, ou dans un traité entre états – qui puissent nous donner automatiquement la garantie que nous recherchons. La paix est un problême à résoudre au jour le jour, le produit d’une multitude d’événements et de jugements. La paix n’est pas un « état » , elle est un « devenir ». Nous ne pouvons pas échapper à la terrifiante probabilité d’une catastrophe due à des erreurs de pronostic, mais nous pouvons prendre les bonnes décisions sur une foule de problèmes particuliers que pose chaque jour nouveau, et contribuer ainsi, et peut-être de la seule façon raisonnable en 1963, à la préservation de la paix. C’est en cela que l’ONU nous a rendu service, pas parfaitement, mais bien . En même temps que nous consolidons les formes qui permettront à l’Organisation de mieux nous servir, nous servons et rendons plus proches nos objectifs les plus précieux.
J’aimerais mentionner aujourd’hui brièvement deux cas particuliers qui nous concernent tous, nous humains : le désarmement et l’établissement d’une vraie égalité entre les hommes. Le désarmement est devenu l’urgence de notre époque. Je ne veux pas dire par là que je croie que l’absence d’armes équivale à la paix, ni que mettre fin à l’armement nucléaire garantisse automatiquement la paix, ni que l’élimination des têtes nucléaires des arsenaux du monde amênera dans son sillage le changement d’attitude qui est le préalable indispensable au rêglement pacifique des querelles entre nations. Si le désarmement est vital aujourd’hui, c’est tout simplement à cause des immenses capacités destructrices dont disposent actuellement les hommes.
L’éthiopie soutient le Traité interdisant les essais nucléaires dans l’atmosphère en tant qu’étape vers ce but, même si ce n’est qu’une étape partielle. Les nations peuvent toujours mettre au point des armes de destruction massive avec des essais souterrains, il n’y a aucune garantie contre la reprise soudaine et sans préavis des tests atmosphériques.
La vraie portée du Traité est de mettre en place un gel tacite entre les nations qui l’ont négocié, un gel qui prend acte de cette réalité brutale à laquelle on ne peut se soustraire : personne n’échapperait à la destruction totale qui serait notre sort commun en cas de guerre nucléaire, un gel qui nous offre à nous et aux Nations unies un espace de respiration dans lequel agir.
Telle est l’opportunité qui s’offre à nous et le défi qui nous est lancé. Si les puissances nucléaires sont prêtes à déclarer une trêve, profitons-en pour renforcer les institutions et les procédures qui offriront le moyen de régler les conflits entre les hommes. Il y aura toujours de nouveaux conflits entre les nations. Le problème qui se pose en réalité est de savoir s’ils doivent être résolus par la force, ou bien par le recours à des procédures et des méthodes pacifiques, appliquées par des institutions impartiales. L’ONU est elle-même la plus grande de ces institutions, ce sont des Nations unies plus puissantes que nous recherchons, et c’est là que nous trouverons l’assurance d’un futur pacifique.
Si un désarmement réel et effectif était atteint, et que les fonds actuellement dépensés pour l’armement étaient consacrés à l’amélioration de la vie des hommes, si nous nous consacrions exclusivement aux usages pacifiques du savoir nucléaire, combien profondément et rapidement nous pourrions transformer les conditions de l’humanité ! Ce devrait être notre objectif.
Pour ce qui est de l’égalité entre les hommes, là aussi il y a un défi et une opportunité à saisir ; le défi est d’insuffler une vie nouvelle aux idéaux déjà inscrits dans la Charte, l’opportunité est de rapprocher les hommes de la liberté et de la vraie égalité, et par conséquent de l’amour de la paix.
L’égalité entre les hommes que nous visons est à l’opposé de l’exploitation d’un peuple par un autre, dont les pages de l’histoire, et en particulier celles écrites sur les continents d’Afrique et d’Asie, nous parlent si abondamment. L’exploitation ainsi considérée présente plusieurs aspects, mais quelque soit la forme qu’il prenne, ce fléau doit être évité là où il n’existe pas et éradiqué là où il existe. L’ONU a pour devoir sacré de garantir que le rêve d’égalité finisse par être réalisé pour tous les hommes auxquels il est encore dénié, et de garantir que l’exploitation ne renaisse pas sous de nouvelles formes là où elle a déjà été abolie.
Qu’une Afrique libre ait émergé dans la décade passée a été un coup de plus porté à l’exploitation, là où elle existe encore. Et en une interaction si fréquente dans l’histoire, cela a en retour stimulé et encouragé les peuples laissés dans la dépendance à renouveler leurs efforts pour secouer le joug qui les a oppressés et pour revendiquer comme droit de naissance les deux idéaux jumeaux de liberté et d’égalité. Ce seul combat est un combat pour établir la paix, et tant que la victoire ne sera pas assurée, la fraternité et la compréhension entre les peuples qui seules nourrissent et donnent vie à la paix, ne pourront être que partielles et incomplêtes.
Aux Etats-Unis d’Amérique, l’administration du Président Kennedy mène une lutte vigoureuse pour éradiquer les derniers vestiges de la discrimination raciale de son pays. Nous savons que ce combat sera gagné et que le droit triomphera. En ces temps d’épreuves, de tels efforts doivent être encouragés et soutenus, et nous devrions accorder aujourd’hui notre sympathie et notre soutien au gouvernement américain.
En mai dernier, à Addis-Abeba, fût convenu une rencontre entre Chefs d’état et Gouvernements Africains. En trois jours, les 32 nations représentées à cette Conférence ont démontré au monde que, lorsque le désir et la détermination existent, les nations et les peuples venus d’horizons différents peuvent et pourront travailler ensemble en harmonie, à la réalisation d’objectifs communs et à la garantie de l’égalité et de la fraternité que nous désirons.
Bien que nos positions vis-à-vis des deux blocs soient considérées comme neutres, notre histoire atteste du fait que nous nous sommes toujours efforcés de coopérer avec toutes les nations sans exception. Ainsi, un des principes fondamentaux sur lequel nous nous sommes mis d’accord au Sommet d’Addis-Abeba est notre désir fondamental de vivre en harmonie et en coopération avec tous les états.
à propos de la discrimination raciale, la conférence d’Addis-Abeba à enseigné à ceux qui veulent apprendre cette autre leçon :
Tant que la philosophie qui fait la distinction entre une race supérieure et une autre inférieure ne sera pas finalement et pour toujours discréditée et abandonnée ; tant qu’il y aura encore dans certaines nations des citoyens de première et de seconde classe ; tant que la couleur de la peau d’un homme n’aura pas plus de signification que la couleur de ses yeux ; tant que les droits fondamentaux de l’homme ne seront pas également garantis à tous sans distinction de race ; Jusqu’à ce jour le rêve d’une paix durable, d’une citoyenneté mondiale et d’une rêgle de moralité internationale, ne restera qu’une illusion fugitive que l’on poursuit sans jamais l’atteindre. Et tant que les régimes ignobles et sinistres qui tiennent en esclavage nos frêres en Angola, Mozambique et Afrique du Sud n’auront pas été renversés et détruits ; et tant que le fanatisme, les préjugés, la malveillance et les intérêts personnels n’auront pas été remplacés par la compréhension, la tolérance et la bonne volonté ; tant que tous les africains ne pourront pas se lever et s’exprimer comme des êtres humains libres, égaux aux yeux de tous les hommes comme ils le sont aux yeux de Dieu ; jusqu’à ce jour, le continent africain ne connaîtra pas la paix. Nous Africains, nous battrons si nécessaire, et nous savons que nous vaincrons, tant nous avons confiance en la victoire du bien sur le mal.
L’ONU
a beaucoup fait, aussi bien directement qu’indirectement, pour
accélérer la disparition de la discrimination et de l’oppression sur
terre. Sans l’opportunité qu’elle offre de concentrer l’opinion mondiale
sur l’Afrique et l’Asie, l’objectif serait resté pour beaucoup encore
très lointain, et le combat aurait pris encore plus de temps. De cela,
nous sommes réellement reconnaissants.
Mais on peut faire
plus. La base de la discrimination raciale et du colonialisme a toujours
été économique, et c’est avec des armes économiques que ces fléaux ont
été et peuvent être surmontés. A la suite des résolutions adoptées à la
Conférence au Sommet d’Addis-Abeba, les états Africains ont pris
plusieurs mesures économiques, qui – si elles étaient adoptées par tous
les états membres des Nations unies – transformeraient rapidement
l’intransigeance en raison. Je demande aujourd’hui que chaque nation
représentée ici prouve son attachement aux principes énoncés par la
Charte en adhérant à ces mesures.
Je ne crois pas que le
Portugal ni l’Afrique du Sud soient prêts au suicide, qu’il soit
physique ou économique, s’il existe à cela des alternatives honorables
et raisonnables. Je crois que de telles alternatives peuvent être
trouvées. Mais je sais aussi que les conseils en faveur de la modération
et de la tempérance ne seront rien si l’on n’a pas trouvé de solutions
pacifiques ; et ce serait là un nouveau coup infligé à cette
Organisation, qui freinerait et affaiblirait toujours plus son utilité
dans la lutte pour assurer la victoire de la paix et de la liberté sur
les forces de la dissension et de l’oppression. Telle est maintenant
l’opportunité qui se présente à nous. Nous devons agir pendant que nous
le pouvons, pendant que l’occasion existe d’exercer les pressions
légitimes qui sont entre nos mains, de peur que le temps ne passe et ne
nous pousse à recourir à des procédés moins heureux.
L’ONU
possède-t-elle aujourd’hui l’autorité et la volonté d’agir ? Et si elle
n’en dispose pas, sommes-nous prêts à lui conférer le pouvoir de créer
et de renforcer le droit ? Où bien la Charte n’est-elle qu’une simple
collection de mots, sans contenu ni substance, parce que manque l’esprit
? Le temps qui nous reste pour poser ces questions est déjà trop court.
L’histoire est remplie de pages qui nous montrent que les événements
indésirables que l’on voulait éviter sont arrivés parce que les hommes
ont attendu pour agir qu’il soit trop tard. Nous ne pouvons nous
permettre un tel délai.
Si nous voulons survivre, cette
Organisation doit survivre. Pour survivre, elle doit être renforcée. Son
pouvoir exécutif doit être investi d’une grande autorité. Les moyens
permettant de donner plus de poids à ses décisions doivent être
renforcés, et s’ils n’existent pas, inventés. Il faut établir des
procédures pour protéger le petit et le faible lorsqu’il est menacé par
le fort et le puissant. Toutes les nations remplissant les conditions de
membres doivent être admises et autorisées à siéger à cette Assemblée.
L’égalité de représentation doit être assurée dans chacun de ses
organes. Toutes les possibilités qu’offre l’ONU de trouver un moyen par
lequel l’affamé serait nourri, le nu habillé, l’ignorant instruit,
doivent être évaluées et exploitées car la fleur de la paix ne se
nourrit pas de pouvoir ni de cupidité. Réaliser cela exige du courage et
de la confiance. Le courage, je crois, nous l’avons. La confiance doit
être créée, et pour créer la confiance, nous devons agir courageusement.
Les
grandes nations du monde feraient bien de se souvenir qu’en ces temps
modernes, même leur propre destin n’est pas entièrement entre leurs
mains. La paix réclame les efforts réunis de nous tous. Qui peut prévoir
quelle étincelle mettrait le feu aux poudres ? Les petits et les
faibles ne sont pas les seuls à devoir observer scrupuleusement leurs
obligations envers l’ONU, et les uns envers les autres. Tant que les
plus petites nations ne se verront pas attribuer une voix propre dans le
règlement des problèmes mondiaux, tant que l’égalité que l’Afrique et
l’Asie ont conquise par la lutte ne sera pas reflétée dans une
participation élargie à l’institution que représente l’ONU, la confiance
sera d’autant plus difficile à obtenir. Tant que les droits du dernier
des hommes ne seront pas protégés avec autant de zèle que ceux du plus
grand, les graines de la confiance échoueront sur un sol stérile.
Le
sort de chacun de nous est le même – la vie ou la mort. Nous souhaitons
tous vivre. Nous tous un monde où les hommes seraient libérés des
fardeaux de l’ignorance, de la pauvreté, de la faim et de la maladie. Et
nous aurons tous hâte d’échapper à la pluie mortelle des retombées
nucléaires si la catastrophe s’abattait sur nous.
Lorsque j’ai
parlé à Genêve en 1936, le fait qu’un Chef d’état s’adresse à la
Société des Nations était sans précédent. Je ne suis ni le premier ni ne
serai le dernier Chef d’état à s’adresser à l’ONU, mais moi seul me
suis adressé à la fois à la Société des Nations et à l’ONU à ce titre.
Les problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés sont eux aussi
sans précédent. Ils n’ont pas de contre-partie dans l’expérience
humaine. Les hommes recherchent dans l’histoire des solutions et des
précédents mais il n’y en a pas. Ceci est donc le défi suprême. Où
devons-nous chercher comment survivre, comment répondre à des questions
qui n’ont encore jamais été posées ? Nous devons nous tourner d’abord du
côté de Dieu tout puissant Qui a élevé l’homme au dessus des animaux et
l’a doté d’intelligence et de raison. Nous devons avoir foi en Lui, et
qu’Il ne va pas nous abandonner ou nous permettre de détruire l’humanité
qu’Il a créée à Son image. Et nous devons regarder en nous-mêmes, dans
les profondeurs de nos âmes. Nous devons devenir ce que nous n’avons
jamais été et ce à quoi notre éducation, notre expérience et notre
environnement nous a très mal préparé. Nous devons être plus grands que
ce que nous avons été : plus courageux, avec une plus grande ouverture
d’esprit et une vision plus large. Nous devons devenir les membres d’une
nouvelle race, dépasser nos préjugés insignifiants, faire notre ultime
allégeance non pas aux nations, mais à nos semblables au sein de la
communauté humaine.
Hailé Sélassié Ier
le 6 Octobre 1963

Le discours contre les exactions italiennes fascistes… à la SDN
(GENEVE : 30 Juin 1936).
« Moi, Haile Selassie Ier, Empereur d’Ethiopie, je suis aujourd’hui ici pour réclamer la justice, qui est due à mon peuple, et l’assistance qui lui a été promise il y a huit mois, lorsque 50 nations affirmèrent qu’une agression avait été commise en violation des traités internationaux. Il n’y a pas de précédent pour un chef d’Etat de parler lui-même devant cette assemblée. Mais, il est aussi sans exemple pour un peuple d’être victime d’une telle injustice et d’être à présent menacé d’abandon à son agresseur. Par ailleurs, il n’y a jamais eu auparavant un exemple de gouvernement procédant à l’extermination systématique d’un peuple par des moyens barbares, en violation des promesses les plus solennelles faites aux nations du monde, de ne point recourir à une guerre de conquête, et de ne point user du terrible poison des gaz nocifs contre des êtres humains innocents. C’est pour défendre un peuple qui lutte pour son indépendance millénaire que le chef de l’Empire d’Ethiopie est venu à Genève pour remplir ce devoir suprême, après avoir lui-même combattu à la tête de ses armés.
Je prie Dieu Tout Puissant d’épargner aux nations les terribles supplices que mon peuple vient de subir, et dont les chefs qui m’accompagnent ici ont été les témoins horrifiés. J’ai le devoir d’informer les Gouvernements assemblés à Genève, puisse qu’ils sont responsables des vies de millions d’hommes, des femmes et d’enfants, du danger mortel qui les menace, en leur décrivant le sort que l’Ethiopie a souffert.
Ce n’est pas seulement aux guerriers que le Gouvernement italien a fait la guerre ; il s’est surtout attaqué aux populations éloignées des hostilités, de manière à les terroriser et les exterminer.
Au début, vers la fin de l’année 1935, l’aviation italienne a lancé des bombes à gaz lacrymogène contre mon armée. Leurs effets n’étaient que légers. Les soldats apprirent à se disperser en attendant que le vent eut rapidement dissipé les gaz toxiques. L’aviation italienne recourut alors à l’ypérite. Des fûts de liquides furent jetés sur ces groupes armés. Mais ce moyen fut également inefficace, le liquide eu des effets sur quelques soldats seulement et les barils sur le terrain étaient eux-mêmes un avertissement du péril pour les troupes et la population.
C’est au moment de l’opération pour l’encerclement de Makalé que le commandement italien, craignant une déroute suivit la procédure dont j’ai aujourd’hui le devoir de dénoncer au monde. Des pulvérisateurs spéciaux furent installés à bord des avions de sorte qu’ils pouvaient vaporiser, sur des vastes régions du territoire, une pluie fine et fatale. Des groupes de 9, 15, 18 avions se suivaient les uns les autres de manière que le brouillard émis par chacun d’eux formait une nappe continue. C’est ainsi que, dès la fin du mois de Janvier 1936, des soldats, des femmes, des enfants, du bétail, des rivières, des lacs et des pâturages furent continuellement arrosés par cette pluie mortelle ; de façon à tuer systématiquement toute créature vivante et d’empoisonner les eaux et les pâturages, le commandement italien avait fait survoler ses avions sur nous à maintes reprises. C’était là sa méthode de guerre principale.
La subtilité même de la barbarie consistait à entraîner dévastation et terreur dans les endroits du territoire les plus densément peuplés et les points les plus éloignés de la scène des hostilités. Le but étant de semer l’épouvante et la mort sur une grande partie du territoire éthiopien. Ces tactiques effrayantes réussirent : des hommes et des animaux succombèrent. La pluie mortelle qui tombait des avions faisait hurler, tous ceux qu’elle atteignait, emportés par la douleur. Tous ceux qui burent de l’eau empoisonnée ou mangèrent de la nourriture infectée moururent dans d’atroces souffrances. Par dizaines de milliers, les victimes du gaz ypérite italien tombèrent. C’est pour dénoncer au monde civilisé les tortures infligées au peuple éthiopien que j’ai décidé de venir à Genève. Nul autre que moi et mes braves compagnons d’armes ne pouvaient en apporter la preuve indéniable à la Société des Nations, mes délégués n’avaient pas été témoins et leurs appels restaient sans réponse. C’est pourquoi j’ai décidé de venir moi-même pour porter témoignage des crimes perpétrés contre mon peuple et donner à l’Europe un avertissement du sort qui lui est réservé, si elle devait s’incliner devant le fait accompli. Est-il nécessaire de rappeler à l’Assemblée les diverses phases du drame éthiopien? Au cours des vingt années écoulées, soit en tant qu’Héritier Présomptif, Régent de l’Empire ou Empereur, je n’ai jamais cessé de faire tout mon possible pour amener mon pays à la civilisation, et en particulier, d’établir des relations de bon voisinage avec les puissances limitrophes. J’ai réussi notamment à conclure avec l’Italie le Traité d’Amitié de 1928, qui interdisait absolument le recours sous aucun prétexte quel qu’il soit, au poids des armes, remplaçant par la force et la tension la conciliation et la pression ainsi que l’arbitrage sur lesquels les nations civilisés ont basé l’ordre mondial.
Dans son rapport du 5 Octobre 1935, le Comité des Treize a reconnu mes efforts et les résultats que j’avais obtenus. Les gouvernements pensaient que l’entrée de l’Ethiopie dans la Société (SDN) tout en donnant à ce pays une nouvelle garantie pour le maintien de son intégrité territoriale et de son indépendance, l’aidera à atteindre un niveau supérieur de civilisation. Il ne semble pas que, dans l’Ethiopie d’aujourd’hui il y ai plus de désordre et d’insécurité qu’en 1923. Au contraire, le pays est plus uni et le pouvoir central est mieux respecté. J’aurais dû procuré encore plus de résultat à mon peuple, si des obstacles de toute nature n’avait pas été mis en route par le gouvernement italien, le gouvernement qui a suscité la révolte et armé les rebelles. En vérité, le gouvernement de Rome, comme il l’a ouvertement proclamé aujourd’hui, n’a jamais cessé de se préparer à la conquête de l’Ethiopie. Les traités d’amitié qu’il a signé avec moi n’étaient pas sincères, leur seul but était de me cacher sa véritable intention. Le gouvernement italien affirme que pendant 14 ans, il a préparé la conquête actuelle. Par conséquent, il reconnaît aujourd’hui que lorsqu’il a soutenu l’admission de l’Éthiopie à la Société des Nations en 1923, lorsqu’il a conclu le Traité d’amitié en 1928, lorsqu’il a signé le Pacte de Paris interdisant la guerre, il trompait le monde entier. Le gouvernement éthiopien a, dans ces traités solennels, donné des garanties supplémentaires de sécurité qui lui permettrait de réaliser de nouveaux progrès sur la voie spécifique de la réforme sur laquelle il s‘est engagé, et à laquelle il consacrait toutes ses forces et tout son cœur.
L’incident de Wal-Wal, en Décembre 1934, est venu comme un coup de tonnerre pour moi. La provocation italienne était évidente et je n’ai pas hésité à faire appel à la Société des Nations. J’ai invoqué les dispositions du traité de 1928, les principes du Pacte; j’ai demandé la procédure de conciliation et d’arbitrage. Malheureusement pour l’Ethiopie ce fut le moment où un certain gouvernement a estimé que la situation européenne faisait qu’il était impératif à tout prix d’obtenir l’amitié de l’Italie. Le prix payé était l’abandon de l’indépendance de l’Éthiopie à la cupidité du gouvernement italien. Cet accord secret, contraire aux obligations du Pacte, a exercé une grande influence sur le cours des événements. L’Ethiopie et le monde entier ont souffert et souffrent encore aujourd’hui de ses conséquences désastreuses. Cette première violation du Pacte a été suivi par beaucoup d’autres. Sentiment lui-même encouragé dans sa politique contre l’Éthiopie, le gouvernement de Rome fébrilement a fait des préparatifs de guerre, en pensant que la pression concertée qui commençait à être exercées sur le gouvernement éthiopien, ne pourrait peut-être pas vaincre la résistance de mon peuple à la domination italienne. Le moment allait venir, ainsi toutes sortes de difficultés ont été placées sur la voie en vue de briser la procédure; de conciliation et d’arbitrage. Tous les types d’obstacles ont été placés sur la voie de cette procédure. Les gouvernements ont tenté d’empêcher le gouvernement éthiopien de trouver des arbitres parmi leurs ressortissants: une fois que le tribunal arbitral a été constitué des pressions ont été exercée afin qu’une sentence favorable à l’Italie soit accordée. Tout cela fut en vain: les arbitres, dont deux étaient des agents italiens, ont été forcés de reconnaître à l’unanimité que, dans l’incident Wal-Wal, ainsi que lors des incidents ultérieurs, aucune responsabilité internationale devait être attribuée à l’Éthiopie.
Suite à cette attribution, le gouvernement éthiopien pensait sincèrement que l’ère des relations amicales pourraient être ouvertes avec l’Italie. J’ai loyalement offert ma main au gouvernement romain. L’Assemblée a été informée par le rapport de la commission des Treize, en date du 5 Octobre 1935, des détails des événements qui ont eu lieu après le mois de Décembre 1934, et jusqu’au 3 Octobre 1935. Il suffira que je cite quelques-unes des conclusions de ce rapport numéros 24, 25 et 26 « Le mémorandum italien (contenant les plaintes formulées par l’Italie) a été mis sur la table du Conseil le 4 Septembre 1935, alors que le premier appel de l’Éthiopie au Conseil avait été fait le 14 Décembre 1934. Dans l’intervalle entre ces deux dates, le gouvernement italien s’est opposé à l’examen de la question par le Conseil au motif que la seule procédure appropriée était celle prévue dans le traité italo-éthiopien de 1928. Tout au long de cette période, en outre, l’envoi de troupes italiennes en Afrique orientale est en cours. Ces envois de troupes étaient présentés au Conseil par le gouvernement italien comme nécessaire pour la défense de ses colonies menacées par les préparatifs de l’Éthiopie. L’Ethiopie , au contraire, a attiré l’attention sur les déclarations officielles faites en Italie qui, à son avis, ne laissait aucun doute « sur les intentions hostiles du gouvernement italien. »
Dès le début du conflit, le gouvernement éthiopien a demandé un règlement par des moyens pacifiques. Il a fait appel aux procédures du Pacte. Le gouvernement italien désireux de s’en tenir strictement aux procédures du traité italo-éthiopien de 1928, le gouvernement éthiopien consentis. Il a invariablement déclaré qu’il exécuterait fidèlement la sentence arbitrale, même si la décision allait contre elle. Il était convenu que la question de la propriété de Wal-Wal ne devraient pas être traitées par les arbitres, parce que le gouvernement italien ne serait pas d’accord pour un tel recours. Il a demandé au Conseil l’envoi d’observateurs neutres et offerts de se prêter à toute demande de renseignements sur lesquels le Conseil pourrait décider.
Une fois que les différends de Wal-Wal ont été réglés par arbitrage, le Gouvernement Italien a présenté son mémorandum détaillé au Conseil à l’appui de sa revendication de liberté d’action. Il a affirmé qu’un cas comme celui de l’Ethiopie ne peut être réglé par les moyens prévus par le Pacte. Il a déclaré que, « depuis que cette question affecte les intérêts vitaux et est d’une importance primordiale à la sécurité et à la civilisation italienne » cela « serait manqué à son devoir le plus élémentaire, de ne pas cesser une fois pour toutes de placer quelque confiance en l’Ethiopie, en se réservant la pleine liberté d’adopter des mesures qui pourraient s’avérer nécessaires pour assurer la sécurité de ses colonies et de préserver ses propres intérêts ».
Ce sont les termes du rapport du Comité des Treize, le Conseil et l’Assemblée a adopté à l’unanimité la conclusion que le gouvernement itald’agression. Je n’ai pas hésité à déclarer que je n’ai pas voulu la guerre, qu’elle m’a été imposé, et je lutte uniquement pour l’indépendance et l’intégrité de mon peuple, et que dans cette lutte j’étais le défenseur de la cause de tous les petits États exposés à la convoitise d’un voisin puissant. En Octobre1935, les 52 nations qui sont à mon écoute aujourd’hui, m’ont donné l’assurance que l’agresseur ne triompherait pas, que les ressources du Pacte seraient employés afin d’assurer le règne du droit et l’échec de la violence.
Je demande aux cinquante-deux nations de ne pas oublier aujourd’hui la politique sur laquelle ils se sont engagés il y a huit mois, et sur la foi de laquelle je dirigeais la résistance de mon peuple contre l’agresseur qu’ils avaient dénoncé au monde. Malgré l’infériorité de mes armes, l’absence complète d’avions, d’artillerie, de munitions, de services hospitaliers, ma confiance dans la Société (SDN) était absolue. Je pensais qu’il était impossible que cinquante-deux nations, y compris le plus puissant du monde, soit vaincu avec succès par un agresseur unique. Ayant foi en raison des traités, je n’avais effectué aucune préparation à la guerre, et c’est le cas avec certains petits pays en Europe.
Lorsque le danger devenait plus pressant, en étant conscient de mes responsabilités envers mon peuple, au cours des six premiers mois de 1935, j’ai essayé d’acquérir des armements. De nombreux gouvernements ont proclamé un embargo pour empêcher mon action, alors que pour le gouvernement italien par le canal de Suez, a été donné toutes les facilités pour le transport sans interruption et sans protestation, des troupes, armes et munitions.
Le 3 Octobre 1935, les troupes italiennes ont envahi mon territoire. Quelques heures plus tard seulement je décrétais la mobilisation générale. Dans mon désir de maintenir la paix j’avais, suivant l’exemple d’un grand pays en Europe à la veille de la Grande Guerre, fais retirer mes troupes de 30 km afin d’ôter tout prétexte de provocation. La guerre a ensuite eu lieu dans les conditions atroces que j’ai exposé devant l’Assemblée. Dans ce combat inégal entre un gouvernement commandant plus de quarante-deux millions d’habitants, ayant à sa disposition des moyens financiers, industriels et techniques qui lui ont permis de créer des quantités illimitées d’armes les plus mortifères, et, d’autre part, un petit peuple de douze millions d’habitants, sans armes, sans ressources ayant de son côté que la justice de sa propre cause et la promesse de la Société des Nations. Quelle aide réelle a été accordée à l’Éthiopie par les cinquante-deux nations qui avait déclaré le gouvernement de Rome coupable d’une violation du Pacte et se sont engagés à empêcher le triomphe de l’agresseur? A chacun des États Membres, comme c’était leur devoir de le faire en vertu de la signature apposée sur l’article 15 du Pacte, devaient considéré l’agresseur comme ayant commis un acte de guerre dirigé personnellement contre eux-mêmes? J’avais mis tous mes espoirs dans l’exécution de ces engagements. Ma confiance a été confirmée par les déclarations répétées du Conseil sur le fait que l’agression ne doit pas être récompensé, et que la force finirait par être obligé de s’incliner devant le droit.
En Décembre 1935, le Conseil a clairement indiqué que ses sentiments étaient en harmonie avec celles de centaines de millions de personnes qui, dans toutes les régions du monde, avait protesté contre la proposition visant à démembrer l’Éthiopie. Il a été constamment répété qu’il n’y avait pas seulement un conflit entre le gouvernement italien et la Ligue des Nations, et c’est pourquoi j’ai personnellement refusé toutes les propositions à mon avantage personnel qui m’ont été faite par le gouvernement italien, si seulement je trahissais mon peuple et le Pacte de la Société des Nations. J’ai défendu la cause de tous les petits peuples qui sont menacés d’agression.
Que sont devenus les promesses m’ont été faites il ya longtemps, comme en Octobre 1935? J’ai noté avec tristesse, mais sans surprise que les trois puissances considéraient leurs engagements en vertu du Pacte comme absolument sans valeur. Leurs liens avec l’Italie les a poussé à refuser de prendre toutes les mesures qui soit pour faire cesser l’agression italienne. Au contraire, cela a été une profonde déception pour moi d’apprendre l’attitude d’un certains gouvernement qui, tout en protestant de son attachement le plus scrupuleux au Pacte, a utilisé sans relâche tous ses efforts pour empêcher son respect. Dès qu’une mesure qui était susceptible d’être rapidement efficace était proposé, divers prétextes ont été conçus afin de reporter l’examen de la mesure en question. Les accords secret de Janvier 1935, prévoyaient-ils cette obstruction infatigable? Le gouvernement éthiopien n’attendais pas des autres gouvernements qu’ils viennent verser le sang de leurs soldats pour défendre le Pacte lorsque leurs intérêts personnels immédiat n’étaient pas en jeu. Les guerriers éthiopiens demandaient uniquement les moyens de se défendre. À de nombreuses reprises, j’ai demandé une aide financière pour l’achat d’armes. Cette aide m’a été constamment refusé. Qu’est donc, en pratique, le sens de l’article 16 du Pacte et la sécurité collective?
L’utilisation par le Gouvernement éthiopien de la voie ferrée de Djibouti à Addis-Abeba a été en pratique une situation dangereuse en ce qui concerne le transport d’armes destinées aux forces éthiopiennes. A l’heure actuelle c’est le principal, sinon le seul moyen de ravitaillement des armées d’occupation italienne. Les règles de neutralité aurait dû interdire les transports destinés aux forces italiennes, mais il n’y a même pas de neutralité, depuis que l’article 16 fixe à chaque État membre de la Société le droit de ne pas rester neutre, mais de venir en aide non pas à l’agresseur, mais à la victime d’une agression. Le Pacte a t-il été respecté? Est-il aujourd’hui respecté?
Enfin une déclaration vient juste d’être faite dans leurs parlements par les gouvernements de certaines puissances, parmi eux les membres les plus influents de la Société des Nations, que, depuis que l’agresseur a réussi à occuper une grande partie du territoire éthiopien ils proposent de ne pas poursuivre l’application des mesures économiques et financières qui peuvent avoir été décidé à l’encontre du gouvernement italien. Ce sont les circonstances dans lesquelles, à la demande du Gouvernement argentin, l’Assemblée de la Société des Nations se réunit pour examiner la situation créée par l’agression italienne. J’affirme que le problème soumis à l’Assemblée aujourd’hui est beaucoup plus large. Ce n’est pas simplement une question de règlement de l’agression italienne.
Il en est de la sécurité collective: c’est l’existence même de la Société des Nations. C’est la confiance que chaque État place dans les traités internationaux. C’est la valeur des promesses faites aux petits États que leur intégrité et leur indépendance doit être respecté et garanti. C’est le principe de l’égalité des États d’une part, ou l’obligation qui incombe aux petites puissances d’accepter les liens de vassalité. En un mot, c’est la morale internationale qui est en jeu. Les signatures apposées sur un traité ont-elles de la valeur que dans la mesure où les Puissances signataires ont un intérêt personnel, direct et immédiat en cause? Aucune subtilité ne peut changer le problème ou modifier la base de la discussion. C’est en toute sincérité que je soumets ces considérations à l’Assemblée. Au moment où mon peuple est menacé d’extermination, lorsque le soutien de la Ligue peut parer le coup final, qu’il me soit permis de parler avec une entière franchise, sans réticence, en toute franchise comme cela est exigé par la règle de l’égalité entre tous les États Membres de la Ligue?
Outre le Royaume du Seigneur, il n’est pas sur cette terre une nation qui est supérieure à une autre. S’il arrive qu’un gouvernement fort estime qu’il peut impunément détruire un peuple faible, alors que l’heure sonne pour que les gens faibles de faire appel à la Société des Nations pour rendre son jugement en toute liberté. Dieu et l’histoire se souviendront de votre jugement.
J’ai entendu affirmer que les sanctions insuffisantes déjà appliquées n’ont pas atteint leur but. A aucun moment, et en aucun cas des sanctions qui ont été intentionnellement insuffisantes, intentionnellement mal appliquée, pourrait arrêter un agresseur. Ce n’est pas un cas d’impossibilité d’arrêter l’agresseur, mais du refus d’arrêter l’agresseur. Lorsque l’Éthiopie a demandé, et demande, qu’elle devrait recevoir une aide financière, la mesure était impossible à appliquer alors que l’aide financière de la Société a été accordée, même en temps de paix, à deux pays et exactement à deux pays qui ont refusé d’appliquer des sanctions contre l’agresseur? Face à de nombreuses violations par le gouvernement italien de tous les traités internationaux qui interdisent le recours aux armes, et l’utilisation de méthode de guerre barbare, il est de mon pénible devoir de constater que l’initiative a été prise aujourd’hui, en vue d’augmenter les sanctions. Est ce que cette initiative ne signifie pas dans la pratique l’abandon de l’Ethiopie à l’agresseur? A la veille même du jour où je m’apprêtais à tenter un effort suprême pour la défense de mon peuple devant cette Assemblée, n’est ce pas par cette initiative priver l’Ethiopie d’une de ses dernières chances de réussir à obtenir le soutien et la garantie des Etats membres? Est-ce ce que la direction de la Société des Nations et de chacun des États Membres sont en droit d’attendre des grandes puissances quand ils font valoir leur droit et leur devoir de guider l’action de la Ligue? Placé par l’agresseur face à face avec le fait accompli, les États sont-ils en train de mettre en place le précédent terrible de s’incliner devant la force?
Votre Assemblée aura sans doute prévue auparavant des propositions pour la réforme du Pacte, pour rendre plus effective la garantie de la sécurité collective. Est-ce que le Pacte a besoin de réformes? Quelles entreprises peuvent avoir de la valeur si la volonté de les maintenir manque? C’est la morale internationale qui est en jeu et non les Articles du Pacte. Au nom du peuple éthiopien, membre de la Société des Nations, je demande à l’Assemblée de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer le respect du Pacte. Je renouvelle ma protestation contre les violations des traités dont le peuple éthiopien a été la victime. Je déclare dans la face du monde entier que l’Empereur, le gouvernement et le peuple de l’Ethiopie ne veulent pas plier devant la force ; qu’ils maintiennent leurs revendications, qu’ils vont utiliser tous les moyens en leur pouvoir pour assurer le triomphe du droit et le respect du Pacte.
Je demande aux cinquante-deux nations, qui ont donné au peuple éthiopien la promesse de les aider dans leur résistance à l’agresseur, ce quelles sont prêtes à faire pour l’Éthiopie? Et les grandes puissances qui ont promis la garantie de la sécurité collective pour les petits Etats sur lesquels pèse la menace qu’ils pourraient un jour subir le sort de l’Ethiopie, je demande quelles mesures comptez-vous prendre?
Représentants du monde, je suis venu à Genève pour m’acquitter au milieu de vous du plus pénible des devoirs d’un chef d’État. Quelle réponse dois je ramener à mon peuple? »
Haile Selassie Ier, SDN Genève (Suisse), 30 Juin 1936.
Deuxième partie
Discours de Sa Majesté Haïlé Sélassié Ier, empereur d’Éthiopie, devant l’Assemblée de la Société des Nations durant la session de juin–juillet 1936

Au début des années 1930, le dictateur italien Benito Mussolini était déterminé à étendre l’Empire africain de l’Italie en annexant l’Éthiopie. En décembre 1934, un affrontement, provoqué par les Italiens, se produisit entre les forces armées italiennes et éthiopiennes à Welwel, du côté éthiopien de la frontière avec la Somalie italienne. Mussolini déclara que l’incident était « un acte d’autodéfense » et, qu’en vertu des accords internationaux, il n’était donc pas soumis à l’arbitrage. L’Italie exigea des compensations et la reconnaissance de la zone comme appartenant aux Italiens. Lorsque l’empereur Haïlé Sélassié refusa de céder à ses demandes, l’Italie commença à mobiliser ses forces. Membre de la Société des Nations, l’Éthiopie porta l’affaire devant le Conseil, mais Mussolini ignora toutes les propositions de résolution de la crise émises par la Société. Le 3 octobre 1935, les forces italiennes envahirent l’Éthiopie depuis l’Érythrée et la Somalie italienne. La capitale Addis-Abeba tomba en mai 1936. L’empereur Haïlé Sélassié, qui se trouvait à Genève à ce moment-là, demanda en vain l’aide de l’Assemblée. La Société refusa d’agir, et la plupart des pays membres reconnurent la conquête italienne. Le texte présenté ici est le discours passionné de l’empereur qu’il donna devant l’Assemblée le 30 juin 1936. Le texte du discours, prononcé en amharique, occupe la partie gauche des pages. La traduction française apparaît en regard à droite. Le document provient des archives de la Société des Nations, qui furent transférées aux Nations Unies en 1946 et qui sont désormais conservées à l’Office des Nations Unies à Genève. Ces archives furent inscrites au Registre de la Mémoire du monde de l’UNESCO en 2010.
Christian Kazumba modérateur de l’événement des entrepreneurs congolais
Le réseau international Congo Business Network planifie un événement en ligne sur Cisco WebEx le 28 mai 2020 à 16h00; heure de Kinshasa sur le thème : «Comment se positionner pour faire des affaires en République démocratique du Congo après la pandémie du Coronavirus». Les intervenants seront : Noel K. Tshiani, président de Agere Global, Sabrina Ngalamulume, business development manager chez Sodeico Development ; Serge Mumbu, directeur général de Target ; Junior Luyindula, directeur général de Avocats.cd, et Christian Kazumba, le modérateur de cet événement business.
L’objectif de cette rencontre internationale en ligne est de trouver des éléments de réponse afin de relancer l’économie du Congo-Kinshasa suite à la pandémie du Coronavirus, de rebondir efficacement grâce à de nouvelles stratégies de développement, d’encourager les investissements qui permettront au plus vaste pays d’Afrique subsaharienne de booster son développement dans des secteurs tels que la tech, l’agriculture, l’énergie, l’éducation et la santé.
Congo Business Network est un réseau international des entrepreneurs congolais dont la mission est de connecter les entrepreneurs afin de les propulser dans les médias et devant les investisseurs pour réussir dans le monde des affaires dans la diaspora et en République démocratique du Congo.
African Guarantee Fund apporte une réponse aux impacts économiques du COVID-19
L’African Guarantee Fund, (AGF) vient de faire l’annonce de sa riposte face au COVID-19, afin de juguler les incertitudes auxquelles la pandémie au coronavirus confronte les institutions financières en Afrique. Cette réponse apportée par AGF au COVID-19 est fondée sur la nécessité d’élaborer des solutions commerciales en sus des mesures réglementaires déjà mises en œuvre par les différentes banques centrales et gouvernements du continent.
La réponse de African Guarantee Fund pose les bases d’une stabilisation des économies, qui précèderait une relance économique via le nouveau mécanisme de garantie COVID- 19 d’AGF. Ce mécanisme permettra d’une part aux institutions financières de restructurer plus aisément leurs crédits devenus moins performants en raison de COVID-19 ; d’autre part de fournir un incitation commerciale au secteur financier en atténuant la détérioration du risque perçu par rapport aux PME.
Commentant cette annonce, M. Félix Bikpo, CEO d’AGF, a déclaré : « Les conséquences de la pandémie de COVID-19 continueront d’avoir des effets négatifs croissants sur les PME en Afrique, tant du côté de l’offre de crédits que de celui de la demande. Par conséquent, nous anticipons une détérioration de la solvabilité des PME. Il est probable que ce facteur induise une augmentation du coût du crédit pour le secteur financier, ce qui accroitra certainement sa réticence à financer les PME en l’absence de stimuli extérieurs. Ces considérations rendent nécessaire la mise sur pieds d’une parade commerciale qui complèterait les dispositions purement réglementaires prises par les diverses banques centrales et les gouvernements du continent pour contenir la crise. C’est ainsi que, conformément à notre mandat, nous avons lancé le mécanisme de garantie COVID-19 ».
Pendant cette période, AGF continuera également à apporter son assistance technique afin de développer la capacité des institutions financières à évaluer les risques des PME. Cela permettra d’analyser les impacts de la pandémie sur les institutions financières et d’offrir les réponses idoines pour une adaptation efficace des PME à ce nouveau contexte.
Pour la troisième fois consécutive depuis novembre 2017, l’African Guarantee Fund vient d’être noté AA- par l’agence de notation Fitch Ratings. Il s’agit d’une grande première pour un fonds de garantie en Afrique. « Cette notation exceptionnelle est une marque de confiance et un acte de foi dans l’excellence opérationnelle d’AGF, particulièrement au moment où les institutions financières ont besoin d’une couverture afin de prêter davantage aux PME qui, quant à elles, détiennent la clé du rebond économique de leurs pays respectifs », a conclu M. Felix Bikpo, CEO d’AGF.
Depuis sa création, AGF a boosté les prêts aux PME en Afrique. C’est ainsi qu’en émettant des garanties aux institutions financières, elle a mobilisé des financements d’une valeur de 2,5 milliards USD.

Maroc: les banques sous pression, 34% des ménages affirment n’avoir aucune source de revenus avec le confinement
Alors qu’on s’achemine vers la fin du mois de Ramadan, le Haut-Commissariat au plan (HCP) qui fait office d’institution en charge des statistiques au Maroc, a produit un rapport qui indique que 34% des ménages marocains interrogés au cours d’une récente enquête ont déclaré ne plus avoir de revenus. Dans le détail, plus de 31% jusqu’à 54,2%, allant de la couche moyenne de la population aux artisans qualifiés ont affirmé être dans cette situation.
Chez 38% de ceux qui ont des revenus, cela sert juste à couvrir les dépenses, dont 39% en milieu urbain et 35% en milieu rural. 22% des ménages affirment avoir été contraints de puiser dans leurs épargnes, 14% recourent à l’endettement et 8% comptent sur l’aide de l’Etat pour couvrir les dépenses quotidiennes.
Seulement, l’aide de l’Etat n’est ni systématique ni suffisante. « 60% des ménages ayant un membre qui a perdu son emploi ont des difficultés d’accès aux aides publiques. 59% d’entre eux affirment qu’ils sont enregistrés, mais non encore bénéficiaires », explique le HCP dans son document.
Le nombre de décès liés au covid-19 au Maroc est de 192 personnes, soit seulement 2,7% des 6939 personnes déclarées positives. Le gouvernement redoute de nouveaux foyers de contamination et le Premier ministre a pris la décision de maintenir le confinement jusqu’au 10 juin. Ce délai sera difficile à respecter pour certains, au regard du nombre de personnes à court de ressources.
L’inquiétude avec la perte de revenus et le maintien du confinement est que plusieurs débiteurs de banques qui sont des individus auront du mal à rembourser des crédits empruntés auprès d’une banque. Dans la classe moyenne, 28,2% de personnes sont sans source de revenus et sont souvent des clients de banques.
Des mesures ont été prises pour accorder des moratoires dans le remboursement des dettes. Cependant, la mise en application de ces mesures divise. Les résultats financiers des banques pour le compte du premier semestre 2020 permettront de voir jusqu’où les revenus des banques ont été impactés.
Idriss Linge
HSBC et la SFI mobilisent 474 millions $ pour l’adaptation au changement climatique dans les pays en voie de développement
HSBC Global Asset Management et la Société financière internationale (SFI) ont mobilisé 474 millions $ pour la lutte contre le changement climatique dans les pays en voie de développement. Ce financement a été levé dans le cadre du Fonds REGIO, le premier fonds d’obligations vertes qui investit directement dans l’économie réelle en finançant les entreprises par le biais d’investisseurs publics et privés.
« Alors que les obligations vertes représentent un très bon vecteur pour l’accompagnement des entreprises dans la transition énergétique, surtout dans les pays développés et en Europe en particulier, ce marché reste marginal dans les pays émergents qui sont plus exposés aux risques climatiques », ont fait remarquer les deux acteurs dans un communiqué conjoint.
Ce nouveau financement permettra de renforcer la capacité des marchés émergents à faire face aux conséquences du changement climatique. HSBC et la SFI y ont contribué à hauteur de 75 millions $ chacun en tant qu’investisseurs principaux. Sept investisseurs privés les ont rejoints et d’autres acteurs devraient s’engager dans le courant de l’année.
Gwladys Johnson Akinocho
Le britannique Actis a cédé au Ghana, une troisième entreprise africaine héritée du portefeuille acquis chez Abraaj
Actis, la firme de private equity britannique avec un portefeuille d’investissement de 4,5 milliards $ en Afrique, fait partie des actionnaires qui ont cédé leurs parts au capital de Ghana Home Loans Bank (GHL Bank). Les autres actionnaires sont le néerlandais FMO et la Société financière internationale. C’est la troisième entreprise cédée dans le portefeuille d’Abraaj Africa Fund acquis par Actis en 2019.
Les autres entreprises où ces participations ont été cédées sont l’assureur nigérian Custodian & Allied Insurance Plc et la société agroalimentaire Fan Milk International qui a une grosse filiale au Ghana. L’acquéreur de l’opération actuelle est la filiale au Ghana du groupe sud-africain First Rand Bank qui a indiqué début mai 2020, que l’opération a reçu les autorisations requises de l’Afrique du Sud et du Ghana.
L’ambition est désormais de fusionner GHL Bank à la First National Bank Ghana (FNB Ghana). « Des plans sont en cours pour fusionner les opérations des deux banques. Nous pensons que cette fusion démontrera et renforcera notre engagement sur le marché ghanéen. Nous reconnaissons que l’économie est soumise à de nombreuses pressions en raison de la pandémie de COVID-19, mais nous restons enthousiasmés par l’avenir des services bancaires au Ghana », a fait savoir Richard Hudson (photo), CEO de FNB Ghana.
Idriss Linge