La Société financière internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale, et la banque tunisienne BH (Banque de l’HabitatH) ont signé ce lundi 18 février, une convention de partenariat destinée à la transformation digitale de la banque et à l’accroissement l’inclusion financière des femmes en Tunisie.
L’entente, signée par le directeur général de la BH, Ahmed Rjiba et le représentant résident d’IFC en Tunisie, Georges Joseph Ghorra, est annoncée pour permettre à la BH de bénéficier d’un accompagnement dans la mise en place de produits et services bancaires entièrement dédiés aux femmes, notamment les femmes entrepreneures. Aussi, la BH bénéficiera de la mise en place d’une stratégie digitale pour la banque tunisienne.
Le projet s’inscrit dans le cadre du programme Women Banking Champions d’IFC au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui bénéficie des soutiens de la Confédération helvétique et du programme Global Banking on Women d’IFC.
« Ce partenariat est unique en son genre car il marque le lancement du premier projet entièrement dédié aux femmes tunisiennes, et notamment les femmes entrepreneures. Il s’inscrit dans le cadre de l’engagement société de la Banque de l’Habitat et de la stratégie de la SFI en Tunisie pour soutenir l’inclusion financière et créer des opportunités pour les femmes », a déclaré Ahmed Rjiba.
Le Directeur général de la BH a pour sa part indiqué que le programme Banking on Women d’IFC aide les institutions financières locales à développer des produits et des services dédiés aux femmes entrepreneures afin qu’elles aient accès aux financements.
Dans cet entretien exclusif avec Financial Afrik, Isidore Niamkey Tanoé, président de l’Association Professionnelle des SGI de l’UEMOA, revient sur les grandes étapes de l’APSGI et donne quelques indicateurs clés d’un marché financier ouest -africain qui joue pleinement son rôle d’instrument de financement de l’économie.
En 20 ans, l’APSGI a joué un rôle essentiel dans l’animation du marché. Quel est l’état des lieux du secteur et quel bilan pouvez-vous faire au bout de ces deux décennies ?
Au démarrage du Marché Financier Régional en 1998, nous avions 13 Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI), aujourd’hui nous sommes 30 membres au sein de l’APSGI. Cette croissance est en rapport direct avec l’augmentation de la taille du Marché Financier Régional. En effet, un des principaux objectifs des Etats de l’UEMOA à la création du Marché Financier Régional était la diversification des sources de financements longs à travers la mobilisation de l’épargne intérieure. Cette diversification est aujourd’hui mise en œuvre car au terme de l’année 2018, plus de 8500 milliards de FCFA ont été levés, dont ¾ par les États à travers les émissions d’obligations et ¼ par les sociétés en titres de capital.
En outre, de 37, le nombre de sociétés cotées est passé à 46 en tenant compte de la dernière introduction, celle d’ORAGROUP qui sera bientôt à la cote.
LES SGI JOUENT UN RÔLE ESSENTIEL… ELLES CONTRIBUENT LARGEMENT À L’ESSOR DU MARCHÉ FINANCIER RÉGIONAL ET POURSUIVENT LEURS EFFORTS AFIN DE METTRE EN PLACE LES CONDITIONS D’UN MARCHÉ PLUS EFFICIENT ET PLUS ATTRACTIF DANS LES ANNÉES À VENIR. »
Ainsi, le bilan de notre secteur après 20 ans d’activités est nettement positif car les SGI jouent en effet un rôle essentiel par la structuration et l’arrangement de ces levées de fonds et le placement de titres auprès des investisseurs. Elles contribuent largement à l’essor du Marché Financier Régional et poursuivent leurs efforts afin de mettre en place les conditions d’un marché plus efficient et plus attractif dans les années à venir.
Vous avez également mené des réflexions lors de la récente célébration des 20 ans de votre association autour des métiers des SGI. Quelles ont été les principales résolutions ?
Les ateliers d’échanges et de partage d’expérience entre les professionnels seniors et juniors organisés par l’APSGI le 14 décembre dernier à Abidjan s’inscrivent dans le cadre du renforcement des capacités des acteurs du marché. Ainsi 4 ateliers ont été organisés pour différents corps de métiers : les Négociateurs, le Back Office, le Contrôle Interne, et l’Analyse financière. D’autre part, l’aboutissement des formations organisées par notre Association depuis 2017 permettra la mise en place d’un programme de certification des acteurs du Marché Financier Régional en conformité avec les normes internationales. C’est notre objectif à l’horizon 2020.
En dehors des organisations, les populations s’intéressent-elles au marché boursier ? Que représente cette catégorie de clients dans vos portefeuilles ?
Nos populations s’intéressent de plus en plus à la bourse, mais faute d’une bonneconnaissance du marché financier, leur participation reste faible. C’est pourquoi l’APSGI mène des actions d’éducation financière et boursière par l’organisation de salons et conférences ouverts au grand public.
L’ABOUTISSEMENT DES FORMATIONS ORGANISÉES PAR NOTRE ASSOCIATION DEPUIS 2017 PERMETTRA LA MISE EN PLACE D’UN PROGRAMME DE CERTIFICATION DES ACTEURS DU MARCHÉ FINANCIER RÉGIONAL EN CONFORMITÉ AVEC LES NORMES INTERNATIONALES. C’EST NOTRE OBJECTIF À L’HORIZON 2020.
La BRVM a enregistré de bonnes performances depuis sa création, sauf ces 3 dernières années où l’on a noté un repli des indices. 2018 aura-t-elle été l’année de la reprise?
De 1998 à 2015, l’indice BRVM Composite qui reflète l’évolution du cours des actions a triplé. De plus, si l’on intègre les dividendes reçus par les investisseurs sur la période, la rentabilité est très importante.
En effet, un investisseur qui réinvestit les dividendes au fur et à mesure qu’ils sont perçus parvient à maximiser la valeur de son portefeuille. Aujourd’hui, le marché est dans un cycle baissier. L’année 2018 aura-t-elle été l’année de la reprise à la BRVM ? On ne saurait le dire. On pourrait mentionner les facteurs les facteurs majeurs ayant contribué à la baisse des cours en 2018. Primo, la baisse en 2018 a été générale sur les marchés émergents et africains, suite à la remontée des taux des obligations d’Etat américain.
Les Fonds d’investissement ont ainsi abandonné les marchés des actions en faveur des obligations d’état américain. Sur les 17 bourses africaines, 17 ont connu une baisse. Secundo, la modification du Code des assurances, notamment l’article 416. Cette disposition oblige les assureurs qui détiennent des actions à faire des provisions dans les écritures contre toute moins-value supérieure à 5%. La conséquence de cette réforme est que les investisseurs institutionnels que sont les assureurs se sont massivement retirés de la BRVM.
L’INVESTISSEMENT EN BOURSE EST BÉNÉFIQUE LORSQU’IL EST PLANIFIÉ SUR LE LONG TERME…
Tertio, la faible culture boursière des particuliers, qui ont tendance à acheter lorsque les cours grimpent et à vendre lorsqu’il y a une baisse. Contrairement à la règle d’or de l’investissement qui consiste à acheter bas et vendre haut. Ensemble, ces facteurs ont contribué à la baisse en 2018. Nous regardons pour voir si ces facteurs se sont améliorés positivement. Nous pouvons simplement constater que les actions sont rendues très accessibles par des cours bas qui offriront des rendements élevés de 9%, 10%, voire 11% lors du versement des dividendes en 2019.
Ce qu’il faut retenir c’est que l’investissement en bourse est bénéfique lorsqu’il est planifié sur le long terme. Il faut attendre la fin de ce cycle et lors de la reprise des cours, les investisseurs pourront réaliser d’importantes plus-values. En fait, la période actuelle est indiquée pour investir.
Pour vous SGI, y-a-t-il une logique économique qui explique l’évolution des indices à la BRVM quand on sait que le contexte est à la croissance dans les pays de la zone UEMOA depuis plusieurs années ?
Les marchés de capitaux fonctionnent normalement par anticipation des performances futures. C’est-à-dire que le prix que les investisseurs payent aujourd’hui pour acquérir des actions d’une société est lié à leurs attentes des performances de la société dans les périodes à venir, et non des performances passées. De plus les résultats de la société en question dépendent aussi partiellement de l’environnement macroéconomique dans lequel elle opère.
« L’ÉVOLUTION DES COURS BOURSIERS SE TROUVE AUJOURD’HUI DÉCONNECTÉE DE L’ÉVOLUTION DE L’ÉCONOMIE D’UNE PART ET DE LA BONNE PERFORMANCE DE LA PLUPART DES SOCIÉTÉS COTÉES D’AUTRE PART. »
En effet, à l’image de la forte croissance économique de la zone UEMOA depuis 2012, la plupart des sociétés cotées ont enregistré de très bons résultats, et les cours des actions ont progressé significativement jusqu’en 2015. Cependant il faut noter que les cours des titres cotés ont baissé ces 3 dernières années, et sur la période la croissance de l’économie a continué. L’évolution des cours boursiers se trouve donc aujourd’hui déconnectée de l’évolution de l’économie d’une part et de la bonne performance de la plupart des sociétés cotées d’autre part. En d’autres termes, les cours sont baissiers, pendant que les fondamentaux restent solides. Il apparait donc que cette baisse est certainement due aux facteurs exogènes au marché, facteurs qui sont prépondérants.
Les petits porteurs, ceux disposant de juste de quelques dizaines de titres voirmoins, estiment parfois que leurs plus-values sont absorbées par les frais de gestion des SGI. Qu’en est-il?
Je suis surpris par cette assertion. En réalité les commissions que perçoivent les SGI sont homologuées par le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF). Les tarifs applicables sont souvent plafonnés à des niveaux raisonnables. Les acteurs du marché travaillent en collaboration avec les Structures Centrales du marché (BRVM et DC/BR) et le CREPMF afin de réduire davantage les frais de transactions sur notre marché. En outre le nombre de SGI a sensiblement augmenté (30 SGI) et cela favorise la concurrence qui bénéficie aux investisseurs. Cette tendance devrait continuer. Enfin l’introduction de nouveaux dispositifs tels que la bourse en ligne, et de nouveaux instruments financiers, notamment les ETFs contribueront à réduire les coûts du marché.
Selon vous que faut-il faire pour rendre la bourse plus accessible aux populations et leur permettre surtout d’en tirer profit?
Plusieurs actions peuvent être entreprises, notamment l’éducation financière, la communication, la diversification des produits financiers disponibles. A ce niveau, des progrès ont été réalisés. La BRVM a rendu le fractionnement des actions cotées obligatoire pour toutes les sociétés cotées. En 2015, le tiers des sociétés cotées avait un cours compris entre 40 000 FCFA et 170 000 FCFA. Ces cours ne permettaient pas à une grande frange des investisseurs potentiels de l’UEMOA de participer.
LA BOURSE EN LIGNE DEVRAIT AUSSI CONTRIBUER À FACILITER L’ACCÈS AU MARCHÉ POUR LE PLUS GRAND NOMBRE D’INVESTISSEURS POTENTIELS. TOUTEFOIS L’ÉDUCATION FINANCIÈRE RESTE LA PREMIÈRE CLÉ.
Par exemple, un titre au cours de 40 000 FCFA par action qui est fractionné par 10. C’est-à-dire 10 actions nouvelles pour 1 action ancienne aura un cours nouveau de 4 000 FCFA par action (soit 40 000/10). Ainsi, la valeur ne change pas, car l’investisseur qui détenait 1 action à 40 000 FCFA avant fractionnement, aura 10 actions à 4000 FCFA chacune qui valent 40 000 FCFA après le fractionnement. Le titre devient plus accessible. La bourse en ligne devrait aussi contribuer à faciliter l’accès au marché pour le plus grand nombre d’investisseurs potentiels. Toutefois l’éducation financière reste la première clé.
La BRVM avait annoncé début 2018, la mise en place de la bourse en ligne. Est-ce une piste de solution?
La bourse en ligne permet à un investisseur ayant une connexion internet de placer son ordre directement à la bourse via le système informatique de la SGI. C’est une avancée sur le Marché Financier Régional qui offre un accès plus aisé et plus de flexibilité aux investisseurs.
Comment entrevoyez-vous le marché en 2019?
Selon les prévisions du FMI et de la Banque Mondiale, la croissance économique des pays de l’UEMOA devrait se poursuivre à un taux similaire à ceux des 6 dernières années. C’est-à-dire un taux qui se situerait entre 6% et 7%. Pour financer cette forte croissance, nos Etats ont souvent recours au marché financier où ils lèvent des fonds afin de compléter leurs ressources internes. Nous SGI sommes prêtes pour les accompagner.
S’agissant du marché des actions, il pourrait connaître une embellie en 2019 si nous considérons que les facteurs négatifs mentionnés plus haut ont atteint leur paroxysme en 2018 de sorte que leur impact est complètement intégré aux cours actuels du marché. En effet les fonds d’investissement sont sortis, les assureurs se sont retirés, les anciens investisseurs ont procédé à des prises de bénéfices, et cela depuis 2016, le résultat de la combinaison de ces facteurs est que les cours sont au niveau de ceux de 2013. Ainsi le PER du marché est à 11, ce qui est un niveau très bas, comparé à 24 en 2015. Le marché est donc très attractif actuellement et pourrait attirer d’autres catégories d’investisseurs…
A Lomé, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a répondu le 19 février 2019 aux “détracteurs” du franc CFA depuis les locaux de sa direction nationale. A commencer par le Togolais Kako Nubukpo, ancien ministre de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques, qui se « donne le droit d’attaquer le directeur national de la BCEAO pour diffamation ».
Tout est parti d’une question de Financial Afrikaux responsables de la BCEAO qui étaient face à la presse à Lomé. Elle est ainsi libellée : « dans une tribune publiée en juillet 2017 et intitulée Mon combat sur le franc CFA, Kako Nubukpo disait ceci : ‘ comment leur [nos enfants] expliquer demain que nous avons laissé faire ? Que nous avons nourri les caisses du Trésor Public français ? Tandis que les réserves qu’il nous impose avec notre pleine allégeance pourraient être réinjectées dans nos économies pour construire des écoles, des dispensaires, pour électrifier les zones rurales, construire des infrastructures modernes, dignes du 21e siècle, permettre aux jeunes d’accéder au crédit bancaire et financer des activités génératrices de revenus’. Mais la BCEAO soutient que les réserves de change lui appartiennent. Pourquoi ne pas organiser un débat avec ce pourfendeur reconnu comme tel de la monnaie que vous émettez pour situer l’opinion ? ».
‘‘ Populisme ’’
« C’est ça le danger des discours des populistes. Quand il dit qu’on nourrit les caisses l’Etat français. Voyez la taille de la France et de nos pays ; est-ce que vous croyez vraiment que c’est avec ces 5 mois de réserves de change dont on a parlé, que la France a besoin de nous pour se nourrir ? », a répondu Danielle Benoist, la conseillère en communication du gouverneur Koné.
« C’est créer inutilement du ressentiment là où on n’en a pas besoin. On souffre de beaucoup de choses dans nos pays, c’est vrai (…). Au bout d’un moment, peut dire que la monnaie est responsable de tous nos maux. Mais, pourquoi les autres pays qui ont leur propre monnaie ne s’en sortent pas mieux ? Et c’est ça le problème des populistes ; ils activent l’émotionnel. Et une fois que l’émotionnel est activé, le discernement recule. On réagit, on ne réfléchit plus ».
« Le problème, c’est qu’on est en train d’amener le débat dans le domaine du racial, du ressentis envers l’autre. Beaucoup de français sont nos amis. Donc, je ne comprends pas d’où est venu ce réveil de la colonisation (…). Qu’est ce qui nous arrive autant d’années après les indépendances à ramener ce débat ? C’est le populisme qui active ça parce qu’ils savent que c’est un passé qui est récent, qui est encore douloureux. Et en l’activant, on se créé des amis. »
« Aujourd’hui, la BCEAO est un bouc-émissaire. Les populistes nous font passer pour des gens qui n’ont rien compris et qui desservent leur pays. J’aimerais bien qu’on soit aussi bêtes, qu’on soit des asservis volontaires. Mais on est trop nombreux pour l’être tous.
« Le problème qui se pose, c’est que depuis longtemps on veut réagir ; mais il y a ce que appelle le devoir de réserve. Tu ne peux pas tout dire. Les gens nous accusent de ne rien dire, alors que nous ne sommes ni les gouvernements, ni les autorités monétaires. On ne peut pas parler à leur place. Mais les pourfendeurs n’ont pas ce droit de réserves, ils disent tout ce qui bon leur semble et ils passent tout leur temps à travestir tous les faits. (…) Il faut à un moment que les gens qui nous insultent nous respectent. On ne peut pas être si bêtes aussi depuis longtemps ».
« La création de richesse et la monnaie, ça fait deux. L’ambition, on la trouve partout. Mais si on veut dormir et être riche, ce n’est pas possible. Si on veut toujours désigner des faux coupables pour ce qui ne va pas chez nous, ça ne va jamais se construire. Pour soigner son mal, il faut le nommer. C’est trop facile de désigner la France comme la mère de tous nos maux. »
« Kako sait que quand les gens ont faim, tout ce qu’on leur dit, ils avalent. Il sait que quand on leur dit que pendant que vous êtes là, vous avez faim, on nourrit les caisses de l’Etat français, ils croiront. Ça, c’est absolument ignoble de dire parce que c’est créer du ressentiment là où on n’a pas besoin de le mettre. »
« Jusqu’ici ça ne l’arrangeait pas qu’on soit sur le même plateau que lui. Sinon, nous, on en demande [le débat contradictoire]. (…) Il fut un temps, les banquiers centraux étaient persuadés qu’il ne faut même pas qu’ils s’aventurent dans ce débat. Mais avec le temps, on s’est rendu compte que malheureusement l’intox a pris vraiment des proportions qui deviennent alarmantes. Ça devient de la xénophobie parfois.»
« Le discours qu’il véhicule quand on est là et quand on n’est pas là est tellement opposé que je ne comprends pas son obsession sur le franc CFA. »
Aminata Fall Niang, directeur général de l’organisation et des systèmes d’information de la BCEAO : « dépassons la colonisation »
« Nous nous sommes sentis très atteint pas tout ce qui se dit et qui ne tiennent pas, le plus souvent, la route. Ce que nous sommes en train de vous avancer est vérifiable par toute personne mue par une volonté de connaitre la vérité, de connaitre comment on fonctionne, quels sont les mécanismes de gestion de la monnaie de la manière la plus objective qui soit. »
« Monsieur Nubukpo dont vous parlez sait très bien de quoi on parle, c’est un ancien fonctionnaire de la BCEAO. Nous tairons comment il a quitté, ce qui s’est passé, ce n’est pas important. Ce qui est important, c’est simplement que nous, nous sommes prêts à tout débat technique sur la question. Si on nous amène sur des débats techniques sur la monnaie et comment la faire évoluer, et faire progresser notre zone, nous sommes totalement preneurs. C’est là qu’on l’attend. Sans passion, sans d’autres éléments derrière la tête. De manière professionnelle, qu’il vienne nous dire voilà ce qui pourrait faire progresser le franc CFA et je tiens à ce que la banque centrale débatte avec moi. Si ce faisant, nous ne venons pas, là, on aurait compris. »
« Cette question d’héritage coloniale, c’est vrai et on ne peut pas renier notre histoire. Je pense que c’est à la limite dégradant pour nous-mêmes que de remuer notre histoire. Elle est là, on ne peut pas l’effacer (…). Ce que disent les activistes, c’est que c’est une monnaie héritée de la colonisation. C’est la seule chose de vrai. Mais après cela, non. Dépassons la colonisation. On a passé ce temps depuis longtemps, les accords monétaires ont été révisés ».
Le directeur national de la BCEAO, Kossi Tenou, dénonce une « mauvaise foi »
« Par rapport à la citation de Kako, on va essayer d’apporter une réponse technique. Mais il faut qu’on garde à l’esprit une chose. Sur le franc CFA, ce que nous essayons de faire, c’est de vous expliquer de façon concrète, le mécanisme. Et nous pensons que vous êtes de bonne foi. Sur le sujet, je pense que si quelqu’un est de mauvaise foi, nous, on ne peut rien. Il faut qu’on soit clair dessus. Monsieur Kako, avec tout le respect que j’ai pour lui, nous avons eu personnellement à échanger avec lui chaque fois qu’il dit, excusez-moi l’expression, des contre-vérités sur le franc CFA. Et à chaque fois, Monsieur Kako dit ‘grand-frère, vous avez raison, je ne savais pas. Je vous remercie’. Mais quand il sort, il répète les mêmes choses. C’est comme quelqu’un qui dit 1 + 1 = 3. Vous l’appelez, vous lui dites que non, ça fait 2, et il vous dit ‘ah, merci. Vraiment. Je ne savais pas’ ; mais il sort, il répète encore que 1 + 1 = 3. Vous appelez ça comment ? C’est la mauvaise foi. Mieux, nous avons échangé avec lui. Le gouverneur de la banque centrale, quand il a pris fonction, l’ayant écouté à plusieurs reprises pensait que c’est quelqu’un de bonne foi mais qui peut-être ne connaissait pas le bon fonctionnement du franc CFA. Le gouverneur l’a appelé. Ils ont discuté. A la fin, il a remercié le gouverneur de lui avoir expliqué les choses. Mais ça n’a pas empêché qu’il sorte et répète les mêmes choses ».
« Il faut que demain, lui il puisse expliquer à ses enfants comment il a pu être de mauvaise foi pendant longtemps. C’est ça la vérité. En réalité, ce sujet est devenu un fonds de commerce pour lui. Il a tellement dit de contre-vérités qu’il ne peut plus revenir en arrière. C’est devenu son fonds de commerce. La monnaie est une chose sérieuse et il faut qu’on comprenne bien le fonctionnement. »
« Que Monsieur Kako dit qu’on peut rapatrier les réserves de changes, nous nous disons que ce n’est pas un économiste. Nous nous disons que c’est des âneries. Ça fait partie du B A BA qu’on enseigne aux étudiants de première année de sciences économiques. On ne crée par de la monnaie comme ça. Elle est créée en contrepartie de quelque chose. Soit des avoirs extérieurs nets, c’est-à-dire des réserves de change, ou des crédits. C’est ça la réalité des choses. Quand quelqu’un dit ça, on se dit mais, il a fait ses études où, et qui ont été ses professeurs. »
« Les réserves de change sont à nous. Toute banque centrale au monde a des banques correspondantes dans des pays avec lesquels on entretient beaucoup plus de relations commerciales. La Banque centrale a son compte d’opération au niveau du trésor (français). On aurait pu ne pas avoir ce compte d’opération là, mais on aurait obligatoirement ouvert un compte ailleurs pour faire nos opérations. »
« Les montants dans ces comptes sont à nous. La France nous offre une garantie. Elle nous dit que si jamais il nous arrive que nous n’ayons plus de réserves de change, elle se porte garante pour nous fournir la quantité désirée de réserves de change. Bien entendu, ce n’est pas gratuit. Mais il n’y aura pas de discontinuité dans les paiements. Le temps qu’on puisse procéder à des ajustements. Gardons à l’esprit que par rapport à cette garantie, la seule condition, la France nous dit qu’il faut déposer 50 % des réserves de change sur ce compte. C’est des écritures. Des dépôts qu’on peut encore retirer. C’est comme une banque qui vous demande de virer 50% de votre salaire sur votre compte et vous obtiendrez du crédit quand vous le désiriez. A tout moment, vous pourrez retirer les 50%. C’est à vous. Seulement qu’il y a un jeu d’écriture. C’est tout ».
« Il ne faut pas que quelqu’un vous raconte des histoires. Kako n’a qu’à aller expliquer à ses propres enfants comment il peut dire des bêtises pendant des années (…). Il y a certains soi-disant intellectuels qui discutent de la monnaie ; mais il va y avoir, si jamais on veut les suivre, un impact considérable sur des milliers de personnes. La monnaie est une chose sérieuse qu’il faut laisser aux spécialistes. »
Réponse écrite de Kako Nubukpo avec qui notre rédaction est entrée en contact tôt ce mercredi
« J’ai appris tout ce que Tenou a dit en ce qui me concerne et je peux vous assurer que c’est entièrement faux. Je ne l’ai jamais rencontré dans son bureau à la BCEAO depuis qu’il a pris fonctions à Lomé. J’ai eu à croiser le gouverneur lors d’événements internationaux mais il ne m’a jamais reçu dans son bureau à Dakar. Je proposerai un débat contradictoire à Tenou et s’il en est d’accord, ce débat sera télévisé et radiodiffusé. Ce débat peut avoir lieu à l’endroit qu’il souhaite. Et même avec le Gouverneur de la Bceao s’il accepte. Je nie donc formellement avoir rencontré le directeur national et le gouverneur de la BCEAO dans leurs bureaux respectifs. Il m’est, en revanche, arrivé de croiser le gouverneur de la Bceao lors des assemblées annuelles du FMI et de la banque mondiale à Washington mais jamais dans un cadre formel. Je me donne le droit d’attaquer le directeur national de la BCEAO pour diffamation suite aux propos qu’il a tenus à mon endroit hier lors de la conférence de presse ».
Le Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale a approuvé ce mardi 19 février, un nouveau Cadre de partenariat-pays (CPF) avec le Maroc.
Couvrant la période 2019-2024, le CPF permettra de guider le programme d’assistance financière et technique du Groupe en faveur du Royaume. L’on note dans le communiqué de l’institution internationale qu’en outre, le nouveau cadre « permettra de soutenir le Maroc dans le renforcement de son avantage concurrentiel dans l’économie mondiale tout en promouvant une prospérité partagée au sein de sa population ».
« Le Maroc a enregistré d’importantes avancées économiques et sociales, ce qui a fait grandir les aspirations de la population, en particulier chez les jeunes », souligne Marie Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb.
La Banque a par ailleurs approuvé en faveur du Maroc à un projet de 611,3 millions d’euros (environ 700 millions USD) destiné à accélérer l’adoption des technologies numériques afin d’en faire une source d’emplois, de croissance et de services de meilleure qualité et de se doter d’une base essentielle pour conduire la transformation économique en Afrique du Nord et sur le reste du continent.
Le Président de la République, Chef de l’Etat , Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar Keita, a reçu en début d’après du mercredi 20 février 2019, les ex-otages dans le Salon Mali du Palais présidentiel de Koulouba . Il s’agit précisément du Préfet de Tenenkou Monsieur Makan Doumbia capturé par ses ravisseurs le mardi 8 mai 2018 dans la forêt de Kadial ( 10 mois de détention) entre Mopti et Tenenkou ; et le journaliste Issiaka Tamboura , capturé le 27 décembre 2018 entre Boni et Nokara ( à 10 km de Boni).
Le premier a été libéré , le 17 février 2019 et le second a été libéré le 19 février 2019.
Après leur libération, les ex-otages étaient venus saluer et remercier le Président de la République pour tous les efforts déployés par son gouvernement, dans le dénouement heureux de leur situation dans laquelle leur vie était en danger .
Le Président de la République, en recevant ces ex otages marqués psychologiquement par cette situation que personne ne souhaite, a prié Dieu afin que de telles situations ne se reproduisent plus au Mali. Avant de prendre congé des désormais ex-otages , IBK a partagé avec eux un déjeuner .
L’audience a eu lieu en présence du Premier Ministre , Chef du Gouvernement , du Ministre de la Justice Garde des Sceaux, du Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, du Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile , du Ministre de l’Economie Numérique et de la Communication et du Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République du Mali.
Selon Boubacar Salif Traoré, directeur du cabinet Afriglob Conseil et intervenant au master-2 « géopolitique et sécurité internationale » de l’ICP, l’obtention de la paix est un processus qui mérite d’être profondément analysé, car le Mali n’a plus droit à l’erreur après la signature du 5e accord, si l’on comptabilise celui de Ouagadougou. Pour espérer gagner la paix, il propose la responsabilisation des forces nationales ». « C’est l’armée nationale du Mali qui doit relever le défi de la libération du pays, comme ce fut le cas à Mossoul (Irak) en 2017, après plusieurs années d’attente ». Et, précise-t-il, les projets de développement doivent être portés par des locaux, qui doivent en rendre compte régulièrement. Interview.
30minutes.net : Quelle analyse faites-vous de la situation sécuritaire du Mali ?
Boubacar Salif Traoré : La situation malienne est très complexe, elle résulte de plusieurs décennies de défaillance d’un Etat qui n’a jamais réussi à être constant sur les enjeux sécuritaires. Cette posture de l’Etat a obligé les populations à s’accoutumer avec l’insécurité globale. La crise multidimensionnelle de 2012, aurait dû permettre au président élu en 2013, de bâtir un socle solide, en revoyant toute l’architecture sécuritaire de manière globale. Il aurait fallu, pour le Mali, inventer son propre modèle, car l’avantage d’une crise, c’est la possibilité de créer son propre canevas et inspirer d’autres nations. Cela a été le cas au Rwanda, avec les gacaca (les tribunaux traditionnels).pub
L’absence d’une telle posture a précipité les choses dans le mauvais sens. Ainsi, la mauvaise face de la crise est en train de l’emporter ; à savoir : la rupture de la confiance entre autorités en charge du « monopôle de la violence légitime » et le peuple destinataire de la sécurité. L’insécurité est devenue globale au Mali. La forte sensibilité des citoyens pousse ceux-ci à résumer le fait sécuritaire à l’élimination physique des personnes.
Mais l’insécurité dépasse le seul sujet lié aux crimes de droit commun. Par exemple, l’insécurité routière est à l’origine de beaucoup de décès (je n’ai pas eu les statistiques officielles), l’insécurité alimentaire touche 5,2 millions de Maliens selon les chiffres officiels, le taux de morbidité, associé aux taux de décès liés à l’insécurité sanitaire sont effrayants. L’entrée sur le territoire de produits illicites par centaines de tonnes est aussi une menace majeure. Enfin l’insécurité environnementale est sans doute celle qui provoque le plus de dégâts, car elle ne laisse aucun répit et personne n’y échappe quel que soit le niveau social. La situation sécuritaire au Mali est proche du chaos et menace directement l’avenir de millions d’enfants maliens qui ne vont pas à l’école dans le Nord et le Centre du pays à cause des armes, mais également à Bamako, à cause des déchets, comme c’est le cas à Médina Coura.
30minutes.net : Le Centre est embrassé, à Bamako c’est des assassinats ciblés avec des braquages en pleine journée. Qu’est-ce qui est à la base de cette situation ?
B. S. T. : Vous avez raison de parler du Centre, car il ne faut pas commettre l’erreur de se focaliser uniquement sur Bamako. Selon mes informations, il y a eu près de 30 assassinats ciblés dans le pays contre des notabilités. Ces faits sont fréquents à l’intérieur du pays, des chefs de village, des imams ainsi que d’autres acteurs influents sont régulièrement enlevés et tués parfois.
A Bamako, le phénomène a certes pris de l’ampleur ces derniers temps, mais en réalité, ces assassinats ont toujours eu lieu dans les quartiers périphériques, sans que personne ne sache. Le fait que cela ait touché une personnalité connue et influente, à savoir l’imam Yattabaré, a permis de faire ressortir le phénomène. L’absence d’actions constantes et de coopérations entre les différentes autorités (police-justice), est à la base de cette situation.
Ensuite, il y a les interférences et les jeux d’influence entre personnalités puissantes, ils perturbent le bon déroulement du travail, à cause des interventions auprès des officiers en charge de la sécurité ainsi qu’auprès des magistrats. S’y ajoutent les puissants réseaux de corruption. L’Etat a laissé des zones de non droit émerger à Bamako, un important réseau de drogue à longtemps subsisté à Bagadadji, à quelques mètres seulement de l’Assemblée nationale. Toujours à partir de la même zone, plusieurs gangs avaient étendu leurs actions dans toute la Commune II, avec pour axes majeurs, Médina Coura, Missira, Bagadadji, Bakaribougou et Bozola).
Une rue de Missira fut longtemps surnommée, « Colombie-Carré » (rue de la Colombie). Les trafics en tous genres s’y déroulaient seulement à quelques mètres du commissariat du 3e arrondissement. Le phénomène ne s’est pas atténué que grâce à l’action des autorités, mais beaucoup plus par l’autodestruction des principaux acteurs qui, pour la plupart, sont passés de dealers à consommateurs. La plupart des anciens sont morts soit par maladie soit par règlements de comptes. C’est une nouvelle génération qui émerge progressivement. Il y a une sorte de transition.
30minutes.net : Les récentes opérations dites « opérations coup de poing » suffiront-elles ?
B. S. T. : Il faut tout d’abord rappeler que ces opérations dites « coup de poing » ont été décidées après la recrudescence de la violence dans la capitale et surtout suite à l’assassinat de l’imam Yattabaré. J’ai été étonné par une telle décision hâtive ne répondant à aucune logique cohérente. La question sécuritaire commence avant tout par le maintien de l’ordre public. Or pendant plusieurs années, les citoyens assistent à une anarchie, dont la justice populaire est la flagrante démonstration.
Les opérations « coup de poing » ne sont pas appropriées pour la situation, elles démontrent bien au contraire, la fébrilité d’un Etat en manque de moyens, de planification et surtout de vision sur la question sécuritaire. Ces actions ne sont autre que spectaculaires, avec pour objectif principal de convaincre une opinion publique qui ne maîtrise pas totalement les sujets liés à l’insécurité. L’Etat appelle souvent la population à coopérer, mais il oublie l’élément capital ; à savoir : l’instauration d’un climat de confiance. Un tel objectif ne peut être atteint brusquement, c’est une construction, c’est un dialogue constant et ce sont des résultats permanents. L’Etat semble oublier cela.
J’ai été par exemple surpris du fait que ces actions « coup de poing » soient décidées sans enquêtes préalables et sans une coopération visible avec tous les services de l’Etat, d’ailleurs beaucoup de citoyens ont vu que les autorités savaient déjà où se trouvaient ces criminels arrêtés lors de ladite opération. L’insécurité concerne aussi le Centre du contrôle technique, où les examens sont trafiqués, elle concerne également les hôpitaux, où il existe de nombreux trafics de médicaments.
L’insécurité passe aussi et surtout par la responsabilisation de l’inspection des services sécuritaires, pour présenter des forces crédibles. A la lumière de tout cela, force est de constater que ces opérations passent à côté de l’essentiel, la discrétion, la transparence, la coopération et l’efficacité. L’Etat malien ne se donne actuellement ni les moyens, ni l’organisation nécessaire pour assurer la pérennité d’une telle opération sur toute l’étendue du territoire national.
30minutes.net : Que proposez-vous aux autorités pour une résolution définitive de la crise sécuritaire au nord ?
B. S. T. : Vous savez, personne ne peut proposer une résolution définitive de cette manière, car c’est un processus, qui mérite d’être profondément analysé, car nous n’avons plus droit à l’erreur. Le pays est à son 5e accord, si l’on comptabilise celui de Ouagadougou, ça fait beaucoup et la question de la crédibilité est clairement posée. Dans ce processus, beaucoup trop d’argent a été utilisé, le gouvernement ne cesse de justifier les déficits budgétaires, par l’effort en faveur de la paix. Malgré de timides avancées, comme l’enclenchement du processus DDR, la paix reste un mirage. Ce qui était un sérieux mal de tête est progressivement devenu un cancer, qui se propage désormais vers le Centre du pays.
Le climat dominant est celui des suspicions et des trafics en tous genres. Sur le territoire, ce sont plus 40 000 militaires en comptant les forces maliennes et internationales qui luttent contre les groupes armés terroristes et ce sont près de 200 ONG qui œuvrent pour les projets de développement. Tout cela reste sans véritables résultats, cela démontre bien que la population n’est pas totalement du côté des autorités nationales, c’est un cinglant désaveu.
L’Etat est décrié en de nombreux endroits, il est accusé de partialité avec certaines milices dans le Centre du pays. Dès 2013, le processus, en faveur du retour de la confiance aurait dû être la priorité des autorités. En 2013, en votant pour le candidat Ibrahim Boubacar Kéita, les Maliens avaient d’abord choisi un décideur capable de se montrer ferme et de rebâtir une armée capable d’assurer la reconquête des territoires perdus. Beaucoup ont justifié leur vote de 2013 par le fait que lors de son passage, à la Primature entre 1994 et 2000, l’actuel président, avait su se montrer ferme.
Pour espérer gagner la paix, il faut faire la guerre avec des forces efficaces et productives. C’est l’armée nationale du Mali qui doit relever le défi de la libération du pays, il ne faut jamais oublier que malgré l’aide internationale, c’est l’armée irakienne qui a libéré Mossoul en 2017, après plusieurs années d’attente.
Les projets de développement doivent être portés par des locaux, qui doivent en rendre compte régulièrement. Les actions de reconstruction doivent se faire en partenariat avec tous les ministères, ceux-ci doivent avoir des structures dédiées à la reconstruction et qui doivent travailler de concert avec le ministère de la Réconciliation nationale. L’Etat n’est rien sans structuration et anticipation stratégique…
30minutes.net : Et comment faire pour lutter contre le grand banditisme ?
B. S. T. : Le plus inquiétant actuellement au Mali, c’est la délinquance juvénile, les bandits sont de plus en plus jeunes. Il y a les garçons, mais également des filles, elles sont victimes des réseaux de proxénètes. C’est une grande menace pour la génération future, qui se retrouve sans avenir réel. Toute cette situation est connue, mais personne ne semble vouloir agir. Les commissariats sont dans un état de délabrement avancé, les prisons sont un désastre, même si je reconnais que la construction d’une nouvelle prison est en cours.
Face à une telle situation, les citoyens apprennent que 50 millions de F CFA ont été proposés pour l’organisation du meeting de l’imam Mahmoud Dicko, le 10 février dernier, cela n’inspire ni confiance, ni crédibilité en direction du gouvernement pour s’occuper efficacement des enjeux prioritaires. Il faut que l’Etat redevienne crédible, cohérent et exemplaire. Il est important que les forces puissent travailler ensemble dans la plus grande confiance et que tout cela se fasse dans le plus grand sérieux, avec une planification préalable.
Le pays est à un stade où il ne peut se permettre ni de perdre du temps, ni de procéder par tâtonnement. Les réponses apportées doivent être à la hauteur des défis et doivent convaincre. La lutte contre le banditisme demande beaucoup de constance et chaque unité spécialisée des forces de sécurité devrait obligatoirement jouer son rôle pour constituer un ensemble solide et efficace.
Par ailleurs, la coopération de la population, tant demandée, ne peut venir que des autorités. Elles doivent rassurer la population par des actions concrètes et par anticipation. Cela va de la gestion de la circulation aux actions dans les commissariats et par la prise en main des décisions par les politiques. La production de résultats crédibles en faveur de la population devrait être la seule posture de l’Etat.
30minutes.net : Votre mot de la fin ?
B. S. T. : L’Etat est le seul rempart d’une population en quête d’avenir et de bien-être, c’est pour cela que des élections sont organisées, pour favoriser le libre choix en faveur de celle ou de celui qui aura réussi à convaincre sur ses capacités à accomplir la mission. L’autre enjeu c’est celui du respect de la Constitution dont le socle n’est autre que l’organisation du bonheur du peuple. Etre dirigeant, c’est prendre des décisions avec le souci de l’exemplarité, les considérations personnelles et politiciennes en sont le poison.
L’insécurité touche directement à la vie des citoyens, sa mauvaise gestion entraîne chaque année des milliers morts, souvent innocents. Les promesses ne font plus le poids, seules les actions concrètes comptent. L’annonce perpétuelle de la Loi d’orientation et de programmation sécuritaire n’apporte rien dans le fond, sachant bien que celle qui concerne l’armée, arrive à échéance cette année sans que rien de concret ne soit visible dans la posture stratégique. L’achat de matériels ne saurait à lui seul expliquer cette loi, à moins que l’ambition soit uniquement de présenter des forces d’apparat en lieu et place de forces efficaces.
Propos recueillis par
Sory I. Konaté
30minutes.net
19 février 2019
Bio-express
Boubacar Salif Traoré est le directeur du cabinet d’Afriglob Conseil et intervenant au master-2 « géopolitique et sécurité internationale » de l’ICP. Il est spécialisé en sécurité internationale et politique de défense. Il est co-auteur du rapport sur la » Faible participation des pays africains francophones aux opérations de maintien de la paix » et rédacteur de plusieurs dossiers dont « Election et crise : cas du Mali en 2013 ». Depuis plusieurs années, il travaille sur l’évolution de la situation dans la bande sahélo-saharienne et est rédacteur pour le Centre 4S, basé à Nouakchott, sous la direction d’Ahmedou Ould Abdallah.
La révélation a été faite par le ministre de l’Economie et des Finances, lors de lors de la rencontre du gouvernement avec le secteur privé. Dr Boubou Cissé a précisé que la réalisation de routes qui se prêtent au système à péage, sera portée par le budget national et les partenaires. Pour faciliter la réalisation des infrastructures, il est nécessaire de «trouver une ingénierie financière» adaptée. L’une des stratégies envisagées à cet effet est la réalisation d’infrastructures à péage, a développé le ministre de l’Economie et des Finances. Selon l’argentier national, en la matière, il est possible de faciliter l’accès de nos opérateurs au marché financier. Par exemple, un opérateur malien pourrait, en collaboration avec un partenaire étranger, lever des fonds sur le marché financier. Les entreprises peuvent aussi utiliser les billets de trésorerie de la Banque centrale des Etat de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), a-t-il proposé. Assurant que l’Etat est prêt à les accompagner, il a précisé qu’il est utile, en amont, de prévoir des mécanismes de répartition des risques à prendre entre l’Etat et le secteur privé, surtout concernant les projets en Partenariat public-privé (PPP). Aussi, l’Etat envisage la création de la Caisse dépôt et de consignation, qui pourrait voir le jour bientôt, a révélé le patron de l’hôtel des finances, précisant que la réalisation de routes qui ne se prêtent au système à péage, sera portée par le budget national et les partenaires. Les éléments nécessaires pour espérer relever ces défis sont : paix, stabilité et volonté (l’ambition pour le pays), a insisté Soumeylou Boubèye Maiga. D’où l’importance, selon lui, de la promotion d’un environnement apaisé. «Tant que les populations en crise n’ont pas de perspectives, il y a de fortes chances que nous soyons dans un cycle interminable d’insécurité», a prévenu le chef du gouvernement, annonçant dans la foulée «une longue chaine étroite de collaboration avec le secteur privé national». La matérialisation d’une telle ambition exige des ressources humaines capables de les porter et de les manager. Le Mali est confronté à de gros défis en la matière. A titre d’illustration, 43% de la population n’ont pas 15 ans ; 53% ont moins de 18 ans ; 65% n’ont pas 25 ans ; 70% ont moins de 30 ans. Aussi, dans six ans (2025), notre pays qui couvre une superficie de 1.241.238 km2, comptera 25 millions de personnes. Pour lui, le défi de la formation est nécessaire à relever si nous voulons construire le pays de nos rêves. Pour ce faire, «nous envisageons de promouvoir les savoirs, les innovations, les nouvelles technologies, l’entrepreneuriat jeune…», a précisé le Premier ministre. Mahamane Maïga
Les aigles du Mali ont remporté la coupe d’Afrique des moinsde 20 ans organisée au Niger.
Le Mali a été sacré champion d’Afrique U20 ce dimanche après une séance de tirs au but victorieuse face au Sénégal. Au terme du temps réglementaire, les deux équipes se sont neutralisées (1-1
Les jeunes maliens remportent ce trophée au tir au but après 120 minutes de jeu nul
Développement économique du Mali, le Premier ministre, Chef du Gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga, a annoncé la volonté du gouvernement d’investir dans la prochaine décennie (2020-2030), un peu plus de 10 000 milliards de nos francs pour le développement des infrastructures, dont plus de 5000 milliards uniquement pour le développement d’infrastructures routières (routes, ponts, viaduc, ports secs) et d’une zone économique spéciale dans la région de Sikasso. La tête de pont de ce plan est le bitumage d’une route de 1075 kilomètres qui reliera Tombouctou à la Mauritanie via Taoudenit.
Selon le Chef du gouvernement Malien, cet ambitieux programme démontre l’intérêt du gouvernement vis à vis du secteur privé, qui doit avoir un rôle prépondérant dans le financement de ces grands chantiers économiques.
Par ailleurs, le souci du gouvernement de promouvoir les entreprises maliennes a été matérialisé par un décret sur la commande publique ainsi plus de 65 milliards serait attribués aux productions locales.
Les cheminots maliens qui observaient une grève de faim depuis plus, viennent de décider de mettre fin à leur mouvement. Une décision prise grâce à la médiation du gouvernement sur instruction du Président de la République, S.E El Hadj Ibrahim Boubacar KEITA.
Le ministre des Transports, Mr Soumana Mory COULIBALY salue cette décision des cheminots qui va certainement ouvrir la voie à la poursuite du processus de redémarrage des activités ferroviaires. L’annonce officielle par les cheminots, devra intervenir d’ici lundi ou mardi.
ICet acte est l’oeuvre du Ministère des Transports Soumana Mory Coulibaly, toute chose a une fin et voici donc la fin de l’époustouflante grève de faim des cheminots maliens