Alors que l’Europe cherche des moyens de diversifier son approvisionnement en gaz pour réduire sa dépendance à la Russie, l’Algérie propose ses services. Si les exportations russes devaient être réduites en raison de la guerre en Ukraine, le géant public algérien du gaz, le groupe Sonatrach, s’est déclaré prêt à fournir à l’Europe des quantités supplémentaires via le gazoduc reliant l’Algérie et l’Italie. C’est ce qu’a déclaré ce 27 février Toufik Hakkar, PDG de la compagnie pétrolière et gazière.
Dans la foulée, répond le chercheur Riadh Sidaoui, « L’Algérie n’a pas la capacité pour compenser l’offre russe en Europe. Même le gaz qatari, qui d’ailleurs n’a pas de gazoduc direct vers l’Europe, ne peut remplacer le gaz russe. Je parle d’une réalité économique que les pays européens connaissent bien »
Par contre, les apports algériens en gaz naturel et gaz naturel liquéfié (GNL) restent tributaires de la « disponibilité de volumes excédentaires après satisfaction de la demande du marché national » et des « engagements contractuels » envers les partenaires étrangers, a indiqué le patron de la Sonatrach.
Ainsi, même si la compagnie « dispose d’une capacité non utilisée sur le gazoduc Transmed », qui pourrait servir à « augmenter les approvisionnements du marché européen », affirme Hakkar, celle-ci ne pourrait équivaloir à l’offre russe. D’ailleurs, note le chercheur tunisien et directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociologiques (CARAPS), basé en Suisse, « jusqu’à ce jour, le gaz russe continue à alimenter l’Europe. Notamment l’Allemagne et l’Europe de l’Est. »
Notons que le gaz russe représente 40% du marché européen. Au mieux, « le gaz algérien peut faire baisser de quelques points la contribution du gaz russe à l’Europe, mais on est très loin de remplacer le gaz russe. C’est pour ça qu’on ne parle pas aujourd’hui de sanctions contre l’exportation de gaz et même de pétrole russe », rappelle notre interlocuteur.
Pour l’heure, « l’Algérie exporte un maximum de 22 milliards de mètres cubes via le gazoduc Transmed« . Cela laisse une capacité de 10 milliards de mètres cube à exporter, a-t-il précisé. Très loin des plus de 200 milliards de mètres cubes par an que la Russie peut vendre à l’Europe.