(CROISSANCE AFRIQUE)-En Afrique, la culture et la commercialisation du café sont l’apanage des pays d’Afrique de l’Est. Acteur modeste dans le secteur, le Kenya affiche cependant de grandes ambitions de croissance pour sa filière au cours des prochaines années. Le Kenya poursuit ses efforts en faveur du développement de la filière café avec une stratégie ambitieuse et bien coordonnée.
Le 18 avril dernier, Patrick Kilemi, secrétaire principal au ministère des Coopératives et du Développement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), a annoncé que le gouvernement prévoit de fournir aux petits exploitants agricoles 20 millions de plants de caféiers à haut rendement chaque année. Cette initiative vise à moderniser les plantations vieillissantes et à stimuler significativement la production nationale.
Selon les informations relayées par l’Agence kenyane de presse (KNA), l’Institut de recherche sur le café (Coffee Research Institute – CRI) ainsi que la Nouvelle Union des coopératives de planteurs du Kenya (New KPCU) auront la responsabilité cruciale de multiplier les plants de variétés améliorées. Ils assureront aussi leur distribution efficace dans toutes les régions productrices, grâce à un budget conséquent de 500 millions de shillings (environ 3,8 millions de dollars) alloué à cette opération majeure. Cette allocation financière démontre la détermination des autorités à moderniser la filière et à soutenir activement les petits exploitants, cœur du secteur caféier kenyan.
L’ambition affichée par le gouvernement est de réhabiliter des milliers d’hectares de plantations vieillissantes pour relever la productivité des exploitations. Patrick Kilemi a expliqué lors d’une allocution au stade d’Ihura : « Nous voulons que nos agriculteurs cultivent les plants de café recommandés, car notre objectif est de multiplier notre production par plus de dix. Un caféier bien planté et bien entretenu peut produire plus de 40 kilos de cerises par pied. ».
Ces nouvelles variétés sont sélectionnées pour leur résistance aux maladies et leur capacité à produire de meilleurs rendements même dans des conditions climatiques changeantes, un élément clé face aux défis environnementaux actuels.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique visant à accélérer le développement global de la filière kenyane. Aujourd’hui, la production annuelle de café peine à se maintenir au-dessus de la barre des 50 000 tonnes, avec une moyenne oscillant autour de 43 394 tonnes entre 2019 et 2023, selon les données du Bureau national de la statistique (Knbs). Dans le cadre de son plan stratégique, le ministère kenyan de l’Agriculture ambitionne de tripler la production nationale de café jusqu’à 150 000 tonnes d’ici 2029, plaçant ainsi le secteur au cœur de la relance économique rurale du pays.
Pour concrétiser ces ambitions, le gouvernement doit toutefois relever plusieurs défis. Au-delà de l’amélioration des rendements et de la production, il faudra aussi contrer l’attrait croissant pour les cultures de rente perçues comme plus lucratives. Le dernier rapport du Bureau national des statistiques du Kenya met en lumière ce phénomène préoccupant, soulignant que de nombreux agriculteurs délaissent le café au profit d’autres cultures ou même d’investissements immobiliers.
Notons que le rapport précise notamment : « Cette dynamique a entraîné l’arrachage progressif des caféiers, remplacés soit par d’autres cultures plus rentables, soit par des projets immobiliers, particulièrement dans des zones historiquement productrices de café comme Kiambu. ».
Cette tendance représente un risque important pour l’objectif de croissance de la filière café, rendant indispensable la mise en place de mesures incitatives et d’accompagnement pour préserver et valoriser les zones dédiées à cette culture emblématique.