Là où il n’y a pas d’eau, il n’y a pas de vie. Oxfam International, une confédération composée de vingt organisations indépendantes de même sensibilité qui agissent « contre les injustices et la pauvreté » mène de de nombreux projets de lutte contre la pauvreté que sous-tendent l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Suffisant pour Oxfam International de laisser entendre : « vous pouvez soutenir notre action et nous permettre de mettre en œuvre des solutions durables qui peuvent réduire efficacement la pauvreté et la maladie ».
Parmi ces solutions innovantes de traitement des eaux, au Mali, l’on retient l’initiative SchmutzdeckEau. Le SchmutzdeckEau (de l’Allemand schmutzdecke = sale couverture et du français Eau) est une technologie inventée par des étudiants en génie rural de l’Institut Polytechnique Rural (IPR) de Katibougou. Créé en juin 2018, ce système d’appareillage est basé sur la méthode de filtration lente de l’eau sur sable. Le dispositif fonctionne sans aucune source d’énergie.
En termes clairs, le principe mis en exergue dans cette innovation est la filtration lente de l’eau sur sable (FLS) elle « permet aux matières en suspension […] et autres contaminants dans l’eau brute, de s’accumuler sur la partie superficielle du lit de sable, pendant la filtration pour former une couche biologique. Cette couche est composée d’un cocktail de saletés appelée schmutzdecke, reconnue pour être essentielle dans l’enlèvement des différents contaminants contenus dans l’eau. »
Réalisé essentiellement avec des matériaux locaux, nul besoin d’utiliser des produits chimiques ou d’avoir de la main d’œuvre hautement qualifiée. Les étudiants insistent également sur le fait de contribuer à l’atteinte de l’Objectif de développement durable (ODD) N°6 : accès universel à l’eau potable pour tous.
Avec le SchmutzdeckEau, le fleuve Niger est désormais buvable par tous. En effet, la technologie permet de traiter les eaux usées de façon plus écologique, plus économique, et mieux adaptée au contexte du monde rural, a rassuré Mahama Tereta, l’un des innovateurs.
Au Mali, comme dans plusieurs pays d’Afrique, la quête pour l’eau potable est un parcours de titan. Dans le but d’aider les populations rurales, diverses technologies, comme la javellisation des eaux, le traitement de l’eau par charbon actif, aussi la filtration lente de l’eau sur sable (FLS) sont utilisées pour satisfaire les besoins.
Au niveau des coûts, l’installation d’un prototype avoisine les 350 000 CFA (près de 530€), et permet de produire 200 litres d’eau potable en seulement 6 heures. En Afrique de l’Ouest, la consommation d’eau moyenne journalière par habitant avoisine les 20L. C’est aussi une préconisation de l’OMS qui précise que cette quantité est un minimum vital. Ainsi, ce système pourrait couvrir les besoins vitaux en eau de près d’une dizaine de personnes en 6 heures de filtration.
L’innovation, qui a fait ses preuves tant par son efficacité que son ingéniosité, a permis aux jeunes inventeurs d’être cité parmi les meilleurs projets de Mali startup, concours organisé par le ministère Malien de l’économie numérique et de la communication.
Ce dispositif comprend sept parties : une barrique en plastique d’alimentation en eau brute en élévation sur un support en charpente métallique. A partir du réservoir, part une conduite munie d’une vanne de régulation du débit d’alimentation du bassin de filtration constitué d’un lit de sable, reposant sur une couche de gravier. L’arrivée de l’eau sur le lit de sable se fait sur une planche métallique qui est le dispositif de bris d’énergie de l’écoulement pour assurer une répartition diffuse de l’eau sur le lit de sable tout en évitant un surcreusement de celui-ci. L’eau filtrée sous le gravier est collectée par un tuyau perforé. Ce tuyau est remonté d’une conduite munie d’une vanne de contrôle du débit de sortie d’eau du bassin. « C’est cet ensemble de système assemblé avec ingéniosité qui nous permet d’obtenir de l’eau potable » résume Bintou Guindo, membre de l’équipe des neuf innovateurs.
Rappelons qu’en 2018, un état alarmant de la situation en eau en Afrique est dressé. Le constat est brutal. Selon « l’Africa sustainable development report 2018 », « le taux de personnes ayant accès à l’eau potable de base et sécurisée n’est passé que de 17,9% à 23,7% en Afrique subsaharienne depuis 2000 ». Malgré les investissements conséquents dans de nombreux pays depuis plusieurs années, certaines régions d’Afrique ont soif, très soif.
Moctar FICOU / VivAfrik