Par J Mali-Emergent
Le projet de la “Route Transsaharienne” reliant six pays africains à savoir l’Algérie, la Tunisie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Nigeria sera finalisé en 2021. C’est le tronçon principal reliant Alger à la ville de Lagos au Nigeria sur un linéaire de plus de 4 000 kilomètres qui reste à achever. C’est ce qu’a indiqué, dimanche 14 février 2021, le ministre algérien des Travaux publics et ministre par intérim des Transports, Farouk Chiali. Intervenant sur les ondes de la radio nationale, le Ministre Chiali a indiqué qu’une cérémonie sera organisée au Niger pour annoncer l’achèvement de ce projet africain qui relie Alger à Lagos, précisant que les derniers travaux sont en train d’être réalisés par une entreprise algérienne. “Les derniers tronçons à finaliser se trouvent au Niger et seront achevés d’ici mai où juin prochain”, M.Chiali a affirmé que des travaux sont en cours pour transformer la transsaharienne en autoroute au niveau de l’Algérie. »Tous les projets de routes au niveau du Sud ont été retenus comme des projets prioritaires, parce que le développement du pays va être orienté vers l’Afrique subsaharienne », a-t-il expliqué. Pour la promotion et la réalisation des différentes sections de ce corridor, les pays riverains ont créé le Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT) dont le siège est établi à Alger.
Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), la Route transsaharienne (RTS) représente une infrastructure au centre des enjeux économiques, sociaux, politiques et sécuritaires à l’échelle du continent. Conçu au cours des années 1960 à l’initiative de l’Algérie et de la Commission des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA), le projet de la Route Transsaharienne (RTS) est conduit par un Comité de coordination composé des représentants des six pays cités plus haut. Il a finalement démarré au début des années 1970 dans le cadre des 2 corridors transafricains Alger – Lagos et Dakar – Djibouti identifiés comme prioritaires par le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), pour atteindre les objectifs du Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD) à l’horizon 2020.
La RTS est un réseau de 9 022 km, et relie six pays répartis dans trois des 8 Communautés Economiques Régionales (CER) que compte l’Union africaine : l’Algérie et la Tunisie (Union du Maghreb Arabe), le Mali, le Niger et le Nigeria (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et le Tchad (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale). Elle est constituée d’un axe principal Alger-Lagos long de 4498 km et de trois branches de connexion en direction de Gabès, de Bamako et de N’Djamena :
- L’axe principal traverse l’Algérie, le Niger et le Nigeria, et passe principalement par Ghardaïa et Tamanrasset, puis Agadez et Zinder, et ensuite Kano et Kaduna, sur une longueur totale de près de 4 500 km.
- La branche tunisienne relie le port de Gabès à l’axe principal de la Route Transsaharienne au niveau de Ghardaïa, en passant par Gafsa et Tozeur, puis El Oued, Touggourt et Ouargla en Algérie. D’une longueur totale de 866 km, la branche tunisienne est entièrement revêtue.
- La branche malienne relie Bamako à Tamanrasset sur une longueur totale de 2 461 km.
- La branche tchadienne relie N’Djamena à l’axe principal de la Route Transsaharienne au niveau de Zinder au Niger, sur une longueur totale de 1197 km. Elle contourne le Lac Tchad par le nord et passe par Bol pour rejoindre une route revêtue au Niger à partir de Nguigmi.
Ce projet a pour principaux objectifs le désenclavement de plus de 420 millions d’Africains, repartis sur plus de 6 millions de km2 constitués en grandes parties de vastes régions sahariennes du Maghreb et du Sahel, l’intégration économique des 6 pays traversés, et potentiellement des pays du Golfe de Guinée (les pays situés sur le littoral Atlantique, du Maroc au Congo-Brazzaville) et l’ouverture d’un nouveau corridor vital pour tous les 16 pays ouest africains sur les ports de la Méditerranée via le réseau routier algérien.
La durée du projet est de 60 mois et son coût total HT/HD est de 381,40 millions d’Unités de Compte (soit 549,276 millions $ ou 453,87 millions €). Les partenaires techniques et financiers sont la Banque Africaine de Développement (BAD), la Banque Islamique de Développement (BID), la Banque Arabe pour le Développement en Afrique (BADEA), la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC), le Fonds Koweitien pour le Développement Economique en Afrique (FKDEA), le Fonds Saoudien de Développement (FSD), le Fonds de l’OPEP pour le Développement International (OFID) et les Gouvernements algérien, malien, nigérien, tchadien et tunisien.
Les bénéfices économiques et sociaux reviendront principalement aux habitants de la Zone d’Investissement Prioritaire (ZIP) directe qui comprend 32 régions traversées, 74 agglomérations desservies, pour une superficie de 6 millions de km² et une population de 420 millions d’habitants répartie entre l’Algérie, la Tunisie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Nigeria.
Bamako, le 18 février 2021
Modibo Mao MAKALOU
MBA/Finance Internationale