La condamnation pour « harcèlement » du journaliste béninois Ignace Sossou pour une série de tweets portant sur l’intervention du procureur de la République lors d’un débat sur les « fake news » organisé par Canal France International (CFI) provoque l’indignation d’une partie de la société civile béninoise. Et soulève plusieurs questions que pointe son confrère Deo Gratias Kindoho.
Le 19 décembre, le journaliste béninois Ignace Sossou, collaborateur du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), est arrêté chez lui par la police républicaine. Après quatre jours de garde à vue et une perquisition à son domicile, il comparaît lors d’un procès éclair puis est condamné à 18 mois de prison ferme. Son avocat affirmera n’avoir pas eu le temps nécessaire à la préparation de sa défense.
« Harcèlement », disent-ils. Pas « diffamation »
La veille de son arrestation, le journaliste avait posté sur les réseaux sociaux des propos attribués au procureur de la République Mario Metonou, intervenant lors d’un forum organisé à Cotonou par Canal France International (CFI) – l’opérateur de la coopération médias française à destination des pays d’Afrique – pour débattre des « fake news ». Les propos relayés semblaient assez critiques de l’attitude du pouvoir béninois vis-à-vis de la liberté d’expression.À LIRE Bénin : un journaliste condamné à 18 mois de prison ferme
C’est avec ces quelques tweets qu’Ignace Sossou se retrouve alors dans le viseur du Procureur. Ce dernier accuse le journaliste d’avoir sorti ses propos de leur contexte et lui enjoint, épaulé par les équipes de CFI, de supprimer ces publications que ses yeux ne sauraient voir. Ignace Sossou refuse. La suite est désormais de triste notoriété. Ignace Sossou a été jugé coupable de « harcèlement par le biais d’une communication électronique », délit instauré dans le Code du numérique, aberration concoctée par le parlement. « Harcèlement », disent-ils. Pas « diffamation ».
Condamner Ignace Sossou pour harcèlement suppose qu’il est coutumier des publications incriminées à l’égard de son accusateur. Or, il n’y a pas d’antécédent connu de cette nature entre les deux protagonistes.
Par ailleurs, que le journaliste n’ait pas été assigné en diffamation est une preuve que les propos tels que tweets ne souffrent de nul relais mensonger. Tout le monde semble s’accorder sur ce détail de taille. Se plaindre devant un juge au motif que des propos ont été sortis de leur contexte paraît une accusation bien frivole.
Source: Jeune Afrique