TRIBUNE DU PPA-CI NUMERO 37: le parti de Laurent Gbagbo dénonce « a manipulation des données et des comptes publics’

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La manipulation des données et des comptes publics : Quel héritage le RHDP laissera à la Côte d’Ivoire à la lumière de l’expérience sénégalaise ?
Quelle est la part de responsabilité des différents acteurs

Le 24 mars 2024, après un long feuilleton électoral plein de rebondissements, le peuple sénégalais a donné massivement son onction à monsieur Bassirou Diomaye Faye pour diriger le Sénégal. Porté par son parti, Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité, dirigé par l’actuel Premier ministre, Ousmane Sanko, il a eu les faveurs des électeurs sénégalais dès le premier tour de l’élection présidentielle, marquant ainsi l’adhésion du peuple sénégalais au programme de rupture qui lui a été soumis par PASTEF.

Cette élection a fait forte sensation à travers l’Afrique, parce que, pour la première fois, une alternance de rupture effective, à tous les niveaux, pointait à l’horizon dans un pays considéré comme très accommodant avec l’ordre dominant qui prolonge le système colonial. De ce point de vue, l’élection du Président Diomaye Faye, apparaît comme la version civile et démocratique de la rupture opérée au niveau du Sahel avec la création de l’AES. Si les modalités sont différentes, le message, quant à lui, est le même. Il y’a une soif manifeste de souveraineté que les peuples africains expriment bruyamment.
La victoire sans ambages du PASTEF aux législatives entérine non seulement le choix irrévocable du peuple pour le changement mais, en plus, elle confère au gouvernement sénégalais issu du PASTEF un boulevard pour mettre en application son programme de rupture auquel a adhéré massivement le peuple sénégalais. Or pour réussir ce programme, il lui faut de l’argent, beaucoup d’argent. C’est le nerf de la guerre. Malheureusement, dès septembre 2024, les choses s’annoncent mal. Les nouvelles autorités du pays émettent des soupçons de falsification des comptes publics par l’administration sortante. Ces soupçons sont immédiatement réfutés par celle-ci, notamment par le Président Macky Sall lui-même.

En février 2025, les soupçons sont confirmés par un rapport de la Cour des Comptes du Sénégal. Cette haute Cour dévoile que le niveau de la dette publique du pays a été minoré parce qu’une partie de cette dette a été cachée par l’administration de Macky Sall entre 2019 et 2024. C’est-à-dire, durant le deuxième mandat de ce dernier. Le rapport de la Cour des Comptes dit clairement « qu’il y a eu une décision très consciente de sous-estimer le stock de la dette pendant les années précédentes ». Il ne s’agit donc pas de simple erreur d’écritures comptables, mais une volonté manifeste de falsification de la comptabilité publique.

En mission dans le pays, une délégation du FMI, a confirmé le rapport des Cour des comptes. Le Chef de la délégation, en fin de mission, a déclaré que le montant de la dette cachée est estimé à 7 milliards $, soit 4 200 milliards de CFA au coût de 600 FCFA l’unité du dollar. La correction de cette omission volontaire dans les comptes publiques dévoile l’état réel de l’économie du pays. Tous les seuils de tolérance, que sont imposés, comme une sorte de corset, les Etats de l’UEMOA ont été largement dépassés. Le Sénégal a consommé tous les interdits du fétichisme économique, importé mutatis mutandis de l’UE, que se sont imposé les pays de l’UEMOA. Ainsi, le ratio dette/PIB, qui était estimé à 74% (déjà au-delà de la limite critique qui est fixée à 70%), passe à environ 100%. Le déficit budgétaire estimé à 4,9 % (largement au-dessus du seuil communautaire de 3%) est, en réalité de plus de 12%. Dès les premières alertes, le FMI a gelé, en octobre 2024, le programme d’aide de 1,8 milliards $ négocié avec les anciennes autorités. Ce programme, conclu en mars 2023 pour une durée de 3 ans, devrait permettre au Sénégal d’assainir un tant soit peu son économie pour accéder à des taux avantageux sur le marché des capitaux pour le financement de son économie. En contrepartie, le gouvernement devrait entreprendre des réformes structurelles.

Dès l’annonce faite par la délégation du FMI, les agences de notation, les sentinelles autoproclamées des économies des Etats ont dégradé les notes attribuées au Sénégal. Ainsi, l’Agence Moody’s a baissé la note du pays à B3 avec une perspective négative. Standard et Poor’s l’a baissée de B+ à B avec également une perspective négative. En d’autres termes, le Sénégal devra payer plus chers ses emprunts sur le marché des capitaux. C’est une véritable quadrature du cercle que l’administration du Président Diomaye Faye doit résoudre entre sa volonté d’émancipation du Sénégal et les restrictions financières qui pointent à l’horizon, du fait d’un héritage corrompu à elle légué par l’administration précédente. Un an après leur victoire, la rupture promise est encore attendue. Cette situation n’est pas pour déplaire les éternels angoissés des changements qui s’opèrent en Afrique.

Ainsi, sur le site du journal le Monde du 24 mars 2025, l’on peut lire, avec un petit grain de soulagement, « Sénégal : un an après l’élection de Bassirou Faye, une rupture moins franche que prévu » De ce point de vue, la situation du Sénégal devient un cas pratique d’école pour les autres pays qui sont en quête de la souveraineté des peuples.

En effet, la situation à laquelle se trouvent confrontées les nouvelles autorités sénégalaises pose, dans des termes clairs et pratiques, la problématique de la dette publique, notamment internationale. Celle-ci se pose comme suit :
Comment la volonté souverainiste que manifestent de plus en plus les peuples africains peut-elle survivre à l’arme politique redoutable qu’est devenue la dette publique des pays pauvres ?

La réponse à cette problématique est d’autant importante que le cas du Sénégal n’est pas un cas isolé. Les similitudes frappantes entre l’économie sénégalaise et celle des autres pays africains, notamment de la Côte d’Ivoire, sont telles que qu’une ‘une analyse commune peut être faite de sorte à dégager une perspective commune pour les autres cas. Si la dette est une arme pour contrer la révolution sénégalise, elle l’est indiscutablement contre toute les autres révolutions (I). De façon symétrique, la perspective qui se dégage de cette analyse commune sera elle-aussi commune (II).

I. La dette comme entrave aux révolutions africaines.

Ces trois dernières années sont marquées par une volonté de rupture de plus en plus affirmée par les peuples africains portés par leur jeunesse. Même si les modalités d’expression de cette rupture diffèrent d’une expérience à une autre (militaire dans l’AES, civil et démocratique au Sénégal), le fond reste constant. De ce point de vue, tout ce qui se passe dans chacune de ses expériences doit interpeller la conscience politique africaine surtout que l’histoire récente montre des cas de révolution inachevée à cause de l’arme de la dette.

Le cas de la Grèce peut être convoqué ici pour illustrer le risque que court la révolution sénégalaise portée par le PASTEF (A). Mais au-delà de ce que l’on sait avec le Sénégal, il y a les cas que l’on ne sait pas encore, qui restent dans l’ordre du possible. Le PPA-CI, conduit par SE le Président Laurent GBAGBO, qui va à la conquête du pouvoir d’Etat avec la certitude de gagner, pourrait bien être confronté à la même situation (B) même si rien, pour le moment, n’indique que l’héritage du RHDP qu’il aura à gérer se présentera à l’identique de celui que l’Administration de Macky Sall a laissé à Diomaye Faye.

A. La Grèce de 2015-2019 pour comprendre le Sénégal 2024-2025.

Le dimanche 5 juillet 15, la Grèce a procédé à un vote pour le moins inédit. Le lendemain, la zone européenne s’était réveillée avec une gueule de bois, due à une nuit de sommeil sérieusement perturbée, par la sombre perspective que lui offrait la Grèce. En effet, ce dimanche, la gauche radicale (genre France Insoumise), conduite par Aléxis Tsipras a remporté les élections législatives avec 35,4% manquant à un siège près, la majorité absolue. Il doit sa victoire historique dans cette Europe droitière à son engagement à sortir son pays de l’austérité infernale que lui impose ce que l’on appelle alors l’impitoyable « Troïka » composée de la Commission Européenne, du FMI et de la Banque Centrale Européenne. Pendant l’été de la même année, le Premier ministre Aléxis Tsipara, alors Premier ministre convoqua un référendum pour s’opposer au troisième mémorandum de cette troïka. Le Peuple grec le suivit massivement par un vote retentissant de plus de 60%. Le peuple grec ne veut plus du « capitalisme sauvage » pour reprendre l’expression du pape Jean-Paul II. 4 ans plus tard, en juillet 2019, Syriza, le parti d’Aléxis Tsipras perd le pouvoir. La droite, chassée 4 années plutôt, retrouve la majorité au Parlement grec.

Pour comprendre ce renversement de situation il faut interroger l’histoire de la Grèce. La Grèce a rejoint la Communauté économique européenne le 1er janvier 1981. Elle y avait fait acte de candidature le 12 juin 1975. Lorsque qu’en 1992, l’Union Européenne remplace la CEE, la Grèce en devient automatiquement membre. Avant d’arriver à ce stade d’intégration, les Etats européens membres de la CEE s’étaient imposé des critères de convergence. Pour respecter ces critères intenables pour les économies faibles, la Grèce falsifia sa comptabilité publique. Il a fallu l’arrivée du gouvernement socialiste conduit par Georges Papandréou pour se rendre compte de la réalité économique grecque occultée par les gouvernements précédents. Le déficit budgétaire grec est de 12%, soit le double de celui déclaré par les gouvernements précédents. Le ratio d’endettement se situe à112% du PIB. Comme on le voit, dans cette comptabilité, le gouvernement de droite au pouvoir au moment des faits, avait minimisé le poids de la dette ainsi que le niveau réel du déficit budgétaire. Le lourd héritage de la dictature des colonels entre 1967 et 1974, marquée par un surendettement, continue de faire souffrir le pays hellénique. Tout le monde semble tomber des nues devant la réalité des chiffres.

A cela, il convient d’ajouter la corruption qui mine l’administration grecque et qui font échapper au pays une bonne partie de ses recettes fiscales. Plus de 20% de l’économie est souterraine (secteur informel). Les dépenses publiques ne sont pas en reste dans la situation financière grecque. La Grèce, qui se méfie toujours de son voisin turc (il y a encore de nombreux contentieux de l’Histoire non encore soldés), a en effet une des dépenses militaires les plus élevées de la zone européenne comparée à son budget.

En 2015, le peuple le parti de la gauche radicale avait gagné les élections parce qu’il avait capitalisé les espoirs d’un peuple qui souffrait d’un plan d’austérité qui lui enlevait le pain de la bouche et le logement. Ce plan, une sorte de lit de Procuste, se résumait comme suit :

  • Réduction du train de vie de l’État, ce qui se concrétise par :
  • La diminution des salaires des fonctionnaires
  • La suppression de certains postes dans l’administration
  • Le gel des recrutements dans la fonction publique
  • Prolongement du temps de travail et donc recul de l’âge de la retraite
  • Accroissement des recettes de l’État par :
  • Le relèvement d’un taux de la TVA et l’élargissement de son champ d’application (le taux de la tva passe en Grèce de 13 à 23%)
  • Relèvement du taux des cotisations sociales
  • Taxation de certains produits ou prestations de première nécessité comme le gaz, l’électricité, le carburant etc.
  • Privatisation des entreprises publiques

Pour la Grèce, ce plan a du mal à fonctionner parce que l’économie de ce pays ne s’y prête pas.
En effet, la classe moyenne grecque est composée pour l’essentiel des fonctionnaires. C’est grâce à la consommation de cette classe que la Grèce peut espérer créer une croissance pour rembourser ses dettes. C’est malheureusement cette classe qui est doublement diminuée en nombre et en pouvoir d’achat.

En outre, une économie souterraine qui représente plus de 20% du volume des transactions, équivaut à une bonne partie de cette économie qui échappe aux impôts.

Par ailleurs, la Grèce est très peu industrialisée et est totalement dépendante de l’extérieur pour ses besoins énergétiques. Autant de réalités qui rapprochent l’économie grecque de celle d’un pays sous-développé. Il semble difficile dans ces conditions à ce pays, de créer une richesse solide capable de résorber sa très forte dette.

Le Premier ministre Aléxis Tsipras et son parti, coincé de part et d’autre par le poids de la dette n’ont eu d’autre choix que prendre des décisions difficiles qui venaient contrarier l’espérance qu’ils avaient suscitée chez ses compatriotes. La dette a eu raison d’eux. Et en 2019, il se présentèrent en « traitres » devant le peuple qui les sanctionna en votant contre eux. Ainsi, ils ont payé pour un héritage corrompu qui leur avaient été laissé justement par ceux qui profitent de leur échec à mettre en place la politique de rupture qu’ils avaient promis au peuple grec. La droite, auteur de la manipulation et de la falsification des comptes de la Grèce est ainsi revenue au pouvoir.

Avec cette découverte de la dette publique cachée au Sénégal et les conséquences que l’économie droitière du monde capitaliste, tout aussi impérialiste, impose au pays, le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sanko, se trouve dans la situation identique à celle du gouvernement d’Aléxis Tsipras. Les similitudes entre les deux situations sont frappantes.

  • La structure de l’économie Sénégalaise ressemble à celle de la Grèce de 2015 à quelques degrés près. Ce sont des économies très peu industrialisées dont la consommation est portée par une classe moyenne très fragile, composée essentiellement de fonctionnaires. Elle est beaucoup plus fragile et mince au Sénégal qu’en Grèce. Cette économie est également marquée par la présence d’un secteur informel important. La dette publique est le principal moteur des deux économies etc.
  • Les deux gouvernements sont arrivés au pouvoir avec une volonté de rupture qui a suscité un grand espoir au sein des populations, notamment les plus pauvres et la jeunesse en ce qui concerne le Sénégal.
  • Tout comme en Grèce en 2015, le gouvernement Sénégalais doit affronter les adversaires redoutables qui ne souhaitent pas du tout que son exemple fasse des émules ailleurs en Afrique.
    Mais il faut aller au-delà du Sénégal pour élargir l’analyse de façon anticipative à d’autres pays. L’enterrement d’un bossu renseigne tous les autres bossus présents sur leur propre enterrement. L’énorme bosse de la dette publique sur le dos de la Côte d’Ivoire, nous interpelle sur le sort du Sénégal.

B. La Côte d’Ivoire doit-elle se préparer au scénario sénégalais ?

Quel est le stock réel de la dette publique ivoirienne ? Cette question beaucoup de personnes se la posent. Elle prend de l’ampleur avec ce qui a été révélé au Sénégal. La politique économique de Macky Sall n’a guère été différente de celle qui est appliquée depuis 15 ans ici. Elle est faite d’infrastructures routières et d’infrastructures connexes financées par des crédits à des taux exorbitants. Dans la livraison du 12 janvier 2023, l’hebdomadaire sénégalais, « Le Témoin » mentionnait les réalisations du Président Macky Sall en ces termes :

« De 2012 à nos jours, 2526 km de routes revêtues,6673 km de pistes aménagés, 189 km d’autoroutes, 20 ponts ». Macky Sall lui-même dans son discours du nouvel an 2024, a affirmé que le linéaire routier est passé de 1550 km en 2012 à 2900 km en 2023 et que le réseau d’autoroutes qui était de 32 km passera bientôt à 500 km à la fin des chantiers Mbour-Fatick-Kaolack et Dakar-Tivaouane-Saint Louis. Il a par la suite, avec un peu de triomphalisme déclaré « Nous sommes sur le chemin de l’émergence avec la densification de nos infrastructures routières et autoroutières, et la modernisation de notre système de transport urbain et interurbain » (voir Acturoutes du 3/01/2024). L’on croirait entendre l’écho d’un discours venant des bords de la lagune Ebrié. Quand l’on finit de lire les propos de monsieur Aboulaye Sene, Coordinateur du Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes (CADTM) du Sénégal, l’évidence de la similitude des chemins économiques empruntés par Dakar et Abidjan sous les Présidents Ouattara et Sall s’affirme. Tout comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal s’est lancé dans une course à l’émergence à l’horizon 2020. Le Plan Sénégal Emergent (PSE) a englouti des milliers de milliards de FCFA. Il y’a donc une parfaite similitude entre la structure de l’économie sénégalaise et ivoirienne. Dans ces conditions, le PPA-CI et l’ensemble des Ivoiriens sont fondés dans leur inquiétude sur l’état réel de la dette.

En effet, le piège de la dette est l’addiction à la dette. Les pays du G7 ont commencé depuis 2018 à s’inquiéter de la boulimie des pays africains pour la dette. Sur ce point, le journal français le Monde écrivait déjà en 2019 : « Le piège de la dette se referme sur les pays pauvres. L’endettement des pays en développement a crû de 5,3% ». Selon le même journal, elle cumulait en 2018 à 7810 milliards $. Cette dette n’est pas seulement énorme. La structure a également changé. Selon monsieur David Monpass, Président de la Banque Mondiale à cette époque citée par le journal Le Monde, « L’emprunt soutenable est un facteur important dans la croissance économique et la lutte contre la pauvreté. Mais la hausse rapide de l’accumulation de la dette et son changement de structure posent de nouveaux défis ». Le changement de la structure de la dette dont parle l’ancien patron de la BM »’ se situe à un double niveau.

Primo, la dette publique des pays pauvres s’est privatisée, rendant son traitement plus complexe. Les créanciers privés représentaient déjà en 2018 plus de 41% de la dette des pays de l’Afrique subsaharienne alors qu’ils n’étaient que de 19% en 2009.

Secundo, la dette à court terme est passée de 13% du total des encours en début des années 2000 à 30% en 2018. Toute chose qui fait dire à certains économistes que « la dette n’est plus un instrument financier à long terme servant à la croissance des pays en développement, mais un actif financier risqué soumis aux intérêts à court terme des créanciers »
En juin 2024, le Sénégal continuait de bénéficier de la confiance des marchés financiers. Ainsi, les 3 et 4 juin 2024, le Sénégal a réalisé avec succès une émission d’Eurobonds de 750 millions de dollars, rejoignant ainsi la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Bénin sur la liste des pays africains du Sud du Sahara à bénéficier de la confiance des marchés financiers européens (voir AFP du 5 juin 2024). Cela dénote que la confiance des marchés ne signifie nullement la solidité de l’économie qui les sollicite.
Et c’est à ce niveau que l’hypocrisie et la malhonnêteté de certains partenaires sénégalais prend de l’ampleur comme ce fut le cas d’ailleurs en Grèce.

En effet il parait tout de même difficile de convaincre le monde que cette opération de falsification des comptes grecs et sénégalais se soit déroulée à l’insu des marchés financiers qui jouent les sentinelles des économies des nations.

Toute la question se trouve dans la notion de soutenabilité de la dette évoquée par l’ancien Président de la Banque Mondiale. Pour être soutenable, la dette doit respecter certains critères macroéconomiques. Ces critères étant déterminés sous forme de ratio, donc de rapport, c’est à ce niveau que les Etats trichent pour rester dans les limites des seuils de soutenabilité de leur dette. Soit ils exagèrent le numérateur en incluant, par exemple, dans le PIB des composantes difficilement évaluables. Soit, il minore le dénominateur en cachant une partie de la dette comme se furent les cas en Grèce et maintenant au Sénégal.

Pour le moment, aucune donnée disponible ne permet d’affirmer que les comptes publics ivoiriens pourraient être falsifiés. Cependant, il y a des données statistiques macro-économiques qui laissent songeur lorsque l’on les rapporte à l’observation sur le terrain et même en recoupant certaines données chiffrées.

C’est bien le cas de l’Indice de Développement Humain ivoirien, l’IDH de 2024.
Pour comprendre notre approche, il convient de définir l’IDH. Cette notion appartient à l’économiste indien Amartya Sen et à l’économiste pakistanais Mahbub ul Haq. Ils ont eu le mérite de relever que le développement d’un pays ne peut se mesurer à l’aide des seules données macro-économiques. Pour eux, les performances macro-économiques doivent s’implémenter dans la vie quotidienne des populations en améliorant celles-ci. Ils ont à cet désigné trois matrices essentielles qui sont la santé, l’éducation et le niveau de vie.

  • La dimension de la santé est évaluée selon l’espérance de vie à la naissance ;
  • La dimension de l’éducation est mesurée au moyen du nombre d’années de scolarisation pour les adultes âgés de 25 ans et plus et les années attendues de scolarisation pour les enfants en âge d’aller à l’école ;
  • La dimension du niveau de vie est mesurée par le revenu national brut par habitant.
    C’est l’agrégation de ces indices qui donne l’indice composite de l’IDH.
    L’IDH a été adopté par le PNUD à partir de 1990.
    Ces derniers jours, le gouvernement ivoirien, appuyé par ses instruments de propagande célèbre ses performances en matière d’évolution sur la base d’un bon de 5 places pour se positionner à la 156ème place contre 161ème l’année passée. Or la dissonance entre cette performance et certaines données sociales au niveau, notamment de la santé, suggère plutôt un regard plus circonspect sur cette autocélébration du gouvernement ivoirien.

En effet, l’état de santé des populations est une composante importante pour l’évaluation de l’IDH. Nous aborderons cette question au du point 2 en infra. L’année 2025 est une année électorale et le marché des miroirs aux alouettes prospère en pareilles circonstance.

L’allusion à cette donnée socio-économique dans cette partie de notre réflexion répond aux structures nationales et internationales qui soutiennent les allégations, parfois fantaisistes, des gouvernements sur leur performances de gouvernance. Il s’agit de dégager la responsabilité des uns et des autres dans cette comédie économique. Parce qu’il semble difficile que les exercices frauduleux échappent à tous les contrôleurs internes et externes des finances publiques des Etats.

II. De la responsabilité des différents acteurs dans la falsification des comptes publics

En suivant la nature des acteurs dans la gestion de la dette publique, l’on peut dégager deux niveaux de responsabilité. La responsabilité des acteurs internes aux Etats et celles des acteurs extérieurs.

A. La responsabilité des acteurs internes

La Cour des Comptes du Sénégal a révélé la falsification des comptes publics en février 2025, soit environ un an après la fin de l’administration Macky Sall. Si la Cour des Comptes apparaît comme le héros de cette révélation, du reste subodoré, par les nouvelles autorités sénégalaises, l’on ne peut manquer de se poser la question suivante :

Comment la Cour des Comptes du Sénégal n’a pu remarquer une pratique qui a duré 5 ans alors que chaque année elle juge les comptes de l’Etat ?

Parce qu’aucune intelligence humaine ne peut comprendre que les magistrats auditeurs des comptes publics aient subitement retrouvé la plénitude de leurs compétences seulement quand Macky Sall est parti du pouvoir. Cette situation pose, en d’autres termes, la question de l’indépendance des institutions judiciaires dans les démocraties africaines. Elle interpelle en même temps toutes les Cours des comptes de la zone UEMOA, notamment celle de la Côte d’Ivoire. Autant des poursuites judicaires doivent être engagées contre les auteurs administratifs de ce genre de supercheries, autant aucune immunité ne peut justifier une quelconque exemption de responsabilité des magistrats qui, en toute connaissance de cause, certifient les comptes publics manifestement falsifiés. Les conséquences de telles pratiques sont tellement dévastatrices pour les Etats qu’elles ne doivent faire l’objet d’aucune tolérance.

Les seconds acteurs à interroger sur la situation sénégalaise est le parlement qui, par les lois de règlement, entérine les comptes de l’Etat la gestion budgétaire exécutée par l’Exécutif. L’appartenance au même parti politique avec le gouvernement ne dispense pas le parlement d’exercer son contrôle de façon autonome sur l’action gouvernementale, surtout quand ce pouvoir de contrôle est de source constitutionnelle. Les parlements qui se contentent de prolonger dans l’hémicycle les dérapages de l’exécutif en assume aussi une part de responsabilité. Sur ce point précis, les rapports entre le parlement et l’Exécutif, dans le système politique hyperprésidentiel (présidentialisme) hérité de la constitution française de 1958, taillée sur mesure pour le solitaire de Colombey les deux églises (Charles de Gaulle) doivent être révisés en profondeur. La situation que vit le nouveau régime sénégalais, obligé de supporter a posteriori les dérapages de l’administration de Macky Sall, doit interpeller la conscience politique africaine dans ce sens.

Depuis 2011, c’est ce schéma de la pensée monolithique qui a court dans notre pays. L’opposition ne sert que d’enjoliveur de la démocratie version RHDP. Le parlement ne joue aucun rôle particulier sauf celui de donner un verni démocratique à tous les excès du prince régnant. Donc les tares qu’un tel régime produit là-bas peuvent bien se retrouver ici.
Si les complicités internes dans l’affaire de la manipulation des comptes publics sénégalais peuvent se justifier sans convaincre, il est difficile de comprendre en revanche les complicités externes.

B. Les auteurs externes
La mission du FMI, qui a confirmé les révélations de la Cour des Comptes sénégalaise, a marqué son étonnement face à l’existence d’une telle manipulation desdits comptes. Immédiatement, les agences de notation ont procédé à la dégradation de la note du Sénégal, obligeant les nouveaux dirigeants à s’endetter à des coûts plus élevés pour financer l’économie du pays.

Le FMI est le gardien universel des économies mondiales, rôle qui lui a été dévolu depuis les accords de Bretton Wood de 1944. En 2044, le FMI aura un siècle d’expérience de contrôle des économies du monde entier. Alors, comment se laisser convaincre que cette institution ignorait tout de la manipulation des comptes publics sur lesquels il se fondaient pour juger l’économie du Sénégal sous l’administration de Macky Sall. Une telle allégation de la part du FMI met toutes nos économies en danger.

Lorsqu’un vol est perpétré dans une banque sans effraction, les premiers soupçons portent toujours sur les vigiles et les premiers responsables du trésor ou de la banque. Les économies africaines du Sud sub Sahara, sous perfusion, sont régulièrement scrutées par le FMI tel un médecin urgentiste dans la salle de réanimation d’un hôpital. Dans ces conditions, dire que le malade s’est fait de l’automédication dans l’ignorance de l’urgentiste laisse quand même songeur. Non, le FMI ne peut se débarrasser de toute responsabilité dans ce qui arrive à la nouvelle administration sénégalaise. Il a même osé suspendre l’accord qu’il avait avec le pays, accord signé avec l’ancienne administration et qui courrait encore.

Que dire des agences de notation. Le scandale sénégalais interpelle les dirigeants africains sur le rôle de ses sentinelles. Sur quelles données se basent ces agences pour noter telle ou telle économie. Si leurs notations ne se fondent que sur l’unique déclaration des gouvernants ou des données économiques fournies par eux, alors leur existence est une anarque. Toutes ces agences qui se sont précipitées pour sanctionner l’économie sénégalaise à la suite de la découverte de la falsification des comptes de l’Etat font preuve d’une mauvaise foi sans nom. Elles ont leur part de responsabilité qui n’est pas négligeable. Au contraire, en maintenant des notes à l’économie sénégalaise qui ne correspondaient pas à la réalité de celle-ci, ces agences ont aidé l’administration sortante du Sénégal à tromper et son peuple, et les bailleurs de fonds.

Aujourd’hui, la charge est pesante à la fois pour le peuple sénégalais et les nouvelles autorités qui sont obligées de trouver des solutions onéreuses pour financer le programme économique promis à leurs compatriotes, programme qui a justifié la confiance que ces derniers leur ont donnée.

C’est en cela qu’il faut se référer à l’exemple grec ci-avant rappelé pour se demander si le programme révolutionnaire du PASTEF ne sera pas remis en cause par le gouvernement pour sauver les meubles sous la dictée de l’ordre mondial duquel il avait décidé de prendre ses distances. Le peuple sénégalais est-il disposé à supporter les sacrifices que nécessitent les réformes nécessaires pour corriger les indicateurs macro-économiques du Sénégal.

Ces questions se posent aussi au PPA-CI, qui est porteur d’une grande espérance des Ivoiriens qui veulent une rupture nette avec les pratiques anciennes. C’est pour cette raison qu’il serait totalement imprudent de penser que la situation que vit le gouvernement du PM Ousman Sanko est loin de ce qui pourrait attendre le PPA-CI après octobre 2025. Un gouvernement qui ment pour sauver les apparences compromet l’avenir de plusieurs générations. C’est pourquoi, il ne paraît pas juste que les conséquences de ces mensonges soient portées uniquement au débit du peuple. Les auteurs internes et leurs complices doivent aussi en payer le prix. Il est peut-être temps que l’immunité de poursuites, dont bénéficient de jure ou de facto les institutions de Bretton Wood, cesse. Celles-ci doivent surtout redoubler de vigilance et de prudence pendant les années électorales dans les satisfécits qu’elles ou leurs consœurs du système des Nations Unies délivrent à des gouvernants qui adorent s’auto-célébrer. A ce propos, la campagne médiatique que mène le gouvernement sur l’évolution de l’IDH de la Côte d’Ivoire, telle que révélée par le PNUD laisse le PPA-CI circonspect. L’Etat ivoirien, depuis le sommet, lui donne toutes les raisons de circonspection.

En effet, la santé est une composante importante de l’IDH. Or, la dernière convention signée par les institutions ivoiriennes pour les évacuations sanitaires pour personnes privilégiées et leurs familles fait dissonance avec le discours et l’évaluation analytique de l’état sanitaire dans notre pays.
Sujet2. La Convention d’évacuation sanitaire pour les privilégiés de la nation : dissonance entre le discours officiel et les réalités sur l’état sanitaires en Côte d’Ivoire

Le jeudi 15 mai 2025, trois institutions de l’Etat de Côte d’Ivoire et deux faitières d’élus ont passé des conventions avec une compagnie aérienne et un hôpital privé français de renom. La première convention porte sur les facilités de transport vers la France accordées aux membres des institutions et ceux des faitières, à leurs familles ainsi qu’au personnel administratif qui travaille dans lesdites institutions.

Pendant la signature de cette convention une autre convention, dont l’existence a été révélée le même jour par la Présidente du Sénat, porte, quant-à-elle, sur les facilités de soins médicaux accordées aux mêmes bénéficiaires de la première convention par un hôpital privé de renom de Paris. Notre parti s’est déjà prononcé sur les caractères scandaleux, immoral et indécent, du reste admis par une large opinion ivoirienne, de ces conventions pour les privilégiés de la nation. Il n’est donc plus utile de revenir sur cette méprise pour le peuple sauf à ajouter des éléments nouveaux qui renforcent les raisons de la désapprobation collective de cette honteuse initiative des autorités de l’Etat ivoirien. Ce qui est déjà en soi un scandale traduit pourtant un aspect régulier de la gouvernance du RHDP depuis 2011. Cette gouvernance est marquée par une dissonance entre le discours politique empreint de propagande et les réalités observables dans la vie quotidienne des populations ivoiriennes.

La dissonance dans l’espèce se lit, d’un côté, dans le décalage entre la profession de foi d’une gouvernance financière respectueuse des dispositions légales et réglementaires. De l’autre côté, l’on relève une dissonance entre les déclarations triomphalistes des gouvernants et la réalité tangible de l’état sanitaire en Côte d’Ivoire.

I. Des conventions qui illustrent le mépris des dirigeants pour les règles de gestion des finances publiques.

Que leur égo surdimensionné n’en prenne un coup, il importe de rappeler aux dirigeants actuels que la Côte d’Ivoire n’a pas commencé à exister seulement à partir du 11 avril 2011. Ce pays a une histoire qui permet d’enseigner le présent.

En 2008, lorsque la Côte d’Ivoire est allée négocier le 8ème accord de restructuration de sa dette avec les créanciers bilatéraux (Club de Paris) dans la perspective du point d’Initiative du programme PPTE, l’Assistance Hôpitaux de Paris a sorti une dette de 3 650 000 euros (2 400 millions de FCFA) due par la Côte d’Ivoire au titre des évacuations sanitaires et des soins des autorités ivoiriennes des années avant 2000. Après d’âpres discussions, cette dette, ignorée du ministère de finances ivoirien, a été reversée dans l’assiette du montant rééchelonné. Pourquoi le ministère ivoirien ignorait l’existence de cette dette ? Tout simplement parce que ces dépenses, finalement considérées comme publiques, ont été exécutées en dehors du cadre budgétaire légal. C’est à ce niveau que la première problématique majeure se pose avec les conventions ci-dessus rappelées.

Quel est le cadre juridique desdites conventions ?

Ces conventions rentrent-elles dans la catégorie de ce qui s’appelle sous le terme générique de commande publique ?

Il faut comprendre par cette notion, l’ensemble des contrats passés par une personne publique pour satisfaire ses besoins. Elle englobe les marchés publics, les délégation ou concession de services publics, les contrats de partenariat public/privé.

En Côte d’Ivoire, c’est l’ordonnance n°2019-679 du 24 juillet 2019 portant Code des Marchés publics qui régit les différents types de contrats qui rentre dans la catégorie des marchés publics. En son article 1er, le Code des Marchés publics définit le marché public comme « le contrat écrit, conclu à titre onéreux par une autorité contractante pour répondre à ses besoins en matière de travaux, de fournitures ou de services »
L’autorité contractante elle-même est définie comme « la personne morale de droit public ou de droit privé ou l’entité mentionnée à l’article 2 du présent Code, signataire d’un marché public. ».

L’article 2.2 du Code des Marchés publics précise que « les marchés passés par les institutions, structures ou organes de l’Etat créés par la Constitution, la loi ou le règlement, pour toutes leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement, sont soumis au présent Code. Il s’agit notamment de la Présidence de la République, de l’Assemblée nationale, du Conseil Economique, Social, Environnemental et Culturel ou toute institution similaire ». En somme une bonne partie des parties prenantes aux conventions passées avec Corsair et l’hôpital américain de Paris.

Les modalités de passation des Marchés publics sont également prévues par le Code des Marchés Publics. Quel que soit le type et les modalités de sa passation, un élément fondamental détermine le marché public. Le Marché public doit être conclu pour les besoins exclusifs de l’autorité contractante. C’est pourquoi, l’on se demande en quoi le voyage et les soins de santé des enfants de madame la Présidente du Sénat relèvent-ils des besoins du Sénat.

En fait, le régime RHDP n’a que faire des règles de droit. Il a une perception patrimonialiste du pouvoir d’Etat qui s’est davantage accrue après 15 années de pouvoir. Le patrimonialisme étatique est une des caractéristiques majeures de tous les régimes d’exception, quel soit le nom qu’on leur donne. L’Etat c’est eux, leurs enfants et leurs proches. Le bien-être des enfants et des pupilles de la Présidente du Sénat répond des besoins du Sénat.

Il n’y a pas longtemps, un site a été créé par le RHDP pour avoir accès à des emplois privés ou parapublics uniquement ouvert à ses militants. Le 15 avril 2025, le courrier n°442/CRT/CAB/DGA dont l’objet était libellé comme suite « Recrutement de personnel pour le port sec de Ferkessédougou », a été adressé par le 2ème Vice-Président, uniquement aux secrétaires départementaux du RHDP du Tchologo. Cette lettre, venant d’une administration publique, informait exclusivement les militants du RHDP et les invitait à faire acte de candidature aux différents postes ouverts pour la construction du Port Sec en construction à Ferkessédougou.

Comme on le voit, le régime RHDP ne connait plus de limite.
C’est pourquoi, des syndicalistes de la Matca, peuvent faire l’objet de tirs bien ajustés de fusils avec des munitions léthales causant des blessés parmi les syndicalistes dans la moindre indignation des autorités policières et judiciaires.

Vous avez dit République de Côte d’Ivoire. Cherchons mieux. Il y a bien longtemps nous en sommes sortis. Quand la République n’existe plus, le discours politique des dirigeants devient mélange de mensonges, de propagande et évidemment de contradictions. Tout devient dissonant. Tel est l’exemple des progrès chantés en matière de santé des populations ivoiriennes et les réalités des chiffres et du vécu quotidien des malheureux patients de nos hôpitaux qui ne font pas partie de l’élite de choix, soignée gracieusement, avec abattement sur les coûts, dans le très luxueux hôpital américain de Paris.

II. Des dirigeants qui ne croient pas aux hôpitaux nationaux dont ils vantent pourtant l’excellence des prestations

UN SYSTÈME DE SANTÉ EN CRISE, UNE NATION TRAHIE

« Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, nous dévoilons l’urgence silencieuse qui ronge la Côte d’Ivoire : un système de santé fracturé, où l’inégalité tue plus que les maladies.
Mesdames et messieurs l’objectif de cette tribune, est de vous faire comprendre dans quelle situation catastrophique se trouve le système de santé Ivoirien.

Notre économie croît de 6 % par an, mais nos hôpitaux régressent. Le pays soi-disant se développe mais des paramètres majeurs de l’IDH comme la qualité de vie et l’espérance occupent le bas du classement. Les Ivoiriens meurent sur nos routes bitumées (14% de plus en 2024) ; dans nos hôpitaux (8 .843/1000 personnes selon la BM/2022) et surtout dans nos maternités (385 décès pour 100.000 naissances vivantes pour un objectif mondial de 140 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2030 EDS 2021).

Pendant que le Ghana réduit sa mortalité infantile de moitié, que le Rwanda révolutionne la télémédecine, et que le Sénégal produit ses propres tests COVID-19, la Côte d’Ivoire stagne. Notre système de santé est aujourd’hui le dernier de la classe en Afrique de l’Ouest.
La vérité est cruelle implacable aux regards du contexte général du système de santé et de l’examen des principaux piliers du système de santé.

  1. Contexte Général du Système de Santé

La Côte d’Ivoire, qui compte une population d’environ 29,3 millions d’habitants (Banque Mondiale, 2023), a une espérance de vie de 57,8 ans (hommes : 56,2 ans ; femmes : 59,4 ans) selon l’OMS (2022). Cependant, les dépenses de santé restent très faibles, avec seulement 5,3 % du PIB alloué à la santé, soit environ 1 200 milliards FCFA (Banque Mondiale, 2023). Bien que de 60 % de la population soit théoriquement couverte par la Couverture Maladie Universelle (CMU), seulement 20 % l’utilisent réellement . Ce faible niveau d’utilisation est fortement lié à des dysfonctionnements tels que des retards dans les remboursements et une méconnaissance des services offerts (ministère de la Santé, 2023).

  • L’espérance de vie en Côte d’Ivoire est l’une des plus basses d’Afrique. La Côte d’Ivoire occupe la 41ème place sur 54 Etats africains. Elle dépasse à peine le Burkina Faso, la Sierra Leone et se situe largement derrière le Cameroun. A l’exception de Nigéria, toutes les économies qui lui sont semblables la devancent. Comparons :
    o Côte d’Ivoire 61,94 Ghana : 65,50 ans | Sénégal : 68,68 ans | Rwanda : 69 ans (OMS, 2023). Mauritanie 68,48, Gabon 68,34 (Data commons)
  • Un enfant né à Abidjan a 4 fois plus de chances de survivre qu’un enfant né à Odienné. Là-bas la bouse de vache servirait de couveuse pour les prématurés selon un témoignage d’un habitant à travers une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux et qui n’a pas encore fait l’objet de démenti.
  • Un Ivoirien paie 60 % de ses soins de sa poche, contre 35 % en moyenne en Afrique de l’Ouest (Banque Mondiale, 2023).
    Derrière ces chiffres, se cachent des drames humains. Derrière ces chiffres, il y a des mères qui meurent en couches, des enfants emportés par le paludisme, et des médecins contraints à l’exil. C’est cette réalité que nous refusons désormais de taire.
  1. Inégalités territoriales : Abidjan contre le reste du pays
    « Le système de santé ivoirien fonctionne à deux vitesses’’
    Pour le pouvoir en place, le RHDP c’est comme si la Côte d’Ivoire se réduisait à la seule capitale économique, puisque l’on note des inégalités criardes entre le dispositif sanitaire de la capitale économique et celui du reste du pays.
    En effet, 70 % des équipements lourds (scanners, IRM) et 85 % des spécialistes sont concentrés à Abidjan. Dans le Nord et l’Ouest on a :
  • 1 médecin pour 25 000 habitants, contre 1 pour 5 000 à Abidjan (PNUD, 2023).
  • 40 % des centres de santé ruraux sans salle d’accouchement (UNFPA, 2022).
  • 0 IRM publique hors d’Abidjan, alors que le Ghana en compte 25 et le Sénégal 12.
    Pendant ce temps, un paysan de Bouna doit parcourir 200 km pour une radio, un malade du Nord qui arrive au CHR de Korhogo pour un simple scanner ou une IRM est évacué à Bouaké ou à Abidjan par faute d’équipement dans ce CHR qui est sensé fournir des soins de qualité a tout le Nord de la Cote d’Ivoire. Notons qu’à Accra ou Lomé, ces examens sont accessibles en région. Est-ce cela, la promesse d’un pays émergent ?
  1. Mortalité et morbidité : Le bilan accablant
    « La Côte d’Ivoire enregistre des chiffres dignes d’un pays en guerre :
  • La Mortalité générale élevée de 9,9 pour 1000 habitants soit deux fois plus qu’au Rwanda (5,1 pour 1000 habitants) selon (Banque Mondiale, 2020). Notre pays est malheureusement en tête de liste des pays de l’UEMOA, en ce qui concerne la mortalité générale. En d’autres termes on meurt plus dans notre pays qu’au Mali, au Burkina, au Sénégal, au Niger au Sénégal, au Togo, et au Benin.
  • Mortalité infantile : 59,2 décès/1000 naissances (Banque Mondiale, 2023), presque deux fois plus qu’au Ghana (32/1 000).
  • Mortalité maternelle : 385 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes (Enquête Démographique et de Santé/EDS 2021), cinq fois plus qu’au Maroc (72/100 000).
  • Paludisme : 3 200 enfants morts/an, soit 80 % des décès (PNLP, 2023). Le Ghana, avec 4,1 millions de cas, n’enregistre que 1 500 décès grâce à des campagnes de prévention .
    Pire :
  • 25 % des adultes souffrent d’hypertension, et 10,3 % de diabète (IST-NSP, 2022), des chiffres supérieurs à la moyenne africaine.
    Les maladies non transmissibles (MNT) connaissent et connaitront un essor un peu partout dans le monde (apparition de plus en plus de changement de mode de vie).
  • 30 % des vaccins sont perdus à cause de pannes de réfrigération (Gavi, 2023), alors que le Rwanda atteint 98 % de couverture vaccinale .
    L’objectif sera pour le PPA-CI de ramener la santé pour toutes les populations sur toute l’étendue du territoire.
  1. Financement : Priorités inversées, vies sacrifiées
    « Le gouvernement investit dans des stades climatisés, mais lâche la santé. En 2023 :
  • Seulement 7,29% du budget national alloué à la santé, contre 13% pour le Burkina, 8% pour les pays à revenu intermédiaire, en 2020 (PNDS 2021-2025), loin des 15 % promis à Abuja.
  • À titre de comparaison : Le Rwanda y consacre 13 %, le Kenya 10 %.
  • 25 % du budget santé dépend de l’aide internationale (Gavi, UE), une épée de Damoclès.
  • VIH/SIDA : le financement des ARV est assuré très largement par les partenaires internationaux bi ou multilatéraux (USA et Fond Mondial). Le risque de rupture de traitement pour les malades sous ARV est une préoccupation majeure pour ces malades, leur famille et pour la société entière. Ces malades dont la vie est en danger en raison de la récente rupture de l’aide américaine ont fait connaitre leurs attentes au gouvernement ivoirien.
    Face à ce qui est un véritable cri de détresse des malades sous ARV en Côte d’Ivoire, Il est regrettable de constater que la population ivoirienne qui attendait une forte volonté politique à travers un engagement financier important et concret pour le financement des ARV sur le budget national, le gouvernement n’a produit pour toute réponse qu’un communiqué pour rassurer les malades.

De plus il est évident que les préventions de la lutte contre le VIH et les IST ne se fait plus dans notre pays par manque de financement national. La conséquence est l’augmentation exponentielle du nombre de grossesses en milieux scolaire que la presse rapporte régulièrement et l’augmentation du nombre de jeunes et d’adolescents qui contractent le VIH. Selon l’UNICEF et l ONUSIDA, 40% des nouvelles infections au VIH concerne des jeunes et des adolescents.

Si la problématique du financement national pour la lutte contre le VIH/Sida n’est pas résolue au plus tôt, il est évident que le nombre de 1, 3 millions de nouvelles personnes infectées au VIH survenue en 2022 en Côte d’Ivoire (OMS/ 2022) va encore augmenter. De même le nombre de 630.000 personnes décédées pour cause de sida en Côte d’Ivoire en 2022 (OMS/ 2022) va également accroitre. C’est tout le sens de l’interpellation des malades sous ARV faite récemment au Gouvernement. En définitive ils ne font que revendiquer leur droit légitime à la santé et donc à la vie.
Résultat ?

  • 60 % des dépenses de santé restent à la charge des patients (Banque Mondiale, 2023).
  • 35 % des Ivoiriens renoncent aux soins par pauvreté (Enquête LSMS, 2022).
  • Un traitement contre le diabète coûte 2 mois de revenu pour un agriculteur .
    Pendant ce temps, un des exemples les plus marquants reste celui de la surfacturation des équipements médicaux, où 20 milliards FCFA auraient été détournés en 2022 . Avec cet argent, le Bénin a construit 50 centres de santé.
  1. Qualité des services de santé
    « En Côte d’Ivoire, 15 % des patients attrapent une infection à l’hôpital (CHU Treichville, 2023). Au Sénégal, ce taux est de 8 % , grâce à des audits sanitaires trimestriels. Pourquoi cette différence ?
    L’objectif ici est de rattraper rapidement ces chiffres en améliorant les procédures au sein des Commissions d’Établissement (CME) et des différentes Directions Médicales et Scientifiques (DMS).
  2. Système d’information sanitaire
    « Le Rwanda, sorti d’un génocide, a 200 centres de télémédecine. Nous en avons 12.

Pire :

  • Données fantômes : 40 % des décès ne sont pas enregistrés en Côte d’Ivoire (OMS), contre 5 % au Ghana, où un système numérique couvre 100 % des districts.
    Résultat : Le Ghana vaccine 95 % de ses enfants contre la rougeole. Nous stagnons à 68 %. La digitalisation n’est pas un choix, c’est une question de vie ou de mort. »
  1. Produits médicaux : La dépendance face à l’autonomie marocaine et sénégalaise
  • Gaspillage de vaccins : 30 % des doses sont perdues ici à cause de frigos en panne (Gavi). Au Rwanda, des drones livrent les vaccins avec une perte de 2 %.
    « 85 % de nos médicaments sont importés. 78 % des pharmacies publiques sont en rupture de stock (OMS). Comparons :
  • Maroc : Produit 70 % de ses génériques et exporte vers l’Europe.
  • Sénégal : Fabrique ses tests PCR et antigéniques depuis 2020.
  • Côte d’Ivoire : Aucune usine publique. Résultat : 3 200 morts du paludisme/an, faute d’antipaludéens.
    Pire : 30 % des fonds santé sont détournés (Transparency International). Au Sénégal, ce taux est de 15 %. Avec l’argent volé en 2022 (20 milliards FCFA), le Bénin a construit 50 centres de santé. Nous, nous avons perdu des vies. »
  1. Technologies médicales
    « À Abidjan, 3 IRM existent… tous dans le privé. Au Ghana, il y en a 25, dont 15 publics. Dans le Nord ivoirien, un scanner doit couvrir 2 millions de personnes. Au Rwanda, chaque province a son IRM.
    Autre scandale :
  • Chaîne du froid : 30 % des vaccins pourrissent ici. Au Ghana, des capteurs IoT alertent en temps réel sur les pannes.
  • Télémédecine : 12 centres pilotes en Côte d’Ivoire , contre 200 au Rwanda, où un paysan consulte un spécialiste par smartphone.
    Imaginez : Un enfant de Odienné meurt de méningite faute de diagnostic rapide. À Kigali, le même enfant est sauvé grâce à une plateforme connectée aux hôpitaux de référence. »
  1. Corruption et dépendance : Le cancer qui ronge nos hôpitaux
    « La corruption est un fléau qui tue en silence :
  • 30 % des fonds publics destinés à la santé sont détournés (Transparency International, 2023), contre 15 % au Sénégal.
  • 85 % des médicaments sont importés, alors que le Maroc produit 70 % de ses génériques.
  • 78 % des pharmacies des hôpitaux et centres de Santé publiques sont en rupture de stock mensuelle de médicaments malgré la réforme qui a supprimée la PSP et mis en place une nouvelle société appelée Nouvelle PSP. La NPSP est -elle pire que la PSP, à titre de comparaisons ce taux était de 20% avec la PSP et est de 35 % au Ghana.
    Conséquences ?
  • Des mères accouchent à la lampe torche dans 40 % des centres ruraux .
  • Des vaccins contre la fièvre jaune pourrissent dans des frigos en panne.
  • Des médecins utilisent des gants réutilisés faute de moyens.
  1. Pénurie de personnel : L’exode organisé

Pénurie de personnel : L’exode organisé

Ce système en l’état favorise la fuite des cerveaux
40 % des médecins formés ici travaillent en Europe ou au Canada (CNRA, 2023).
0,23 médecin pour 1 000 habitants, contre 0,6 au Gabon (OMS, 2023).
Un médecin ivoirien traite 50 patients/jour, contre 20 au Ghana.
Pire :
Les universités ivoiriennes forment 250 médecins/an, contre 500 au Ghana et 3 000 au Nigeria.
Les sage-femmes couvrent 1 250 femmes enceintes chacune, loin des normes de l’OMS (4/1 000).
En dehors de l’absence de volonté politique chez nous, comment expliquer que le Burkina Faso, ait 1 médecin pour 10 000 habitants, alors que la Cote d’Ivoire stagne à 1 médecin pour 25 000 en zone rurale ?

Infrastructures : Des hôpitaux fantômes
« Le gouvernement vante ses 10 nouveaux hôpitaux en construction, mais la réalité est amère :
30 % des établissements manquent d’équipements de base.
Seulement 0,46 lit d’hôpital pour 1 000 habitants, contre 5 lits/1000 habitants selon l’OMS.
1 ambulance pour 200 000 habitants, alors que le Togo par exemple compte 1 ambulance pour 50 000 habitants.
Un système d’information sanitaire produit tardivement avec des données pas toujours fiables.
À l’hôpital de Korhogo :
1 scanner très souvent en panne pour environ 2 millions de personnes.
Des patients dorment à même le sol.
Au CHU de Treichville par exemple
15 % des hospitalisations entraînent des infections nosocomiales (CHU Treichville, 2023).
Pendant ce temps, le Cap Vert, avec un PIB 10 fois inférieur, atteint 2 lits/1 000 habitants. La honte n’est pas une fatalité !

CMU/CNAM : Une promesse non tenue
La Couverture Maladie Universelle ? Un mirage :
60 % des Ivoiriens théoriquement couverts, mais seuls 20 % l’utilisent.
Des remboursements qui mettent 6 mois à arriver (Rapport CMU 2022).
Des ruraux ignorent son existence, faute de campagne de sensibilisation.
Un recouvrement quasi impossible, chez les indigents et les travailleurs dans l’informel.
Un recouvrement quasi impossible, chez les indigents et les travailleurs dans l’informel et nos parents paysans.
La CNAM donne le sentiment d’être plutôt une sorte de « caisse noire « au regard de la faiblesse des prestations de services fournies aux clients et de l’obligation d’y adhérer pour avoir droit à de nombreux services de l’Etat (inscription à l’école, inscription à des concours etc.).
Comparons :
Au Rwanda, la CMU couvre 90 % de la population, avec des délais de remboursement de 48h.
Au Ghana, le système NHIS réduit les dépenses directes à 20 %.
En dehors des considérations politiciennes on se demande quelle est la valeur ajoutée de la CMU par rapport à l’AMU du Président GBAGBO ?
Pourquoi acceptons-nous cette mascarade ?

Conclusion : L’urgence d’une révolution sanitaire
Mesdames et Messieurs, la Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins en matière de santé :
Plus généralement, nous pouvons continuer à prioriser les mégaprojets inutiles, ou sauver des vies.
En termes de politique, nous pouvons continuer à axer tous nos efforts sur la médecine clinique c’est à dire centrée sur le malade ou changer véritablement de paradigme en matière de santé en mettant en œuvre l’adage qui dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir.
Nous pouvons laisser fuir nos médecins, ou les retenir dans la dignité tout en augmentant leur nombre en termes de formation et en améliorant leur répartition.
Nous pouvons financer par nous-même la santé de nos populations ou continuer notre dépendance vis-à-vis des partenaires et de leurs caprices.
Nous pouvons tolérer la corruption, ou juger les coupables et récupérer les fonds pour le financement de la santé notamment en faisant de cela une véritable priorité nationale.
Nous exigeons :
Tenir notre engagement prise à Abuja de consacrer 15 % du budget national pour la santé, comme au Rwanda par exemple.
Envisager l’accroissement de cette contribution pour tenir compte du retrait annoncé de certains partenaires importants en matière de financement de la santé.
Renforcer la production locale de produits pharmaceutiques et en améliorer la gestion pour réduire la dépendance aux importations.
Un stage sanitaire obligatoire pour les jeunes médecins dans les zones rurales pour les initier à la santé publique en plus de les familiariser aux conditions de vies de nos parents en zone rurale.
La santé n’est pas un privilège. C’est un droit. Et aujourd’hui, ce droit est très peu respecté chez nous. Si le Ghana, le Rwanda ou le Sénégal peuvent garantir ce droit à leurs populations, pourquoi la Côte d’Ivoire ne le pourrait-elle pas ?

La Côte d’Ivoire mérite mieux que des discours. Elle mérite des actes. Et c’est aujourd’hui que tout commence. Trop de mensonges, trop de propagande, trop de mépris pour les populations, trop d’égocentrisme des dirigeants, trop de clanisme. C’est pourquoi les populations expriment les ras-le-bol en disant TROP C’EST TROP.

JE VOUS REMERCIE DE VOTRE ATTENTION !!!!!!!!!

croissanceafrik
croissanceafrikhttp://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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