Afrique : Sidi Ould Tah récupère la présidence de la BAD et reste conscient des enjeux, et des perspectives géopolitiques

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(CROISSANCE AFRIQUE)-En ce mémorable 1er septembre 2025, la ville dynamique et vibrante d’Abidjan en Côte d’Ivoire a été le théâtre d’une cérémonie remarquablement symbolique pour l’ensemble du continent africain dans le domaine de la finance.

Cette journée historique a été marquée par la prestation de serment de Sidi Ould Tah, qui, après avoir été élu le 29 mai de cette année, a officiellement pris ses fonctions en tant que président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), s’engageant pour un mandat de cinq années pleines de défis et d’opportunités. 

La cérémonie officielle, empreinte de solennité et d’importance, a été présidée par Ludovic Ngatsé, ministre congolais de l’Économie et actuel président du Conseil des gouverneurs de la BAD. Ce moment marquant a été honoré par la présence de deux chefs d’État influents, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire et Mohamed Ould Ghazouani de la Mauritanie, ainsi que par de nombreuses personnalités éminentes du monde économique africain. De plus, la cérémonie a également vu la présence notable des deux derniers anciens présidents de la Banque, Akinwumi Adesina et Donald Kaberuka, soulignant ainsi la continuité et l’importance historique de cette institution dans le paysage financier africain.

Devant le Conseil des gouverneurs et le Conseil d’administration, Ould Tah a prêté serment avec solennité et détermination, promettant d’exercer ses fonctions au sein de l’institution ‘’avec honnêteté, discrétion et conscience », en veillant ‘’constamment à l’esprit l’intérêt de la Banque ». Ce rituel cérémonial et chargé de symbolisme marque son entrée officielle en fonction, non seulement comme nouveau dirigeant, mais spécifiquement en tant que 9ᵉ président de cette éminente institution panafricaine. En prenant les rênes de la direction, il succède à l’éminent Akinwumi Adesina, dont le mandat d’une décennie a été largement salué à la fois sur le plan régional et international, notamment pour avoir réussi à mettre en œuvre des avancées stratégiques significatives qui ont laissé une empreinte durable sur la gestion de la Banque et ont renforcé sa réputation à travers le continent. L’arrivée d’Ould Tah à ce poste de haute responsabilité s’accompagne donc de grandes attentes quant à la poursuite et au développement de ces succès.

Économiste de renom et expert respecté dans le domaine de la finance, Sidi Ould Tah prend les rênes de la Banque Africaine de Développement (BAD) après avoir bâti une carrière impressionnante s’étalant sur plus de quarante années au sein de la haute finance tant africaine qu’internationale. Sa carrière est marquée notamment par ses fonctions d’ancien ministre mauritanien de l’Économie et des Finances, ce qui lui a permis de développer une compréhension approfondie des politiques économiques au niveau gouvernemental. Une des étapes les plus marquantes de son parcours reste sa présidence de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), de 2015 à 2025, durant laquelle il a laissé une empreinte indélébile.

Sous son leadership charismatique et visionnaire, la BADEA a subi une transformation institutionnelle spectaculaire, caractérisée par une augmentation significative de la valeur de ses actifs, qui est passée de 4 à près de 7 milliards de dollars. Cette croissance financière impressionnante s’est accompagnée de l’obtention d’une notation financière AA+/AAA, prouvant ainsi la solidité et la fiabilité de l’institution sous sa direction.

 De plus, il a réussi à multiplier par 12 les approbations annuelles et par 8 les décaissements, démontrant ainsi une efficacité opérationnelle et un dynamisme sans pareil. Visionnaire, il a élaboré une stratégie à long terme, dite BADEA 2074, qui s’articule autour des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, visant à promouvoir la croissance économique durable et la prospérité à l’échelle continentale. En outre, il a su démontrer ses compétences en gestion de crise en déplaçant strategicquement le siège de l’institution de Khartoum à Riyad pendant la crise soudanaise, assurant ainsi la continuité des opérations tout en renforçant la résilience de la BADEA face aux défis géopolitiques.

Son parcours académique, brillamment couronné par l’obtention d’un doctorat en économie à Nice Sophia Antipolis, est étoffé par des formations exécutives de prestige suivies à Harvard, à la London Business School, et au Swiss Finance Institute. Ce bagage académique et professionnel impressionnant est encore amplifié par sa maîtrise de plusieurs langues, notamment l’arabe, le français, l’anglais, le portugais et l’espagnol. Cette richesse linguistique et culturelle fait de lui un homme à l’esprit résolument tourné vers l’international, affichant une ouverture sur le monde et une capacité stratégique hors du commun.

Dans son discours marquant, Ludovic Ngatsé a rappelé avec insistance les enjeux colossaux et les défis énormes auxquels Ould Tah devra inévitablement faire face dans un futur proche. Ainsi, ces défis incluent, parmi d’autres obstacles majeurs, l’instabilité géopolitique croissante, une insécurité alimentaire persistante, la crise énergétique mondiale qui s’amenuise, les effets perturbateurs du changement climatique qui s’amplifient, la pression croissante de la dette qui étouffe les économies, ainsi que le recul préoccupant de l’aide internationale qui était autrefois considérée comme un soutien essentiel.

Le nouveau président, dont la récente élection suscite de grandes attentes, hérite, toutefois, d’une institution qui a su se construire sur des fondations robustes au fil des ans. Cette solide institution possède un capital considérable évalué à 318 milliards de dollars, témoignant de sa stabilité et de sa fiabilité exceptionnelles sur la scène internationale. 

En outre, elle a su conserver avec fierté une notation AAA depuis une décennie, un exploit notable qui atteste de sa gestion prudente et de sa vision stratégique. Cependant, avec tous ces atouts en main, le nouveau président est confronté à un défi colossal. Il doit, avec diligence et une planification stratégique aiguisée, répondre urgemment à la nécessité cruciale de consolider la résilience des économies africaines, qui demeurent vulnérables face aux chocs extérieurs fréquents et imprévisibles. De plus, il a la responsabilité essentielle de renforcer la souveraineté financière du continent africain, un objectif visant à garantir une indépendance économique accrue et à édifier une prospérité durable pour les générations futures.

Pour relever ces défis conséquents qui s’imposent de manière urgente et pressante, Sidi Ould Tah articule judicieusement son mandat autour de quatre piliers stratégiques fondamentaux et interconnectés. Il s’agit d’une part de (1) libérer les ressources financières de l’Afrique, ce qui implique diversifier, augmenter et optimiser les sources de financement pour dynamiser l’économie continentale ; (2) rebâtir la souveraineté financière africaine, en renforçant sa capacité à contrôler et diriger ses propres affaires économiques ; (3) transformer la démographie galopante en dividende, en exploitant le potentiel de sa jeunesse pour stimuler l’innovation et la productivité ; et enfin, (4) bâtir des infrastructures résilientes et génératrices de valeur réelle, qui sont essentielles pour soutenir un développement durable à long terme.

Ces orientations stratégiques, mûrement réfléchies, traduisent une ambition claire et audacieuse, consistant à faire de la Banque Africaine de Développement (BAD) non seulement un simple bailleur de fonds traditionnel que l’on considère souvent de façon trop réductrice, mais aussi un véritable catalyseur d’investissements massifs. Ce rôle crucial consiste à être capable de canaliser efficacement non seulement l’épargne africaine, mais aussi les capitaux internationaux, et de les diriger vers des projets structurants qui transcendent les frontières et les secteurs.

L’arrivée de Sidi Ould Tah à la tête de cette institution financière majeure et clé du continent survient dans un contexte singulier et ambigu, où, malgré les tensions économiques mondiales persistantes et incertaines, l’Afrique présente une résilience économique notable et encourageante. La croissance devrait ainsi s’accélérer, passant d’un taux de 3,3% en 2024 à 3,9% en 2025, marquant une tendance positive. De plus, 21 pays africains dépasseront le seuil critique des 5% de croissance, parmi lesquels des nations dynamiques comme l’Éthiopie, le Niger, le Rwanda et le Sénégal, afficheront des taux impressionnants de plus de 7%, témoignant de leur vitalité économique exceptionnelle.

Notons qu’en prônant les principes fondamentaux de ‘’l’ambition élevée et l’audace », Ould Tah incarne l’espoir symbolique et porteur d’une Banque Africaine de Développement (BAD) qui se concentre et se recentre véritablement sur la souveraineté économique du continent africain tout entier. Sa nomination à ce poste de grande envergure est aussi un témoignage fort et significatif des efforts continus et résolus pour renforcer les capacités locales et favoriser la croissance endogène, visée à long terme.

Daouda Bakary KONÉ 

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Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne dont un mensuel disponible dans les kiosques à journaux) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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