(CROISSANCE AFRIQUE)-Cette affaire, qui revêt une importance considérable, a pris forme le 31 juillet 2025. Elle met en évidence un différend particulièrement notable entre la compagnie aérienne nationale du Sénégal, Air Sénégal, et Carlyle Aviation, un acteur majeur dans le domaine de la location d’avions.
Il s’agit d’un contentieux non seulement complexe mais également très coûteux d’une somme astronomique qui s’élève à 65,2 millions de dollars. Ce litige a attiré l’attention des médias et du public en raison de l’ampleur des sommes impliquées.
Ce sont trois sociétés irlandaises, étroitement liées et affiliées à Carlyle Aviation, qui ont pris la décision stratégique de solliciter l’intervention de la justice new-yorkaise, espérant obtenir un jugement favorable afin de récupérer cette somme conséquente de 65,2 millions de dollars.
Ce recours juridique complexe s’annonce déjà comme une bataille judiciaire intense et prolongée, attirant l’attention des experts en droit international et des observateurs économiques sur les répercussions potentielles de cet affrontement financier pour les deux entités en jeu et le climat économique international.
Ce montant substantiel vise à couvrir non seulement une accumulation de loyers non réglés sur une période de temps indéterminée, mais également une addition de divers frais de « redelivery » qui pourraient inclure des coûts de transports et de logistique liés au retour ou à la remise en état de locaux.
Par ailleurs, ce montant englobe aussi des dommages-intérêts importants revendiqués pour ce qui est décrit comme une prétendue obstruction qui aurait été commise envers la mise en œuvre d’une décision émanant des tribunaux sénégalais, institution jusque-là perçue comme un pilier indiscutable de l’ordre légal.
Au cœur de ce litige complexe, se dessine une illustration significative de la dégradation croissante de la confiance que les bailleurs peuvent ressentir à l’égard du cadre juridique local, un cadre autrefois renommé et respecté pour sa stabilité et sa rigueur, mais qui, aujourd’hui, semble mis à mal par les incertitudes et les défis contemporains auxquels il doit faire face.
Air Sénégal est lourdement endettée, avec une ardoise estimée entre 100 et 150 milliards de francs CFA (soit entre 152 et 229 millions d’euros). L’Association du transport aérien international (IATA) a même bloqué 2 milliards de francs CFA (environ 3 millions d’euros) de recettes via son système BSP, tant que la compagnie ne règle pas ses dettes envers Carlyle. Une décision que la direction d’Air Sénégal a qualifiée d’« abusive » et de « contraire au droit ».
Le différend entre Air Sénégal et l’Américain Carlyle Aviation Partners marque un tournant inédit et significatif dans le secteur aérien sénégalais. À l’origine de ce conflit majeur se trouvent quatre avions, à savoir deux Airbus A319 et deux A321, qui avaient été loués à la compagnie nationale dans le cadre d’un contrat de leasing. Carlyle a tenté de reprendre possession de ces appareils audacieux après des incidents de paiement, ce qui a déclenché des tensions palpables. Cependant, en réponse à cette situation complexe, l’État sénégalais a pris une posture plus ferme et affirmée. Selon les révélations détaillées du journal L’Observateur datées du 18 août 2025, Carlyle avait initialement exigé une somme colossale de 54 milliards de francs CFA, ce qui équivaut à environ 82 millions d’euros, dans l’espoir de finaliser la vente de ces deux Airbus A319.
Cependant, face à la résistance et au refus catégorique d’Air Sénégal de céder à cette demande exorbitante, l’entreprise américaine a été contrainte de revoir sa position de manière substantielle, proposant ainsi une offre revue à la baisse, s’élevant à 30,294 milliards de francs CFA, soit environ 46 millions d’euros.
Parallèlement, la compagnie aérienne sénégalaise, bénéficiant du soutien assidu de ses avocats experts en matière de droit aérien, a formulé une contre-proposition audacieuse et bien réfléchie de 16,269 milliards de francs CFA, environ 25 millions d’euros, en prenant soin de déduire des éléments essentiels tels que les factures erronées, les dépôts de garantie ainsi que les loyers déjà versés, démontrant ainsi sa stratégie bien calculée et responsable face à ce défi commercial considérable. Les négociations délicates et complexes avaient été méticuleusement engagées dès le mois de septembre 2024, marquant le début d’un processus de discussions ardues entre les différentes parties impliquées.
Notons qu’un mémorandum officiel, soigneusement rédigé et daté du 5 juin 2025, signé de la main de Tidiane Ndiaye, le respecté directeur général d’Air Sénégal, souligne avec précision que la compagnie aérienne nationale a scrupuleusement respecté ses obligations contractuelles de paiement jusqu’à la date de janvier 2025, s’acquittant ainsi de la majorité de ses dettes, mis à part quelques factures qui étaient restées en litige pour des raisons de contestation.
Dans ce climat de tension, l’État sénégalais, fermement résolu et irrévocablement déterminé à mettre un terme à ce qu’il perçoit comme une pression indue de la part de puissances étrangères, a adopté une position de fermeté inébranlable.
Korotoumou Sylla