(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Bénin, dix jours après la tentative manquée de coup d’État survenue le 7 décembre dernier, la direction générale du trésor et de la comptabilité publique a réussi, le 16 décembre, à effectuer une sortie sur le marché régional de la dette publique de l’UMOA, ce qui souligne non seulement la résilience des institutions financières du pays, mais aussi l’appétit soutenu et la confiance des investisseurs envers la signature béninoise.
À l’issue de cette opération, Cotonou a réussi à mobiliser un montant significatif de 100 milliards FCFA, correspondant exactement à ce qui avait été initialement recherché, et ce, dans un contexte de liquidité qui demeure encore très sélectif sur les marchés régionaux, ce qui rend cet exploit d’autant plus remarquable.
L’opération de mobilisation des fonds a été soigneusement structurée exclusivement autour de trois Obligations assimilables du Trésor (OAT), avec des maturités de 4, 6 et 10 ans. Cela traduit la volonté stratégique des autorités béninoises d’allonger la duration de leur dette, ce qui est essentiel pour optimiser la gestion financière du pays, tout en consolidant le profil de remboursement à moyen et long terme, en vue de garantir une meilleure prévisibilité et une stabilité pour l’économie nationale.
La levée récente de fonds a suscité un intérêt marqué des investisseurs régionaux, illustrant ainsi une confiance accrue envers l’économie locale et ses perspectives de croissance. Les soumissions, qui ont atteint un impressionnant total de 117,83 milliards de FCFA, ont révélé une dynamique d’investissement très favorable, avec un taux de couverture de 117,83 %, ce qui est non seulement significatif mais également supérieur au montant mis en adjudication initialement. Face à cette demande très encourageante, l’argentier béninois, tout en étant conscient des possibilités qu’offre cette situation, a toutefois choisi de s’en tenir strictement à son objectif initial. Il a ainsi décidé de retenir 100 milliards de FCFA, ce qui correspond à un taux d’absorption de 84,87 %.
Ce choix, loin d’être anodin, traduit une gestion prudente de l’endettement, affirmant une volonté de privilégier la discipline budgétaire à une mobilisation opportuniste de liquidités supplémentaires. Cela s’avère d’autant plus significatif dans un contexte où les conditions de marché sont jugées favorables, car cela démontre une approche réfléchie et stratégique dans la gestion des ressources financières, soulignant la capacité du gouvernement à naviguer avec précaution dans un environnement économique en pleine évolution.
Dans le détail, l’OAT de maturité 4 ans s’est imposée comme le produit phare de cette émission spécifique sur le marché, attirant l’attention des investisseurs grâce à des caractéristiques jugées particulièrement attractives et favorables. Elle a concentré l’essentiel de l’intérêt des investisseurs, démontrant ainsi son statut de choix privilégié, avec des conditions que beaucoup considèrent comme très avantageuses. En effet, les titres ont été retenus à un prix marginal de 9 800 FCFA, pour un rendement moyen pondéré de 6,44%, un niveau qui se révèle compétitif au regard du contexte monétaire régional complexe et des arbitrages minutieux opérés par les investisseurs entre risque et rendement, deux facteurs cruciaux dans leurs décisions d’investissement.
Fait notable, la totalité des offres retenues sur cette ligne, représentant un investissement significatif, provient exclusivement d’investisseurs togolais, soulignant ainsi le rôle de plus en plus central et stratégique du Togo sur le marché régional de la dette souveraine. Cette prédominance togolaise dans une émission d’une telle envergure illustre non seulement la profondeur croissante du marché financier togolais, mais témoigne également de la force économique de ce pays, portée notamment par les banques dynamiques, les institutions financières bien établies et les investisseurs institutionnels basés à Lomé. Ce phénomène, qui confirme également la confiance accrue accordée à la signature béninoise, est perçue comme relativement solide et fiable au sein de l’espace UMOA, grâce à une trajectoire économique et financière jugée prometteuse, renforçant ainsi l’attrait de cette région pour les investisseurs locaux et internationaux.
Au-delà de l’opération ponctuelle, cette levée de fonds met véritablement en lumière la recomposition complexe et dynamique des flux de capitaux au sein de l’Union, où certains marchés nationaux émergent avec force et commencent à s’affirmer comme des pourvoyeurs majeurs de liquidité pour les émissions souveraines. En réussissant cette émission sans céder à la tentation d’un surfinancement, le Trésor béninois envoie un signal puissant de crédibilité et de discipline financière aux marchés, renforçant ainsi sa position et sa réputation dans le paysage financier. Ce positionnement stratégique, mûrement réfléchi et soigneusement orchestré, pourrait s’avérer déterminant pour ses prochaines sorties sur le marché UMOA-Titres, surtout à mesure que la concurrence entre les différentes signatures souveraines s’intensifie dans la sous-région.
Notons que dans un contexte économique où l’accès aux financements est devenu crucial pour le développement, cette démarche illustre non seulement la volonté du Bénin de s’inscrire dans une dynamique de réformes et de modernisation économique, mais également sa détermination à attirer de nouveaux investisseurs tout en renforçant la confiance de ceux déjà présents.
Daouda Bakary KONÉ

