(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Nigeria, les autorités ont exprimé leur désir et leur intention d’attirer les investisseurs chinois dans le domaine des centres de données, un marché en plein essor dont la valeur est estimée à atteindre 671 millions de dollars d’ici 2030. Cet appel aux investisseurs a été formulé par Joseph Tegbe, le directeur général du Nigeria-China Strategic Partnership (NCSP), un organisme clé dans les relations entre le Nigeria et la Chine.
L’annonce a été faite dans le cadre prestigieux du Digital Silk Road Connection Event, un événement de première importance qui s’est tenu la semaine dernière en Chine, attirant l’attention de la presse locale sur l’importance croissante de la coopération économique et technique entre le Nigeria et la Chine. La présence de Joseph Tegbe à cet événement souligne l’engagement stratégique du Nigeria pour solidifier des partenariats fructueux avec des puissances économiques mondiales telles que la Chine, tout en cherchant à renforcer son infrastructure technologique grâce à ces collaborations internationales.
M. Tegbe lors de son intervention, a particulièrement mis en exergue l’importance capitale et pressante de répondre à la demande en capacité numérique au Nigeria. Ce pays, qui abrite déjà une proportion significative des utilisateurs d’internet sur le continent africain, voit son trafic mobile croître à une remarquable vitesse de 40 % chaque année. Ce phénomène représente, selon ses propos, bien plus qu’une simple statistique : il s’agit d’une véritable opportunité stratégique.
En effet, cette tendance pourrait fortement favoriser une collaboration accrue et bénéfique entre l’Asie et l’Afrique, notamment par le biais du concept ambitieux et prometteur de la « Route de la soie numérique ». Une telle coopération aurait le potentiel de transformer et d’améliorer considérablement les infrastructures numériques de toute la région, catalysant ainsi un développement technologique et économique partagé entre ces deux continents.
Selon les données citées par M. Tegbe, le marché nigérian des centres de données était évalué à 278 millions de dollars en 2024. Cette croissance attendue s’inscrit dans un contexte de transformation numérique accélérée, où tous les secteurs, sans exception, s’efforcent d’intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC) à leurs activités quotidiennes. Le cabinet d’études Mordor Intelligence anticipe que l’augmentation remarquable de l’utilisation des smartphones, conjuguée à l’expansion rapide des plateformes d’achat en ligne et l’essor fulgurant des données mobiles, jouera un rôle crucial dans l’impulsion du marché des centres de données nigérian, le propulsant vers de nouveaux sommets.
Cependant, malgré ces immenses opportunités, la concurrence au sein de ce secteur devient de plus en plus sévère. Mordor Intelligence identifie les principaux acteurs du marché comme étant Africa Data Centers, une division de Cassava Technologies, Digital Realty qui opère avec Medallion Communications Ltd, MDXi piloté par MainOne sous l’égide d’Equinix, ainsi que WIOCC. En outre, des opérateurs télécoms de première importance dans la région, tels que MTN et Airtel Africa, ont également commencé à faire une percée sur le marché des centres de données, dans le cadre d’une stratégie de diversification ambitieuse de leurs activités traditionnelles.
Toujours selon les études approfondies menées par Mordor Intelligence, le succès sur le marché nigérian des centres de données, qui connaît une dynamique en constante évolution, repose fondamentalement sur la capacité des opérateurs à proposer des solutions complètes et flexibles. Celles-ci doivent impérativement intégrer une connectivité fiable et robuste, offrant ainsi un accès direct aux principaux fournisseurs de services de cloud, lesquels jouent actuellement un rôle central dans la transformation numérique.
En outre, il est essentiel de mettre en place des infrastructures solides, soutenues par une alimentation électrique stable et continue pour assurer la fiabilité des services fournis. Outre ces aspects techniques, il est crucial d’investir massivement dans le développement d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, soulignant l’importance de l’innovation avec des services différenciés. Cela inclut l’incorporation de mécanismes de sécurité avancés pour la protection des données sensibles et des solutions de refroidissement efficaces pour maintenir l’intégrité matérielle et le fonctionnement optimal des systèmes.
Enfin, il est tout aussi vital de cultiver et de maintenir de bonnes relations avec les autorités gouvernementales locales ainsi qu’avec les partenaires du secteur des télécommunications, afin de garantir une exploitation optimale et durable dans cet environnement concurrentiel.
Le succès futur des entreprises, en particulier dans l’industrie technologique, dépendra de façon cruciale de leur capacité non seulement à anticiper mais aussi à s’adapter de manière proactive aux besoins changeants et en constante évolution des clients. Cela inclut spécifiquement des domaines aussi avancés et dynamiques que le edge computing, qui nécessite de rapprocher les traitements de données au plus près des utilisateurs, et les solutions cloud hybrides, qui offrent une flexibilité sans égale en intégrant des infrastructures sur site avec des ressources de cloud public. Les opérateurs, qu’ils soient locaux ou internationaux, doivent soigneusement équilibrer leurs ambitieux plans d’expansion avec les demandes du marché, tout en veillant à ne jamais compromettre l’efficacité opérationnelle et la qualité de service, qui demeurent des piliers essentiels pour la gestion optimale et l’exploitation efficace des centres de données. Ces aspects représentent un enjeu critique tel que souligné dans le rapport intitulé « Nigeria Data Center Market: Size & Share Analysis – Growth Trends & Forecasts Up To 2030 ».
Notons qu’il est important toutefois de garder à l’esprit qu’il ne s’agit pour le moment que d’une incitation ou d’une invitation à investir dans le marché en pleine croissance du Nigéria. La manière dont réagiront les entreprises technologiques ainsi que les investisseurs d’origine chinoise n’est pas encore déterminée. De plus, il demeure une incertitude concernant les modalités précises ainsi que le montant exact qui sera effectivement investi sur le terrain, bien qu’il faille noter que M. Tegbe avait évoqué dans une annonce en juillet dernier des engagements de la Chine pour investir une somme colossale de 20 milliards de dollars dans les secteurs clés de l’économie nigériane.
Mariam KONE
