(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Mali, bien que ses implications dans des détournements financiers aient été évidentes, il parvient non seulement à éviter l’incarcération, mais se voit en plus octroyer un poste prestigieux et influent en tant que ministre chargé des Maliens vivant à l’étranger.
Ce geste, interprété par beaucoup comme un message implicite lui demandant de « trouver comment rembourser », soulève de nombreux questionnements sur l’équité du système judiciaire. Pendant ce temps, d’autres individus croupissent derrière les barreaux pour des accusations similaires, parfois même sans preuves tangibles pour soutenir leur culpabilité. Ce phénomène est représentatif de la triste réalité actuelle du Mali Kura.
Un pays pour lequel la population s’est autrefois mobilisée avec détermination, allant même jusqu’à renverser un président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keïta – Allah Yarham. Les événements tragiques des 11, 12 et 13 ont laissé dans leur sillage non seulement des décès, mais aussi des blessures irréparables, avec des vies à jamais marquées par le handicap. La question d’un avenir juste et transparent pour le pays demeure brûlante.
Si vous, les Maliens de l’intérieur, pour une multitude de raisons personnels ou collectives, décidez de fermer les yeux sur cette affaire qui semble pourtant cruciale, nous, la diaspora, nous ressentons la nécessité impérative et légitime de demander des comptes sur l’utilisation des 500 millions qui ont été mis à disposition afin d’organiser les états généraux. Comment exactement ont-ils été utilisés?
D’autant plus, qu’à ce jour, malgré les intentions initiales d’amélioration, aucune recommandation issue de ces états généraux n’a encore été mise en œuvre, ce qui soulève des questions inquiétantes sur la gestion de ces ressources. Cela fait écho à une situation antérieure déjà bien connue impliquant Moussa Ag Attaher, où il est allégué que des fonds publics auraient été détournés dans un cas concernant le ministère des Sports, une affaire qui n’a pas manqué d’attirer l’attention de la justice. Cet incident est documenté dans l’édition N° 557 de Mali Tribune, datant du vendredi 31 janvier 2023, illustrant un précédent fâcheux qui devrait nous inciter à être extrêmement vigilants aujourd’hui face à cette nouvelle situation.
Dans un rapport détaillé et exhaustif récemment publié concernant la gestion financière du ministère de la Jeunesse et des Sports, qui a aussi la responsabilité de l’instruction civique ainsi que de la construction citoyenne, le Bureau du Vérificateur général (BVG) a annoncé avoir mis en lumière des irrégularités financières dépassant la somme de 345 millions de francs CFA.
Ce rapport met en exergue une multiplicité de pratiques douteuses, notamment la prolifération de fausses factures, la réalisation de paiements illicites, et de nombreuses autres opérations financières suspectes qui soulèvent des inquiétudes significatives. Face à ces découvertes préoccupantes, les infractions identifiées ont été promptement signalées et les dossiers pertinents ont été officiellement transmis aux instances judiciaires compétentes pour des enquêtes approfondies et des suites judiciaires appropriées.
Les travaux de vérification méticuleusement menés par le Bureau du vérificateur se sont penchés dans le détail sur la gestion complexe et multidimensionnelle de l’exercice budgétaire 2023-2024, en particulier le mois d’août, au sein de la direction des finances et du matériel du ministère de la jeunesse et des sports, chargé également de l’instruction civique et de la construction citoyenne.
L’objectif principal de cette vaste vérification était de garantir la régularité, l’intégrité, et la transparence des diverses opérations de dépenses. Dans ce cadre, les travaux du BVG ont notamment porté une attention particulière à l’évaluation rigoureuse du contrôle interne, ainsi qu’à l’analyse approfondie des dépenses de fonctionnement et d’investissement qui ont été réalisées dans le cadre du budget général de l’État.
Selon les explications du BVG, qui ont été soigneusement détaillées, un rapport exhaustif de 83 pages en date du 22 janvier 2025 révèle que des irrégularités significatives ont été constatées, atteignant le coût vertigineux de plusieurs centaines de millions de nos francs. Le rapport énonce que le montant total des irrégularités financières est chiffré à 345 869 035 F CFA, dont 301 448 F CFA ont été régularisés après les travaux de vérification minutieuse, tandis que le reliquat des irrégularités financières non justifiées reste conséquent, s’élevant à la somme troublante de 345 567 587 F CFA. Cette situation met en lumière la nécessité impérative d’un contrôle plus rigoureux et une gestion financière plus transparente au sein des institutions concernées.
Selon le Bureau de Vérification des Comptes (BVG), les faits reprochés sont nombreux et concernent plusieurs irrégularités financières significatives. Ils sont notamment liés à des dépenses irrégulières engagées lors des Jeux Olympiques, pour un montant considérable de 4 010 140 F CFA. De plus, il y a eu une justification des dépenses par le biais de fausses factures, pour une somme bien plus élevée, atteignant 74 789 547 FCFA. Le rapport fait également état de la réutilisation de certaines factures existantes afin de justifier des dépenses supplémentaires, s’élevant à 30 278 565 FCFA.
Une autre irrégularité notable concerne le règlement de dépenses indues lors de compétitions sportives internationales, ce qui représente cette fois-ci un montant massif de 142 881 982 FCFA. En outre, il y a eu le paiement de dépenses inéligibles, totalisant 45 465 200 F CFA, ainsi que le paiement irrégulier de primes suite à l’ajout de noms fictifs dans les listes, et cela pour un montant de 20 000 000 F CFA. Un montant de 9 465 953 FCFA est lié au non-reversement des retenues de TVA sur les factures payées aux fournisseurs, soulevant des préoccupations autour du respect des obligations fiscales.
Enfin, il est mentionné le non-reversement au Trésor Public des frais de voyage de l’équipe Séniors du Mali pour la CAN 2023, s’élevant à 18 676 200 FCFA. Outre ces préoccupations financières, la gestion administrative du département des Sports a également été critiquée, marquant ainsi un problème systémique touchant différents niveaux de gestion au sein du département. Ces faits soulignent une série de défaillances qui méritent une attention particulière pour rétablir l’intégrité et la transparence dans la gestion des affaires publiques.
Le ministère chargé des Sports n’a pas mis à jour l’arrêté interministériel fixant le taux des primes accordées aux sportifs, ce qui pourrait avoir des répercussions sur la motivation des athlètes à participer à des compétitions de haut niveau. Ce manque de révision des primes peut entraîner des frustrations parmi les sportifs qui se sentent méritants de récompenses proportionnelles à leurs performances. Par ailleurs, il est également préoccupant de constater que le montant total des avances faites au Régisseur spécial dépasse largement la somme requise pour la gestion normale des affaires courantes.
Cette situation suggère potentiellement une mauvaise gestion financière au sein du ministère. Le Directeur des Finances et du Matériel, en dépit des règles établies, ne respecte pas le principe fondamental de séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable, ce qui peut conduire à des conflits d’intérêts et à un manque de transparence dans la gestion des fonds publics. Un autre point de critique est que la DFM n’a pas publié le plan de passation révisé des marchés, qui est essentiel pour garantir l’intégralité et la transparence des procédures d’acquisition et d’octroi de contrats.
De surcroît, la DFM du ministère chargé des Sports ne dispose pas d’un système d’archivage opérationnel, ce qui pourrait facilement entraîner des pertes de documents cruciaux et nuire à la traçabilité des décisions financières et administratives. En ajoutant à cela, il a été constaté que le cadre organique bien défini de la DFM du ministère chargé des Sports n’est pas respecté, ce qui pourrait créer une confusion institutionnelle et un manque d’efficacité au sein de la structure. Toutes ces observations alarmantes ont été relevées par le Vérificateur lors d’un audit approfondi.
Après dénonciation de ces faits troublants, le Bureau du vérificateur a pris la décision de transmettre les dossiers détaillant ces irrégularités graves au président de la section des comptes de la Cour suprême ainsi qu’au procureur de la République du pôle national économique et financier. Cette démarche vise à garantir que des actions correctives seront prises et que les responsables de ces défaillances administratives devront rendre compte de leurs actes.
Selon des indiscrétions qui circulent dans l’environnement du ministère, ces genres de malversations financières sont malheureusement monnaie courante dans les structures ministérielles des Sports.
Notons qu’il semble que l’on ferme souvent les yeux sur ces irrégularités, en particulier lors de l’organisation des grands événements sportifs internationaux qui mobilisent d’énormes ressources financières et logistiques. Ces pratiques dénoncées mettent en lumière un besoin urgent de réforme et de renforcement des mécanismes de contrôle interne pour assurer une gestion saine et transparente des fonds destinés au développement du sport dans la nation.
Rédaction