(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Burkina Faso, l’État a confirmé avec assurance son retour à une stabilité financière sur le marché régional des titres publics. Plus précisément, lors de son opération de levée de fonds du 22 octobre, la direction générale du trésor et de la comptabilité publique a réussi à collecter un montant total de 32,99 milliards de francs CFA, ce qui représente une performance impressionnante avec une surperformance de 10% par rapport à l’objectif initial qui était judicieusement fixé à 30 milliards de francs CFA.
Cette performance notable a été non seulement rendue possible, mais aussi amplifiée par une demande élevée et soutenue atteignant un total de 42,33 milliards de francs CFA, ce qui se traduit par un taux de couverture remarquable de 141,13%. Cela témoigne éloquemment de la confiance renouvelée et renforcée des investisseurs envers la signature souveraine du Burkina Faso, malgré un environnement économique et sécuritaire qui, reconnaissons-le, reste particulièrement exigeant et complexe. Une telle réussite envoie un message fort sur la résilience économique du pays et indique que les récentes initiatives gouvernementales pour stabiliser l’économie nationale portent leurs fruits.
Cette émission combinée de Bons du Trésor (BAT) et d’Obligations assimilables du Trésor (OAT) marque un retour à des conditions de financement plus prévisibles et soutenables, offrant ainsi une certaine stabilité aux investisseurs. Ces instruments financiers, cruciaux pour la gestion de la dette publique, sont émis dans un contexte où la confiance dans le marché commence à se rétablir.
Les rendements moyens pondérés, désormais contenus entre 6,7% et 7,5%, signalent non seulement un rééquilibrage du marché après plusieurs mois de tension sur les taux, mais aussi une opportunité pour les investisseurs à la recherche de placements relativement sûrs. À leur tour, les BAT et OAT, qui ont des maturités différentes, permettent de diversifier les investissements tout en maintenant un niveau de rendement attractif. Plus précisément, le BAT à 364 jours a mobilisé un impressionnant montant de 12,96 milliards de Francs CFA, avec un rendement moyen pondéré élevé de 7,48%, démontrant un attrait certain auprès des investisseurs.
En parallèle, les OAT à 3 ans et 5 ans ont rapporté respectivement des taux de 6,76% et 6,93%, pour des montants significatifs de 2,35 milliards et 6,27 milliards de Francs CFA, soulignant l’intérêt pour des obligations à plus court terme. De plus, l’OAT à 7 ans a absorbé la somme considérable de 11,4 milliards de Francs CFA, avec un rendement moyen de 7,15%, confirmant l’appétence des investisseurs pour des titres à plus longue échéance, alors que l’économie cherche à stabiliser ses bases après une période tumultueuse.
Ce niveau global de rémunération, qui est très proche de la moyenne régionale, reflète un retour de Ouagadougou à des rendements dits ‘normaux’. Ces rendements équilibrent de manière judicieuse l’attractivité pour les investisseurs tout en permettant à l’État de garder le contrôle sur le coût associé à sa dette. Dans ce cadre, on note que les souscriptions ont afflué depuis cinq pays qui sont membres de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), ce qui confirme de manière éclatante la solidité du profil de crédit du Burkina Faso.
De manière plus détaillée, c’est le Burkina Faso lui-même qui arrive en tête de peloton avec un montant impressionnant de 19,97 milliards de FCFA en termes de souscriptions. Suit ensuite le Sénégal qui a enregistré des souscriptions à hauteur de 7,07 milliards. La Côte d’Ivoire a, quant à elle, apporté un soutien de 3,27 milliards, suivie par le Bénin avec 2 milliards. Finalement, le Togo complète cette liste avec un montant de souscription plus modeste de 0,08 milliard de FCFA.
Malgré une demande supérieure de plus de 40% par rapport à l’objectif initial fixé pour l’émission des obligations souveraines, le Trésor public a procédé à une sélection minutieuse en ne retenant que les propositions considérées comme les plus avantageuses pour l’État. En adoptant une méthode reposant sur un taux d’absorption sélectif, l’institution vise principalement à contenir de manière efficace le coût global du financement public. Cette approche prudente, que l’on pourrait également qualifier de prévoyante, reflète clairement la volonté manifeste des autorités financières et gouvernementales d’assurer une gestion judicieusement rigoureuse de la dette nationale, tout en s’efforçant de maintenir la confiance et la crédibilité des marchés financiers.
Notons que les fonds levés grâce à cette émission seront principalement destinés au financement du budget national dans son ensemble. Cela inclut particulièrement les projets d’investissement cruciaux pour le développement économique et le fonctionnement quotidien de l’administration publique, dans un contexte actuel où l’accent est mis sur une consolidation budgétaire solide et responsable.
Korotoumou Sylla

