(CROISSANCE AFRIQUE)-Avec un excédent commercial de 992 milliards de dollars (soit 19 % de plus qu’en 2022), la Chine consolide son statut de premier exportateur mondial de marchandises, selon les chiffres publiés ce 13 janvier 2025.
Une augmentation de 5,9 % des exportations en 2024. Une forte demande étrangère pour des produits comme les véhicules électriques, les batteries, et les panneaux solaires. La montée du commerce électronique transfrontalier.
Cependant, ce succès masque des réalités plus complexes : Une hausse modeste des importations (+1,1 %) témoigne d’une demande intérieure affaiblie, pénalisée par une reprise lente du secteur immobilier et par une substitution croissante par des alternatives moins coûteuses.
Aussi, les exportations vers les États-Unis risquent d’être affectées par des droits de douane massifs (jusqu’à 60 %) annoncés par l’administration Trump. Cette situation pourrait inciter les entreprises chinoises à diversifier davantage leurs marchés cibles, en augmentant leurs exportations vers d’autres régions comme l’Asie du Sud-Est, l’Afrique et même l’Amérique Latine, où la demande pour des produits manufacturés est en pleine expansion.
Cela nécessiterait des ajustements stratégiques significatifs pour naviguer dans un paysage commercial de plus en plus complexe et politiquement chargé.Un équilibre fragile : La classe moyenne chinoise voit ses économies s’éroder, freinant la consommation. Alors que les pressions inflationnistes et les préoccupations économiques mondiales pèsent sur le pouvoir d’achat des consommateurs, la dépendance accrue à l’égard des exportations pourrait avoir des répercussions sur la stabilité économique à long terme.
Les surplus de production restent difficiles à absorber sur un marché intérieur encore atone, où l’essor du numérique et les nouvelles tendances de consommation modifient les habitudes d’achat des citoyens, souvent en faveur de l’occasion ou des solutions plus économiques.
Malgré cette année record, les défis structurels et géopolitiques pourraient limiter la pérennité de cette performance. La guerre commerciale avec les États-Unis, alliée à des tensions croissantes avec d’autres puissances économiques, pourrait restreindre les opportunités de croissance future de la Chine.
Par ailleurs, le pays doit également se confronter à des problèmes internes tels que le vieillissement de sa population, la nécessité d’une transition énergétique et les pressions environnementales croissantes. La Chine peut-elle s’adapter et maintenir son rôle clé dans le commerce mondial tout en répondant à ces enjeux, ou sera-t-elle contrainte de revoir ses stratégies pour naviguer dans un monde de plus en plus incertain ?
Avec ces dynamiques en jeu, la Chine pourrait envisager des réformes structurelles pour revitaliser son marché intérieur, tout en cherchant à établir des partenariats commerciaux plus robustes avec des pays en développement. En cultivant la consommation intérieure et en innovant dans ses secteurs technologiques, le pays pourrait non seulement soutenir sa croissance, mais aussi se positionner comme un leader dans le commerce durable.
Alors que les nations du monde entier s’engagent dans une course vers des pratiques commerciales plus respectueuses de l’environnement, la Chine se retrouve à un carrefour où elle doit équilibrer puissance économique et responsabilité environnementale. C’est un époque où des décisions audacieuses seront cruciales pour sa résilience et sa durabilité futures.
Korotoumou Sylla