Les Illuminati contrôlent-ils la planète ?

Date:

C’est LE complot qui permet de mettre en cohérence tous les autres, de l’assassinat de Kennedy au 11 Septembre, en passant par la Révolution française et les extra-terrestres de Roswell. Les Illuminati, mystérieuse société secrète, agiraient dans l’ombre pour prendre le contrôle de la planète – c’est peut-être déjà le cas – afin d’instaurer un « Nouvel ordre mondial ».

SUR LE MÊME SUJET
Qui sont-ils ? L’élite de la franc-maçonnerie ? Les détenteurs d’un savoir occulte ? Un lobby militaro-financier ? Pour certains, les Illuminati incarnent l’intervention du diable sur terre: ils seraient les alliés de l’Antéchrist. A moins que le nom Illuminati ne désigne un super-lobby tentaculaire, dont l’identité véritable est tenue secrète, et qui tirerait les ficelles dans les coulisses de la politique et de la finance.

Les Illuminati ont vraiment existé…

Nous sommes en Allemagne, au XVIIIe siècle. Alors que la franc-maçonnerie se répand en Europe, une société secrète apparaît en Bavière, fondée en 1776 par Adam Weishaupt, un ancien jésuite : c’est l’Ordre Illuminati.
Les Illuminati de Bavière (« Illuminés », ou « ceux qui savent ») ne sont guère nombreux. Mais ils infiltrent quelques loges franc-maçonnes allemandes. Quels sont leurs buts ? Difficile à dire. Les Illuminati se réclament des Lumières, ils sont matérialistes et anticléricaux.
En 1784, l’électeur de Bavière Charles Théodore de Bavière décide de dissoudre toutes les sociétés secrètes. Considérés comme des criminels, contraints à l’exil, les Illuminati auraient complètement disparu avant 1789.
Mais en est-on bien sûr ? Et ne seraient-ils pas apparus des siècles plus tôt ?

Satan ou Wall Street
L’Ordre Illuminati aurait survécu… comme il le fait depuis des millénaires ! Car le groupe serait détenteur d’un savoir ésotérique qui remonterait aux antiques Sumer et Babylone, il y a 5.000 ans. Leur influence aurait perduré à travers les âges, infiltrant l’Eglise romaine, les Templiers, les Rose-Croix puis les francs-maçons.
A moins que ces racines historiques ne relèvent que d’un folklore, d’un nuage de fumée destiné à cacher leur véritable identité: celle d’une caste dont le but ultime serait la maitrise du monde, détruisant gouvernements et religions pour l’instauration d’un « Nouvel ordre mondial ».
Traversant l’Atlantique, ils se seraient notamment implantés au sein des élites d’un pays neuf: les Etats-Unis.

La preuve par le billet de 1 dollar

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la puissance des Illuminati serait exhibée bien en évidence : sur le billet vert. Le roi dollar incarnerait ainsi l’avènement de leur empire. C’est après l’élection en 1933 du président américain Franklin D. Roosevelt – un franc-maçon – que le billet de 1 dollar adopte son aspect actuel :

– Dans la partie gauche du billet figure une bien étrange pyramide égyptienne, coupée en deux. A la base de cette pyramide est inscrit le nombre MDCCLXXVI, soit 1776. C’est l’année de la fondation des Etats-Unis. Mais aussi celle de l’ordre des Illuminati de Bavière…
– Au sommet, « l’œil irradiant dans toutes les directions » représente « l’œil qui espionne tout ».
– Sous la pyramide, l’expression latine Novus Ordo Seclorum « explique la nature de l’entreprise : la signification serait ‘un Nouvel ordre social’ ou une ‘nouvelle donne’ », soit un « New Deal ». Annuit Coeptis signifierait: « Notre entreprise [la conspiration] a été couronnée de succès ». (source: « Pawns in the Game », Des Espions sur l’échiquier, William Guy carr, 1958).
Et de nombreux autres codes seraient cachés dans le billet vert.

Sauf que… le dessin ornant le billet de 1 dollar est le même que sur le Grand sceaux des Etats-Unis, utilisé dès 1782, soit six ans seulement après la création des Illuminati de Bavière. Et Novus Ordo Seclorum ne se traduit pas par « nouvel ordre mondial » mais par « nouvel ordre pour les siècles », une expression qu’il faut entendre en gardant à l’esprit les valeurs de la Déclaration d’indépendance. Annuit Coeptis (qu’on traduit par quelque chose ou qu’un « approuve ce qui est
commencé ») place l’Amérique -la nouvelle « Terre promise »- sous la protection de Dieu.

Le propre des symboles est de laisser une large place à l’interprétation. En cherchant bien, on découvre ainsi que les différents billets américains auraient annoncé les attentats du 11 Septembre.

L’essayiste Edward Griffin affirme pour sa part que la Banque fédérale américaine (la Fed) a été fondée par un cartel de banques privées contrôlées par les plus puissants milliardaires, et qu’elle sert donc leurs intérêts particuliers. Des milliardaires qui, bien sûr, feraient partie des Illuminati. A la vérité, la Fed est fondée sur l’articulation de banques régionales. Ses gouverneurs sont nommés par le président américain, après confirmation devant le Sénat.

Skull and Bones, la face visible des Illuminati ?

Derrière les dollars, il y a les hommes, et les arguments conspirationnistes deviennent plus inquiétants. Quel est par exemple le point commun entre George W. Bush le républicain et son ancien adversaire démocrate John Kerry ? Ils sont tous les deux membres de Skull and Bones (littéralement: « le crâne et les os »), une société secrète de l’université de Yale. Fondée en 1830, cette confrérie étend son influence notamment à la CIA, au département de la Défense et au département d’Etat. Réseau d’entraide pour booster une carrière? Ou bien pacte unissant les familles les plus puissantes de l’establishment ? Des auteurs conspirationnistes affirment que les Skull and Bones dirigent en sous main le Council on Foreign Relations (CFR, Conseil des relations étrangères), dont les 4.300 membres à vie influencent eux-mêmes la politique étrangère des Etats-Unis.

L’avertissement d’Eisenhower

Le complot a aussi ses adversaires. Le 17 janvier 1961, le président Eisenhower, au moment de quitter le pouvoir, prononça un discours mettant en garde le pays contre le pouvoir du lobby militaro-industriel :
‘ »Nous devons nous méfier d’une influence non justifiée, qu’elle soit voulue ou non, par le complexe militaro-industriel. Le risque d’un accroissement funeste des abus de pouvoir existe et persistera. Ne laissons jamais le poids de ce complexe mettre en danger nos libertés ou notre démocratie. »
Pour les conspirationnistes, les inquiétudes d’Eisenhower annoncent l’assassinat du président Kennedy, deux années plus tard.

Le « Nouvel ordre mondial » s’installe

6 mars 1991. La Guerre froide est finie. « Nous avons face à nous l’opportunité de fonder pour nous et les générations futures, un nouvel ordre mondial un monde fondé sur le règle de la loi », déclare George Bush père.

Bush fait-il référence au « Nouvel ordre mondial » des Illuminati ? Veut-il, au nom des droits de l’Homme, étendre au monde entier la domination des Etats-Unis – et de ceux qui contrôlent le pays ? Depuis la fin de la Guerre froide, la mondialisation de l’économie et la multiplication des institutions internationales alimentent les théories du complot. De la Banque mondiale à l’OMC, des Nations unies à l’Union européenne, des instances jugés non démocratiques seraient à l’œuvre pour abattre la souveraineté des nations et concentrer les pouvoirs dans les mains d’un petit nombre.
Car outre Skull and Bones, plusieurs groupes, dont l’existence est avérée, alimentent les soupçons de complot:

– Le groupe Bilderberg rassemble chaque année, depuis 1954, 130 personnalités du monde des affaires, des médias et de la politique. Ce qui est dit lors de ces réunions reste confidentiel. Et les médias en parlent très peu.
– La Commission trilatérale, fondée en 1973, fonctionne sur le même principe de confidentialité et recrute au sein de la Triade (Etats-Unis, Union européenne, Japon). Ce club fait l’objet de controverses. Il est accusé d’orienter l’économie du monde.

La guerre en Irak enfin, est présentée comme une preuve de l’existence d’un complot. L’administration Bush et les services américains de renseignements ont prétendu que le régime de Saddam Hussein était lié à Al Qaïda et qu’il détenait des armes de destruction massive. Si le président des Etats-Unis a menti cette fois-ci, pourquoi ne l’aurait-il pas fait à d’autres occasions ?
Dès lors, la surveillance sur internet, la vidéosurveillance dans la rue, les passeports biométriques, les recherches sur le génome, les nanotechnologies… seraient autant de moyens pour les Illuminati de parvenir à un contrôle sans cesse plus étroit sur la population, dont les médias seraient les complices.

Un besoin de « réenchantement du monde »

Des indices, des indices soigneusement choisis… mais pas de preuve (on trouve bien sur le web une interview du président des Illuminati de France, Raoul V., mais c’est un canular). Alors au final, faut-il croire aux Illuminati ? Car il s’agit bien ici de croyance, au sens où aucune démonstration rigoureuse ne permet de valider l’hypothèse.
Et pour cause. « Il est difficile d’attraper un chat noir dans une pièce sombre… surtout lorsqu’il n’y est pas », souligne le philosophe et politologue Pierre-André Taguieff, citant un proverbe chinois. « Celui qui ne veut pas entendre n’entend pas. Au contraire, il intègre les objections à sa théorie », poursuit le chercheur au CNRS, interrogé par nouvelobs.com, « les théories du complot sont imperméables à une argumentation, elles relèvent du dogme ».

Les théories du complot répondent selon Pierre-André Taguieff à un besoin de « réenchantement du monde ». Il s’agit de trouver un sens caché à ce qui n’en a pas forcément. D’où un succès incroyable au cinéma, en littérature, en BD…
« Les récits complotistes s’adaptent au contexte politique, militaire, économique ou culturel. Cette accommodation à l’événement étant une condition de leur vraisemblance, donc de leur efficacité symbolique », poursuit le chercheur. Ainsi, les acteurs de ces récits complotistes auront successivement été les francs-maçons, les juifs ou les sionnistes, l’Eglise catholique ou l’Opus Dei, les bolchéviques, les « 200 familles »… C’est dans la seconde moitié du XXe siècle que les Etats-Unis deviennent la nouvelle menace. « Dans les théories du complot, il faut poser une fois pour toute que l’Amérique a toujours tort et qu’elle a toujours de mauvaises intentions », écrit la politologue Nicole Bacharan.

Internet permet de diffuser largement les théories du complot, et chacun fait son marché. « En mêlant le vrai et le faux, le possible et le réel, le vraisemblable et le certain, Internet contribue puissamment à la légitimation et à la banalisation culturelles des croyances complotistes », estime Pierre-André Taguieff. « Il est bon de douter, à condition d’être capable de douter aussi de ses doutes ».

Source: Transcrit par Daouda Bakary KOné

croissanceafrik@gmail.com

croissanceafrik
croissanceafrikhttps://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager:

Populaires

Lire aussi
RELATIFS

Nigeria: 25 millions d’euros destinés à la construction d’une usine d’aliments pour poissons et volaille

(CROISSANCE AFRIQUE)-Au Nigeria, Oluseyi Makinde, gouverneur de l’État d’Oyo,...

Afreximbank domine les Bonds, Loans & ESG Capital Markets Awards 2024

(CROISSANCE AFRIQUE)-La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a balayé la...

L’Afrique avec l’exode de ses 18 700 millionnaires: Une tendance alarmante et inquiétante

(CROISSANCE AFRIQUE)- En Afrique, une tendance alarmante a...

Redéfinir l’avenir du secteur minier en Guinée: Vers une transformation de la bauxite (Analyses)

(CROISSANCE AFRIQUE)-La Guinée se distingue sur la scène internationale...