Mali: Pour relever le défi de la lutte contre le changement climatique, Mme Zenebou Aw, femme leader se bat pour la mobilisation des ressources financières

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Elle veut soutenir la résilience des communautés vulnérables face aux effets du changement climatique. Dans le premier numéro de cette page dédiée à la Femme, nous sommes allés à la rencontre d’une femme, jusqu’ici méconnue du grand public. Il s’agit de Mme Zenebou Aw qui se bat au quotidien pour l’accès direct du Mali au Fonds Vert pour le climat à travers l’accréditation de l’Agence Nationale d’Investissement des Collectivités Territoriales (ANICT). Elle nous a accordé un entretien dont nous vous livrons le contenu dans lequel elle révèle ses motivations, atouts et engagements à aider notre pays à faire face aux impacts du changement climatique.


Les Échos : Présentez-vous à nos chers lecteurs ?


Mme Zenebou Aw : Je me nomme Mme Zenebou Aw, j’ai 37 ans, diplômée de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Bamako (FAST) en 2006 en Biochimie et Microbiologie, je suis également détentrice d’un master en Sciences de l’Environnement obtenu à l’Université de Genève en 2010.


Je suis actuellement conseillère climat, consultante, au compte d’une ONG internationale, la Near East Foundation et mise à la disposition de l’ANICT dans le cadre d’un partenariat entre les deux structures pour appuyer l’agence dans son processus d’accréditation au Fonds Vert pour le Climat. 


Les Échos : Comment êtes-vous venue dans ce combat contre le changement climatique ?


Z.A: Une spécialisation en gouvernance environnementale m’a permis de comprendre le défi climatique sous plusieurs angles et des formations continues en Développement Durable et Gestion de projet ont été un atout pour moi.
Lorsque je suis rentrée au Mali en 2014, j’ai travaillé comme bénévole puis assistante de programmes dans quelques structures et ONG s’occupant des questions environnementales et changement climatique. De file en aiguille, j’ai été promue en 2015 au poste de chargé de mission au Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable pendant près d’1 an. J’ai eu la chance d’avoir de bon chefs et j’ai beaucoup appris de l’administration malienne. J’ai été reconduite pour le même poste en 2016 au Ministère de la Décentralisation. Je m’intéressais à tous les dossiers et là également, j’ai beaucoup appris de la décentralisation et je représentais le département à tous les niveaux. Aussi, je m’occupais spécifiquement des dossiers sur l’environnement, le changement climatique, et parfois du genre également.


Les Échos : Vous nourrissez l’ambition d’accréditer le Mali pour le Fonds Vert pour le Climat, d’où est venue cette idée ?


Z.A: en 2016, lorsque j’étais encore au Ministère de la Décentralisation, l’ONG Near East Foundation a approché ledit Ministère pour voir comment faire accéder directement nos structures nationales au Fonds Vert pour le Climat. C’est ainsi que l’ANICT a été proposée et le dossier m’a été confié. Je pense avoir mené à bien le dossier, comme résultat, l’ANICT a été nominée pour être candidate à l’accréditation au Fonds Vert.
En commun accord entre le Ministère et l’ONG en question, la décision a été prise de créer le poste de conseiller au changement climatique au sein de l’ANICT et j’ai démontré mon intérêt pour ledit poste. J’ai donc quitté mon poste de chargé de mission pour occuper ce nouveau poste afin de suivre le dossier d’accréditation.


Les Échos : Pourquoi démissionner du poste de chargé de mission d’un ministère au profit de celui de conseillère d’une Agence ?


Z.A: J’ai délibérément démissionné parce que j’avais compris depuis le début les enjeux de ce nouveau challenge. Il avait également un intérêt particulier pour moi, du point de vue personnel, car il cadrait avec mes combats et ambitions à contribuer à l’amélioration des conditions de vie de mes concitoyens particulièrement celles des plus vulnérables. Ce combat a débuté dès mon jeune âge à travers le parlement des enfants, des associations, des clubs…


Les Échos : Le projet d’accréditation de l’ANICT est à quel stade ? Que reste-t-il à faire ?


Z.A: L’Agence de l’Environnement et du Développement Durable (AEDD), qui dépend du Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable et qui est l’Autorité Nationale Désignée du Fonds Vert au Mali est la structure qui donne des lettres de nomination pour que les structures puissent se porter candidates à l’accréditation. Nous avons obtenu ladite lettre qui a été par la suite déposée au secrétariat du Fonds en Corée du sud et approuvée. Ce qui consacre la fin de la phase administrative. La phase de préparation du dossier d’accréditation a ensuite débuté avec une évaluation institutionnelle passant en revue toutes les procédures de l’ANICT. Un bilan de ses forces et faiblesses a été dressé et une feuille de route pour la prise en charge des insuffisances a été élaborée.
Aujourd’hui, nous avons élaboré tous les documents qui manquaient à l’Agence et le dossier de candidature finalisé a été envoyé au secrétariat du Fonds le 10 décembre 2018 lors de la COP24 en Pologne. En février dernier, le Fonds nous a répondu avec des questions auxquelles nous avons soigneusement répondu. Nous avons donc fini également la phase de préparation et de soumission. Je peux dire que ma mission est presque accomplie, il reste le suivi.


Les Echos : Quand est-ce que l’agence sera accréditée ?


Z.A : cela dépend des procédures de traitement de dossiers au niveau du Fonds. J’espère que ce sera le cas très prochainement.

Les Echos : En dehors de ce projet qui vous tient à cœur, qu’envisagez-vous pour le Mali ?


Z. A : Etre malienne pour moi aujourd’hui est une fierté car malgré la situation je poursuis mon combat, celui de mobilisation des ressources pour le financement des projets/programmes pour soutenir la résilience des communautés face au changement climatique.
Ce que je peux faire pour le Mali ? déjà à travers mon apparence multiethnique, je fais passer le message d’un Mali comme étant en effet un peuple un et indivisible dans sa diversités, diversité qui constitue un atout pour moi car je peux me fondre facilement dans la masse.
Par ailleurs, pour une femme qui a eu la chance de faire des études et atteindre ce niveau, c’est un devoir pour moi de renvoyer l’ascenseur à ce cher pays qui m’a offert cette chance. Je remercie le Mali, j’ai bénéficié d’une excellente formation, je suis le fruit du système malien et aujourd’hui, je travaille avec n’importe quel cadre de n’importe quel pays et je n’ai pas de complexe. Si j’ai la chance d’accéder à des niveaux de responsabilité, je compte servir activement mon pays dans mon domaine de compétence.
Mon expérience d’avoir travaillé avec l’ANICT pendant 3 ans, comme conseillère climat m’a permis également de mieux comprendre le fonctionnement du système financier décentralisé. Toutes ces expériences accumulées me procurent un avantage sur les enjeux climatiques actuels. En effet, aujourd’hui, le monde entier a compris que l’échelon locale est la meilleure cible pour relever le défi de l’adaptation et les négociations sur le climat au niveau international tournent autour de cette question de « comment drainer les flux financiers pour le financement de l’adaptation jusqu’au niveau des communautés de base qui s’avèrent être les plus vulnérables ». Le Mali étant déjà un modèle en matière de décentralisation, toutes les dispositions sont donc en place pour réussir une décentralisation des fonds climatiques.
Je nourrie le rêve de participer un jour à la mise en place d’un vaste programme national sur l’adaptation pour renforcer la résilience au changement climatique des communautés locales couvrant l’ensemble du territoire.
Je nourris beaucoup d’autres projets notamment avoir un pied à l’Université pour transmettre mon savoir et pour promouvoir la recherche-action pour le développement. Mener des actions diverses pour un développement durable à travers mon association « Femme et Développement en Afrique » est également une opportunité de servir mon pays. J’ai donc plusieurs projets pour mon cher pays et je prie pour avoir les moyens de mes ambitions insh’Allah.
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Les Echos : Comment voyez-vous la participation de la femme dans le développement de notre pays ?


Z.A : La participation de la femme dans le développement est cruciale car elle a beaucoup de potentialité. Une femme à un atout incroyable car elle peut être à la fois un bon cadre d’un service, une bonne mère pour ses enfants, une épouse bienveillante et une fille attentionnée pour ses parents. Toutes les activités qui demandent la confiance, l’assiduité sont généralement confiées aux femmes. Son rôle est donc d’une valeur inestimable si elle est engagée et si elle est consciente de ses atouts et valeurs.


Les échos : Vous avez un appel à lancer ?


Z.A : Vu la situation socio-sécuritaire de notre pays, moi en tant que femme leader, l’appel que j’ai à lancer va à l’endroit de toutes les femmes, mes mamans, mes tantes mes sœurs, leur dire de jouer leur rôle, « car aujourd’hui si chaque femme se lève dans chaque foyer et sème la graine de la paix, il n’y aura plus de guerre au Mali, il n’y aura plus de conflits intercommunautaires », je souhaite que les femmes soient là comme ,la clé du bonheur de cette patrie à laquelle on tient tous.
Réalisée par Maffenin DIARRA

Sources: Les Echos

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croissanceafrikhttps://croissanceafrique.com
Croissance Afrique (sarl) est un Média multi-support qui propose plusieurs rubriques axées sur l’actualité économique du continent. Le magazine est un journal (en ligne) qui traite spécialement les informations financières dédiées à l’Afrique. Il est également le premier média malien spécialisé dans la production d’Informations Économiques, financières, Stratégiques, et orienté vers le reste du monde. Le Magazine a été fondé en Novembre 2017 à Bamako.

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