(CROISSANCE AFRIQUE)-Suite à la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines de 2024, l’Afrique de l’Ouest se prépare à faire face aux implications de son programme économique.
Par Daouda Bakary KONE
Son retour à la Maison-Blanche et les politiques qu’il a annoncées pendant sa campagne, notamment en matière de dérégulation, de tarifs douaniers, de réductions d’impôts et de position sur la guerre Russie-Ukraine, auront des répercussions significatives sur les économies ouest-africaines.
L’AGOA, qui arrive à expiration en 2025, représente un enjeu stratégique majeur pour la région. La reconduction de cet accord sous l’administration Trump pourrait être utilisée comme un levier géopolitique. Cette éligibilité dépendra probablement des relations des pays avec la Chine et la Russie, créant ainsi une pression diplomatique significative. Le durcissement des tarifs douaniers sur les produits chinois risque également d’entraîner une redirection des exportations vers les marchés émergents, fragilisant ainsi les industries locales naissantes.
Des pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Nigeria bénéficient actuellement de l’AGOA. Le Nigeria, en particulier, se classe parmi les principaux bénéficiaires grâce à ses exportations de pétrole et de produits manufacturés. Si l’administration Trump adopte une position stricte sur l’AGOA, cela pourrait nuire à l’économie de ces pays. Les critères d’éligibilité, influencés par des relations internationales, pourraient limiter l’accès aux marchés américains.
L’impact sur le secteur énergétique sera contrasté. La promesse d’un « âge d’or pour le pétrole » pourrait stimuler le Nigeria, premier producteur pétrolier de la région. Cependant, une baisse des prix mondiaux du pétrole affecterait ses recettes d’exportation. D’autres pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, qui investissent dans des projets gaziers et pétroliers, pourraient également subir des impacts éventuels.
La dérégulation financière aux États-Unis pourrait affecter les flux d’investissements vers l’Afrique de l’Ouest. Des projets d’infrastructure, cruciaux pour le développement, pourraient connaître une concurrence accrue pour attirer les investissements. Les monnaies des pays hors zone UEMOA, comme le Naira et le Cedi, pourraient subir une volatilité accrue face au dollar. Toutefois, la stabilité monétaire de la zone UEMOA pourrait offrir une certaine protection contre cette volatilité.
La position de Trump sur le conflit russo-ukrainien pourrait affecter la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest. Une stabilisation des prix des denrées alimentaires pourrait réduire la facture alimentaire du Nigeria. Des levées de restrictions commerciales des pays exportateurs pourraient également stabiliser les prix du riz, particulièrement important pour la région. Cela contribuerait à soulager les pressions inflationnistes, surtout au Nigeria et au Ghana.
Le retour de Trump suscite des inquiétudes concernant le financement des initiatives climatiques en Afrique de l’Ouest. La région, vulnérable aux changements climatiques, pourrait souffrir d’un désengagement américain similaire à celui de son premier mandat. Les pays comme le Mali et le Burkina Faso, confrontés à des sécheresses récurrentes, nécessiteront une réponse adaptée. Les défis climatiques nécessiteront une action coordonnée pour renforcer la résilience à long terme de la région.
Pour faire face à ces défis, les pays ouest-africains devront redoubler d’efforts pour diversifier leurs partenariats et renforcer l’intégration économique. Adopter des politiques visant à stabiliser leurs économies et à attirer des investissements sera crucial. Une coopération régionale pourrait également améliorer la résilience contre les chocs économiques externes. La capacité d’adaptabilité sera un élément clé pour naviguer dans cette nouvelle dynamique économique.
Face au retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, l’Afrique de l’Ouest devra naviguer dans un nouveau contexte économique et géopolitique. L’équilibre entre opportunités et défis sera déterminant pour le futur économique de la région. La solidité des institutions et des politiques économiques sera essentielle pour maintenir une croissance durable.
Rédaction